À voir les projets culturels et artistiques qui seront prochainement installés à Casablanca, tout porte à penser que l'industrie culturelle est en train d'y gagner du terrain. Outre les différents événements qui animent la scène artistique de la cité blanche, notamment le festival de Casablanca et le projet du grand théâtre qui sera finalisé en 2016, la capitale économique peut se targuer d'abriter la première foire internationale d'art contemporain de l'Afrique et de la Méditerranée ainsi que le premier forum des industries culturelles. Baptisée «Casablanca Artweek», cette manifestation, prévue du 16 au 20 novembre prochain, est mise en place par la Fondation espagnole «Temas de Arte» avec le soutien notamment des ministères de la Culture du Maroc et de l'Espagne, des ambassades respectives des deux pays, de l'Institut Cervantès de Casablanca, de l'Institut des Beaux-Arts de Tétouan et de l'école espagnole Cuatrecacas Gonçalves Pereira. Un aréopage d'institutions qui montre l'importance de l'événement.«Le choix de Casablanca n'est pas fortuit. C'est une ville très proche de l'Europe qui est en train de vivre un développement économique et culturel sans précédent», nous explique le président de la Fondation «Temas de Arte», Victor del Campo. Lors de cet événement, pour lequel un budget global de 1,2 million d'euros a été prévu, les galeries les plus prestigieuses d'Afrique et de la Méditerranée seront présentes. «Artweek qui sera organisé annuellement à Casablanca et à Barcelone répond en effet à une demande internationale et au besoin d'un espace où se retrouvent professionnels, collectionneurs, galeries et musées qui s'intéressent à l'œuvre des créateurs de ces régions», ajoute del Campo. Un concours sera donc bientôt lancé afin de sélectionner les galeries qui prendront part à cette grand-messe d'art contemporain. Au-delà de l'aspect artistique d'Artweek, dont le chef de projet n'est autre que l'artiste peintre Ahmed Jarid, l'objectif est surtout d'acquérir une notoriété vis-à-vis des plus grandes plateformes de commercialisation et de diffusion de l'art, spécialement d'Europe centrale, des marchés anglo-saxons et du Moyen-Orient. Tous pour une vraie industrie culturelle ! Ce sont d'ailleurs les raisons qui ont encouragé Victor del Campo et ses partenaires à la mise en place d'un forum pour la promotion et le développement des industries culturelles en Afrique et en Méditerranée. Ce forum, qui aura lieu les 17 et 18 novembre, constitue l'une des pierres angulaires de la construction de cet espace d'échange. Collectionneurs, galeristes, conservateurs de musées, artistes... débattront des moyens nécessaires à la diffusion et la promotion de l'œuvre des professionnels, entreprises et agents culturels de l'Afrique et de la frange méditerranéenne. Les tables rondes et les rencontres prévues lors de ce forum se présentent comme une réelle occasion pour ouvrir le dialogue sur la création et la production d'industries culturelles dans cette région. «Je pense que c'est important aujourd'hui de montrer que cette partie de la terre qui a enfanté des artistes comme Picasso ou Dali est toujours capable d'offrir au monde un art contemporain original», ajoute Victor del Campo. Toutefois, peut-on parler aujourd'hui d'industrie culturelle au Maroc en l'absence d'une vraie stratégie nationale ? Del Campo répond très vite : «Bien sûr que oui. Les festivals organisés au Maroc tout au long de l'année créent des postes d'emploi, drainent des touristes et boostent l'économie locale. L'Etat doit donc commencer à se comporter avec la culture sous cet angle économique», souligne le président de «Temas de Arte», qui a annoncé la mise en place à partir de l'année prochaine d'un master en industrie culturelle à l'université de Tétouan. En tout cas, Artweek ambitionne de mettre la lumière sur tant de questions liées au sujet. Mieux, cet événement majeur contribuera à faire de Casablanca une référence dans le domaine de l'art comme le sont Bâle, Paris, Munich, Londres, Dubaï, Madrid, New York et Miami