Rabat, Tanger et Casablanca se démarquent en ce début d'année. Les prix de vente se maintiennent à leur niveau, à quelque exceptions près. Toujours pas de redressement à Marrakech. Le marché immobilier commence à sortir la tête de l'eau. Hormis le logement social qui continue d'afficher une bonne santé dans les zones non frappées par une surproduction, les transactions portant sur des logements neufs de moyen et de haut standing reprennent petit à petit avec des prix qui se maintiennent à leur niveau d'il y a un an, quoique de légères baisses sont concédées par certains promoteurs soucieux de liquider leurs projets. Il est clair que cette tendance ne se dessine pas sur tout le pays, car certaines villes, notamment touristiques, souffrent toujours d'un ralentissement. Toutefois, les agents immobiliers et les promoteurs contactés constatent globalement un léger mieux pour cette nouvelle année. Cela serait lié notamment à «la disparition progressive des promoteurs spéculateurs et non professionnels qui ternissaient l'image du secteur en pratiquant des prix exorbitants et inadéquats par rapport à la qualité proposée», fait savoir un promoteur. D'un autre côté, le crédit immobilier aux acquéreurs se porte plutôt bien en ce début d'année, avec un encours à fin janvier de 170,5 milliards de DH, en progression de 6,2% par rapport à la même période de l'année précédente. «Il est encore tôt pour parler d'une reprise vigoureuse de la demande. Mais l'on remarque déjà que nombreux acquéreurs potentiels, hésitants auparavant, passent de plus en plus à l'acte», ajoute notre source. Face à cela, les crédits aux promoteurs immobiliers poursuivent leur recul, conséquence d'une offre surabondante et inadaptée dans certaines régions et des difficultés financières que rencontrent certains opérateurs. L'encours de ces prêts s'est établi à 65 milliards de DH à fin janvier, en repli de 3,8% sur un an. A côté, les mises en chantier s'inscrivent également en baisse de 8% en 2014 pour atteindre 177300 unités, sachant qu'elles se sont contractées de 24% en 2013 et de 15% en 2012. Le rythme de lancement de nouveaux projets immobiliers ralentit, comme on le voit, le temps d'écouler les stocks. Il est à rappeler que les promoteurs de taille à l'instar d'Addoha et Alliances ont mis en place une stratégie visant justement la réduction du stock existant. En tout cas, comme précisé avant, le marché évolue différemment selon les villes. A Rabat, par exemple, «les décisions d'achat commencent à se concrétiser depuis quelques semaines déjà», assure Adil Rahmoune, DG de l'agence immobilière Immoclair Service. Il faut dire que le marché rbati s'est montré dynamique depuis un certain temps ; les demandes de visite des logements ayant enregistré un saut depuis la fin de l'année dernière. Cette tendance est initiée par plusieurs clients qui se sont mis à l'évidence que les prix ne pourraient baisser davantage et que si la baisse est possible, elle ne pourrait être obtenue que lors des négociations, au moment de concrétiser l'opération. D'ailleurs, la plupart des biens commercialisés depuis le début de l'année ont été vendus aux mêmes prix que l'année dernière. Au quartier Hassan, le prix du mètre carré varie toujours de 8 500 à 11 000 DH en fonction de l'emplacement. Au bas-Agdal, les appartements se négocient à partir de 13000 DH et à Hay Riad et au haut-Agdal, les logements sont proposés entre 18 000 et 25 000 DH/m2. La demande à Rabat est soutenue par les clients locaux et dans une moindre mesure par les étrangers, notamment les expatriés qui commencent à se tourner vers l'acquisition plutôt que la location. «Cette orientation devrait se confirmer davantage surtout après la réconciliation diplomatique entre le Maroc et la France», ajoute M. Rahmoune. Quoi qu'il en soit, les professionnels contactés dans la capitale assurent que le marché immobilier a consommé son potentiel baissier et qu'il est temps que les acquéreurs potentiels concrétisent leurs transactions. La situation est similaire à Casablanca. Malgré la baisse du nombre de transactions ces dernières années, les prix se sont globalement stabilisés à leur niveau en raison de la rareté du foncier, et donc sa cherté, de l'augmentation des prix des matériaux de construction et de l'existence d'une demande forte même si elle ne se transforme pas souvent en actes d'achat. «Les prix pratiqués actuellement laissent à peine une marge satisfaisante pour les promoteurs», souligne un opérateur actif dans la métropole. Néanmoins, des remises sont concédées par certains promoteurs endettés ou disposant d'un stock important. Quoi qu'il en soit, les prix démarrent toujours à 10 000 DH le mètre carré à Sidi Maarouf et au centre-ville, à 12 000 DH à Belvédère, à 16 000 DH au 2 Mars et à Bourgogne et à 25 000 DH au Triangle d'or. Compte tenu de ces niveaux de prix, les transactions n'ont que légèrement repris. Pour sa part, la ville du détroit, qui était frappée de plein fouet par la crise il y a tout juste quelques mois, commence à souffler en ce début d'année. «De nombreuses personnes, marocaines et étrangères, en quête d'opportunités de travail plus intéressantes s'installent dans la région, ce qui a redynamisé le marché. En face, la zone est en train d'attirer nombre de promoteurs qui y développent de nouveaux projets», explique un jeune promoteur tangérois. Constatant ce regain d'intérêt pour la région, les banques ont également accompagné le mouvement en rouvrant le robinet du crédit, assurent les professionnels. Cela dit, un agent immobilier tient à préciser que «les transactions effectuées actuellement concernent des biens visités il y a au moins 6 mois. Il ne s'agit donc pas de nouveaux clients». Aussi, ces transactions ont été réalisées à un prix plus ou moins égal à ce qui était appliqué l'année dernière, soit à partir de 15000 DH au centre de Tanger. Quant à Marrakech, elle pâtit toujours de la morosité du secteur. Malgré des prix qui ont fortement baissé ces dernières années, le marché est toujours sur une pente descendante. En cause évidemment, les étrangers, qui généraient plus de 50% des demandes d'acquisition, ont déserté le marché. «Et en l'absence de grands investissements à l'instar de ce qui se passe au nord du pays, il est peu prévisible que le marché se redresse de sitôt», prévoit un agent immobilier. «Cependant, ajoute-t-il, l'amélioration de la situation dans la zone euro pourrait inciter les étrangers à revenir sur le marché. On est dans une phase d'attentisme et la prochaine saison estivale devrait nous renseigner sur le comportement prochain du secteur dans cette ville». Cela dit, les prix tournent toujours autour de 11 000 DH au centre-ville, de 18 000 DH à Guéliz pour pointer à 22 000 à l'avenue Mohammed VI. Dans ce contexte, les professionnels réitèrent leurs recommandations aux acquéreurs potentiels toujours indécis de concrétiser leurs achats, car la situation serait forcément amenée à changer au fur et à mesure que le secteur se redynamise.