À l'instar d'autres espaces méditerranéens, la Cisjordanie dispose d'un tissu de production énergétique complexe, composé d'une structure collective (la Compagnie électrique palestinienne, créée en 1999 avec 33% de parts publiques et 67% de parts privées) et de générateurs locaux.Dans un tel contexte, l'efficacité énergétique, tant en terme de continuité de la production, de coûts et d'impact sur l'environnement, est rarement optimale, limitant par extension les possibilités de développement du territoire. De plus, comme l'expliquait en mai 2007 l'ingénieur Emad Khader lors de la conférence MED-ENEC sur les opportunités commerciales des énergies renouvelables dans la construction, les capacités de production palestiniennes demeurent passablement insuffisantes et nécessitent l'importation d'électricité d'Israël et de Jordanie, maintenant ainsi le territoire dans un état de dépendance énergétique régionale.Le projet pilote MED-ENEC mis en place à Al Bireh a eu pour but l'exploration de nouvelles méthodes pouvant servir à une optimisation de la production d'énergie au niveau local. Si l'énergie solaire est déjà largement utilisée, notamment à près de 70% pour les chauffe-eau, c'est la géothermie, ou utilisation des différences thermiques entre la surface du sol et le sous-sol, qui a été ici mise en valeur. Participation maximale du secteur privé Ce projet a été initié par l'Autorité palestinienne à l'énergie, structure publique compétente en ce domaine. L'objectif, d'après Zafer Milhem, du Conseil de régulation de l'électricité palestinienne, était triple : «surpasser la pénurie des ressources énergétiques et les coûts importants de l'énergie en Palestine, promouvoir tout type d'énergie renouvelable dans le secteur de la construction et étendre ce projet à d'autres développeurs, afin de garantir la pénétration d'une telle technologie sur le marché de la construction». Mais l'Autorité palestinienne s'est surtout voulu un catalyseur, garantissant au secteur privé la mise en œuvre du projet. L'idée était de se limiter à «contrôler et évaluer les progrès, puis de diffuser la technologie et le savoir-faire aux contractants et consultants du secteur de la construction».Le développement du secteur privé ne peut en effet qu'être bénéfique pour le consommateur palestinien qui paye, selon Khaled Sabawi, de l'Union de la construction et de l'investissement (UCI, opérateur du projet), 14 cents/kWh et 1,30 US$ le litre de fioul, des prix «parmi les plus hauts de l'Afrique du Nord et Moyen-Orient». Ce projet MED-ENEC a donc clairement eu une perspective d'expansion du marché en créant «un projet reproductible qui puisse servir de modèle pour le chauffage et la climatisation géothermiques en Palestine». Le travail de l'équipe MED-ENEC est d'ailleurs salué par Sabawi, pour qui elle a effectué «un excellent travail en réunissant des acteurs publics et privés, démontrant ainsi son professionnalisme, sa force de travail, et son application dans notre but commun de faire de la Palestine un lieu d'efficacité énergétique et de durabilité». La technologie la plus efficace et la plus écologique Dépendance importante, prix élevés, la Cisjordanie souffre aussi d'une demande en énergie en constante augmentation, vu que le taux de croissance de la population y atteint près de 3% par an. Or, sur un territoire à la géopolitique complexe, la production d'énergie est plus aisée au niveau local, surtout qu'environ 60% de cette énergie est utilisée à des fins de chauffage et de climatisation. La géothermie s'est donc révélée particulièrement intéressante. Selon Sabawi, «rien ne vaut cette technique pour réduire les coûts énergétiques de chauffage et de climatisation d'un bâtiment». Et cela ne va pas à l'encontre de l'énergie photovoltaïque, puisque celle-ci est essentiellement utilisée pour le chauffage de l'eau. Les deux formes d'énergie verte ne sont donc pas concurrentes, mais complémentaires. Un immense élan Associée à différents aménagements d'optimisation énergétique (isolation, étanchéité), la géothermie a permis une économie d'énergie de 25%, avec une réduction de 60% des coûts de fonctionnement. De plus, seuls six ans sont nécessaires pour amortir l'investissement. Khaled Sabawi ne tempère pas son enthousiasme devant cette réussite : «Le succès du projet a créé un immense élan. Il a mené au développement d'une nouvelle entreprise nommée MENA Geothermal, dédiée au développement de la technologique géothermique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord». L'impact du projet s'est immédiatement fait sentir, avec l'équipement par MENA Geothermal du siège de l'UCI, puis celui de quatre autres sites à Ramallah. L'entreprise a par ailleurs récemment signé un accord de subvention avec l'Agence américaine de commerce et de développement pour l'équipement géothermique d'un nouveau complexe résidentiel d'envergure (34 bâtiments, 522 appartements, 60.000 m2 au sol), dans la banlieue de Ramallah.