Le wali de Bank Al-Maghrib a révélé qu'une task force pilotée par le ministère des Affaires étrangères mènera les discussions avec Bruxelles pour que les transferts de fonds des MRE ne soient pas entravés par la directive européenne relative aux succursales bancaires de pays tiers. «Nous suivons de très près ce dossier, gouvernement et banque centrale», a assuré ce mardi, en conférence de presse, Abdellatif Jouahri, interrogé sur l'épineuse question des restrictions sur les transferts des migrants que l'UE souhaite imposer via un projet de directive. Et la mobilisation est à la hauteur des enjeux : le ministère des Affaires étrangères a mis en place une task force qui comprend notamment le ministère des Finances, Bank Al-Maghrib et les banques marocaines, pour discuter avec l'Union européenne sur ce sujet fondamental pour l'économie marocaine, a révélé le wali. Cette task force se rendra très prochainement à Bruxelles pour rencontrer la commission dédiée, a-t-il fait savoir. Objectif : faire en sorte que la directive européenne relative aux succursales bancaires de pays tiers n'entrave pas les transferts de fonds des MRE. Selon Abdellatif Jouahri, «nous avons déjà reçu des signaux positifs» après les premiers échanges. Il faut encore préciser certains détails avec la Commission, avant que la directive ne passe au Parlement européen. Pour rappel, ce projet de directive prévoit l'interdiction pour les banques étrangères non établies dans l'UE d'offrir des services bancaires du pays d'origine directement à leurs clients résidant dans les pays de l'UE. De quoi porter un coup dur à l'activité des succursales des banques marocaines en Europe et, partant, aux transferts de la diaspora vers le pays d'origine. Au départ, ce texte visait en particulier les banques anglaises suite au Brexit, et le Maroc fait en quelque sorte figure de victime collatérale. Les transferts des MRE constituent une manne financière de la plus grande importance pour l'économie marocaine. Dépassant les 100 milliards de dirhams par an, ces transferts représentent 8% du PIB et aident à financer plus du tiers du déficit commercial. Cette année encore, les transferts des Marocains du monde devraient atteindre un montant record, à près de 115 milliards de dirhams, selon les prévisions actualisées de BAM.