La valorisation ou la dépréciation d'une personne se joue en quelques instants. Parfois il suffit de se faire mal comprendre, d'avoir une attitude désagréable un jour, pour traîner une mauvaise image. On risque de perdre son identité quand on ne raisonne que par l'image qu'on veut refléter. En entreprise comme dans la vie en général, les sentiments qu'on a à l'égard d'une personne découlent de l'image que dégage cette dernière. Pourtant, cette image peut ne pas refléter sa vraie nature. D'où l'intérêt pour chacun de s'interroger sur le décalage entre le regard que l'on porte sur soi et ce qui est perçu par les autres pour améliorer les relations parce que les conflits interpersonnels sont souvent dus à une question d'image. Rollande Allene, directrice du cabinet Formaction, explique cette notion d'image, et donne quelques pistes permettant de se refaire si l'on est mal jugé. L'image de soi est-elle importante pour un manager ? Je définirais l'image de soi comme l'idée ou la perception que chacun se fait de son identité psychologique et sociale et qui va influer sur son comportement. C'est comment on se voit ; ce que l'on croit être ; ce que l'on croit être capable de faire ; comment on croit que les autres nous voient… Souvent, la valorisation ou la dépréciation d'une personne se joue en quelques instants. Et c'est souvent la première impression qui détermine l'idée que l'on se fait d'une personne. Oui, je dirais qu'elle est importante pour un manager. Quand on monte dans la hiérarchie, l'image sert surtout à bien se faire respecter par les collaborateurs. Certains managers nourriront le besoin de passer pour des «dur à cuir» ou des «je-m'en-foutistes», d'autres au contraire auront besoin de nourrir le moi. Je pense qu'aujourd'hui l'image de soi est tellement importante qu'on peut la qualifier de compétence. Les managers s'en préoccupent-ils réellement ? Absolument ! De plus en plus, les managers recourent à des outils modernes comme le media training pour corriger l'expression orale et physique, compte tenu de l'incontournable exposition aux médias et à des audiences de plus en plus exigeantes. Ils ont recours également au coaching. En effet, l'attitude exemplaire, la finesse de la communication sur le fond comme sur la forme, la maîtrise des émotions, l'équilibre dans le jeu relationnel… sont autant de paramètres qui permettent aux managers de s'affirmer aux yeux de leurs collaborateurs. Comment agir lorsqu'on traîne une mauvaise image ? Il est vrai que, parfois, il suffit de se faire mal comprendre, d'avoir une attitude désagréable un jour pour traîner une mauvaise image. On est taxé de dur, de hautain, de tire-au-flanc, de faible ou d'autres qualificatifs. Parfois, l'image se confond avec la réputation de la personne. La confusion peut aussi dépasser la personne et engager la notoriété de l'entreprise. Pour lutter contre cette mauvaise image, il faut d'abord savoir qu'elle existe. Pourquoi me colle t-on une étiquette ? Ensuite, il s'agira de se remettre en question. Autrement dit, il faut prendre conscience de l'image qu'on a de soi et de celle qu'on pense projeter sur les autres. Il faut également respecter ce que l'on impose aux autres. En quelque sorte, le manager doit être attentif à ce que les valeurs et les règles en vigueur dans l'entreprise soient respectées par tous, à commencer par lui. Pour remporter l'adhésion des collaborateurs, le mieux est de pouvoir établir les règles collectivement, ce qui n'est pas toujours possible. Si elles sont imposées, le manager devra expliquer leur raison d'être, leur finalité pour permettre à chacun de les comprendre. Il peut quand même arriver qu'un individu, convaincu de la justesse de son attitude, ne se soucie pas des ouï-dire… Effectivement, la mauvaise réputation peut être la conséquence d'un trait de caractère par ailleurs considéré comme un atout. Avoir conscience des effets pervers peut aider à progresser. De toute façon, il y a toujours quelqu'un qui peut attirer votre attention sur une mauvaise attitude : un collègue, un supérieur, un DRH… Il faut prendre conscience de leur réaction et ensuite s'efforcer d'y remédier. A cet égard, il faut se poser la question de savoir quel comportement adopter face à une situation donnée. Chacune exige des comportements ou des attitudes différents, selon ses propres forces et faiblesses. Par exemple, en coaching, il y a une prise de conscience de trois paramètres, à savoir quelle est la situation ? Qui ai-je en face de moi ? Quelles sont mes ressources dont je suis conscient ? La réponse à ces trois questions permet d'adopter le comportement adéquat. Le processus de restauration de l'image peut donc être long… Tout à fait ! On peut casser un mur en quelques minutes, mais il faudra plus de temps pour le reconstruire. C'est pareil si on veut changer de comportement. Vers qui se tourner si on veut vraiment chasser une mauvaise image ? Le DRH peut être la personne idoine même si souvent les DRH de la place ne s'attaquent pas aux problèmes relationnels de leur entreprise. Par exemple, si une personne traîne une image de tire-au-flanc, bien qu'elle ne soit pas totalement fausse, il faut essayer de lui donner d'autres responsabilités. Il faut aussi savoir reconnaître ses mérites en cas de réussite. C'est ce qui valorisera son image auprès des autres. En somme, il faut savoir que l'image qu'on reflète est aussi une affaire collective. En ce qui concerne un manager, il peut se faire aider par des experts de l'image, notamment les coachs. Mais attention à ne pas se retrouver dans un piège. En effet, à un moment donné, certaines personnes ne raisonnent plus qu'en image. Elles ne retrouvent plus leur identité et leurs valeurs. C'est donc dangereux ? Tout à fait. Car il y a un décalage entre l'image qu'on projette et ce qu'on fait réellement sur le terrain. Une image réelle est celle qui est en cohérence avec les actes. Rien ne sert d'être souriant pour être aimable si, au bout de deux minutes, on change d'attitude. Il ne faut pas oublier que les gens réagissent par intuition. Si vous êtes bon à leurs yeux, ils vous adoptent facilement.