En politique, comme en économie, il faut être un fin stratège. Mezouar et Benkirane ne le savent que trop bien. Aux dernières nouvelles, les tractations vont bon train, en attendant l'annonce des réformes constitutionnelles. On parle déjà d'une éventuelle alliance entre le PJD et le RNI, un tandem de choc. Tout le monde sait que le RNI n'hésitait pas à fustiger le PJD jusqu'ici, affichant plutôt des affinités avec le PAM. Mais ne dit-on pas qu'en politique, seuls les intérêts sont immuables? Ainsi, Benkirane aurait fait une offre «irrésistible» à Mezouar. Il lui aurait proposé qu'en cas de victoire du PJD, lors des élections anticipées, la formation de Benkirane se désisterait de son droit à la Primature en faveur de Mezouar. Une alliance win-win, qui risque de prendre de court tous les autres partis. Comment le PJD pourrait-il céder une telle opportunité d'être propulsé à la tête du gouvernement ? Benkirane n'est pas naïf à ce point, car il sait pertinemment que l'Etat a toujours des doutes sur le fond de la pensée de nos islamistes, malgré les signaux royalistes envoyés par le parti. Pourquoi, dans ce cas, le RNI et non pas l'Istiqlal ou l'USFP ? Sûrement parce que ces formations peuvent prétendre à la Primature sans nul besoin d'une alliance avec le PJD. Quant au RNI, certes ses chances de remporter les élections sont minimes, mais force est de constater que depuis une vingtaine d'années, cette formation se classe systématiquement parmi les quatre premiers partis du pays. Et souvent, c'était une clé incontournable pour la formation des gouvernements successifs. Aujourd'hui, le véritable défi de Mezouar, c'est d'arriver à l'échéance électorale, avec une équipe soudée et solidaire. Ce deal Benkirane-Mezouar est-il réalisable ? Enfreindra-t-il les dispositions de la nouvelle Constitution ? Une chose est sûre à ce stade, la machine électorale est lancée et tous les coups sont permis.