Faire chauffer l'audience. Nos radios cherchent toujours la recette miracle. Certaines stations en font même une obsession quitte à transgresser les règles éthiques et contourner les obligations inscrites dans leurs cahiers des charges. Du coup, les dérapages sur nos ondes se multiplient et ne se ressemblent pas. Non-respect du pluralisme politique et des opinions, non-maîtrise de l'antenne, publicité déguisée... la liste des infractions commises à l'antenne est longue. Forts de ce constat, les sages de la HACA passent à la vitesse supérieure pour calmer le jeu. D'autant que les cartons jaunes distribués par le régulateur n'ont apparemment pas un grand effet. Les sanctions prises la semaine dernière par le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle à l'encontre de deux stations privées témoignent de cette montée en puissance des dérapages. Quand un enfant victime de viol s'exprime à l'antenne ! Après Radio Mars (voir notre édition datée du 4 juin), c'est Radio Plus émettant dans les régions de Marrakech et d'Agadir qui se voit infliger une suspension de son émission «Bissaraha» pour une semaine. Motif : la station a enfreint des dispositions légales prévues dans la loi relative à la communication audiovisuelle et dans le cahier des charges relatives à la protection des enfants et des adolescents et à la couverture des procédures judiciaires. La HACA reproche à la station le traitement réservé au thème de l'abus sexuel sur les enfants et d'un meurtre commis aux environs de la ville de Taroudant dans le cadre du programme « Bissaraha ». Pour le premier cas, la radio n'a pas respecté l'état psychique délicat de l'enfant dont le témoignage a été recueilli. Mettant ainsi en danger sa santé psychique. Concernant la seconde affaire, le régulateur a épinglé la station pour le non-respect de la présomption d'innocence et de l'identité des personnes concernées par la procédure judiciaire. Sans oublier le fait de ne pas permettre à ces personnes ou à leurs représentants d'exprimer leurs points de vue. À côté de la suspension de l'émission, Radio Plus devra payer une amende de l'ordre de 30.000 DH. Interrogé, le management de Radio Plus ne semble pas déstabilisé par cette sanction. D'ailleurs, il ne compte pas remettre en cause la décision des sages de la HACA. On cherche surtout à en tirer des leçons et éviter ce genre de dérives à l'avenir.