Le Fonds monétaire international (FMI) a légèrement relevé ses prévisions de croissance pour l'économie mondiale en 2023 à 2,9% avant de remonter à 3,1% en 2024, reflétant une «plus forte résilience» dans un contexte qui reste marqué par les risques liés à la guerre en Ukraine et à la maîtrise de l'inflation. Dans ses dernières perspectives de l'économie mondiale publiées ce mardi, le FMI souligne que l'estimation pour 2022 et les prévisions pour 2023 sont toutes deux supérieures d'environ 0,2 % par rapport aux projections annoncées en octobre, reflétant des «surprises positives et une résilience plus forte que prévu dans de nombreuses économies». «Le contexte est moins sombre», a indiqué le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, qui a avancé, lors d'un point de presse, quatre raisons : la résilience surprise de la croissance avec une meilleure adaptation qu'attendue en Europe à la crise énergétique, un recul de l'inflation, la réouverture de la Chine, ainsi qu'une amélioration des conditions économiques à mesure de la baisse de l'inflation accompagnée par une faiblesse du dollar qui a profité aux pays émergents et en développement. «La prévision pour 2023 reste néanmoins en dessous de la moyenne historique (2000-2019) de 3,8 %, précise l'institution internationale, en rappelant que "la lutte mondiale contre l'inflation, la guerre de la Russie en Ukraine et une résurgence du Covid-19 en Chine ont pesé sur l'activité économique mondiale en 2022, et les deux premiers facteurs continueront de peser en 2023». Malgré ces vents contraires, le PIB réel a été «étonnamment fort» au troisième trimestre de 2022 dans de nombreuses économies, dont les Etats-Unis, la Zone euro et les principales économies émergentes et en développement, a indiqué le FMI dans son rapport. Le relèvement des taux directeurs par les banques centrales pour lutter contre l'inflation et la guerre entre la Russie et l'Ukraine «continuent de peser sur l'activité économique». La propagation rapide du Covid-19 en Chine a freiné la croissance en 2022, mais la récente réouverture a ouvert la voie pour une reprise plus rapide que prévu. Sur le front de l'inflation mondiale, le FMI projette qu'elle devrait passer de 8,8 % en 2022 à 6,6 % en 2023 et 4,3 % en 2024, toujours au-dessus des niveaux d'avant la pandémie (2017-2019) d'environ 3,5 %. Le FMI reste optimiste anticipant l'atténuation des risques défavorables depuis ses prévisions en octobre, notamment dans le cas d'une impulsion plus forte de la demande dans de nombreuses économies ou une baisse plus rapide de l'inflation. En revanche, d'autres facteurs pourraient freiner la reprise souhaitée, dont une détérioration des problèmes sanitaires en Chine, une escalade de la guerre en Ukraine ou encore le resserrement des coûts de financement mondiaux susceptible d'aggraver le surendettement. Face à la crise du coût de la vie, la priorité pour la plupart des économies, selon les experts du FMI, est la réalisation d'une «désinflation soutenue». «Avec des conditions monétaires plus strictes et une croissance plus faible affectant potentiellement la stabilité financière et de la dette, il est nécessaire de déployer des outils macro-prudentiels et renforcer les cadres de restructuration de la dette», indique-t-on. Entre autres recommandations pour préserver la reprise, l'institution financière souligne l'importance d'accélérer la vaccination anti-Covid-19 et d'assurer que le soutien fiscal soit mieux ciblé pour bénéficier aux personnes les plus touchées par la hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie. Tout en prévenant à nouveau contre les risques de fragmentation géopolitique en cours, le FMI souligne qu'une coopération plus forte est «essentielle» pour préserver les gains de l'approche fondée sur des règles du système multilatéral.