191 000 donneurs en 2008 ont permis d'obtenir 433 000 produits sanguins labiles. L'offre a dépassé la demande de 70%. 75% du sang collecté est réalisé grà¢ce au volontariat. Le reste est donné par les familles de personnes nécessitant transfusion, sous forme de compensation. L'été est une période cruciale : la recrudescence des accidents fait craindre une pénurie pour un produit hautement périssable. Les grosses chaleurs enregistrées ces derniers jours ont fait pénétrer le Maroc sans transition d'une période froide et humide à un été qui s'annonce des plus chauds. Qui dit été, dit bien entendu déplacements plus nombreux et, malheureusement, occurrence plus élevée d'accidents de la route. Comme chaque année à pareille époque, l'un des soucis qui agitent le département de la santé à trait à la disponibilité de sang. Ce n'est peut-être pas un hasard si la journée mondiale du don de sang est célébrée chaque année le 14 juin. En tout cas, les services du Centre national de transfusion sanguine (CNTS) sont sur le qui-vive durant cette période, et profitent de cet événement mondial pour mener au niveau national une campagne de sensibilisation pour inciter les gens à être généreux et offrir quelque centilitres de leur précieux liquide pour sauver des dizaines de milliers de Marocains. A part les victimes des accidents de la circulation, le sang collecté profitera aux personnes souffrant de maladies graves (cancer, leucémie), servira lors des interventions chirurgicales, mais aussi pour les hémopathies, les accouchement et apportera un répit aux hémophiles. Selon la Direction des hôpitaux et soins ambulatoires du ministère de la santé, le nombre de lits hospitaliers au Maroc est estimé (données de 2006) à 30 618. Est-ce l'équivalent en malades qui aurait besoin de sang ? Bien évidemment non. Y a-t-il suffisance ou manque de ce produit vital ? De prime abord, les responsables du CNTS ne manifestent aucune inquiétude et écartent l'éventualité d'une pénurie. Mieux : la quantité de sang collecté, tout au long de l'année, couvre, selon eux, les besoins. «Les centres de transfusion sanguine traitent davantage de produits sanguins labiles (culots globulaires, culots plaquettaires et plasma frais congelé) qu'ils ne livrent aux hôpitaux et cliniques», se réjouit Abdeljalil Ouanaïm, directeur adjoint du CNTS. Pour étayer ses propos, il nous livre ces données : en 2008, le centre a dénombré 190 504 donneurs de sang et le nombre de produits sanguins labiles (PSL) préparés a été de 432 866. Or, seulement 253 292 PSL ont été livrés (voir encadré) aux différents centres hospitaliers et cliniques privées. On remarquera donc que la production des PSL est supérieure de 70% à la demande. Les Marocains sont apparemment généreux et compatissants avec leurs concitoyens malades. En atteste le nombre de donneurs qui est en constante évolution depuis 14 ans : en 1995, il était de 136 000 pour passer à 151 000, cinq ans plus tard, soit une hausse de 11%. En 2004, il a atteint 158 000, soit une hausse de 16% par rapport à 1995, pour atteindre 40% en 2008. Cependant, en dépit de ces chiffres qui incitent à l'optimisme, à l'approche de la saison estivale les services du ministère de la santé s'occupant de la collecte du sang affichent une certaine inquiétude. A cela, deux raisons : la première est la recrudescence des accidents de la route. C'est connu, les routes marocaines sont parmi les plus meurtrières du monde et les hôpitaux et cliniques, pendant l'été, sont submergés de blessés. Il faut du sang, en abondance, et surtout d'urgence. La deuxième raison, tient à souligner le Dr Hassan Belkebir, directeur régional du Centre de transfusion sanguine à Rabat, est la non-régularité chez les donneurs du sang, ce qui provoque une perturbation de l'approvisionnement. La journée mondiale du don de sang est une occasion pour ces derniers d'alerter les citoyens pour mieux les fidéliser à cet acte de générosité. «Notre souci est de fidéliser les donneurs de sang de manière à ce qu'ils fassent les dons au moment où les cas d'intervention deviennent très fréquents», explique le Dr Belkebir. Et de signaler que «cette période, celle de l'été, coïncide malheureusement avec la période des vacances où les donneurs de sang potentiels sont plus préoccupés par leur congé». L'obectif est de parvenir à ce que le don soit en totalité assuré par les volontaires Auprès du CNTS, on s'emploie ainsi à sensibiliser les gens sur l'importance de la régularité des dons et principalement au bon moment, c'est-à-dire celui où l'on a plus besoin de sang. «L'idéal, tient à préciser le Dr Belkebir, est que les bénévoles fassent leurs dons régulièrement, c'est-à-dire deux à trois fois par an, et surtout au cours de cette période dite sensible». Cette fidélisation et la régularité du don sur lesquels insistent les services du CNTS sont justifiées aussi par le fait que le sang collecté a une durée de vie limitée, donc le produit devra être utilisé avant la date de péremption. «Le sang est périssable, la durée de conservation des plaquettes est de seulement cinq jours et celle des globules rouges de 42 jours», souligne-t-on au CNTS. Donc la régularité du don est indispensable. Qui peut être habilité à donner du sang ? Il s'agit d'abord de toute personne, homme ou femme, en bonne santé, âgée de 18 à 60 ans, à condition d'être reconnue apte après entretien médical obligatoire avant le don. Il y a deux types de donneurs : d'abord les bénévoles qui, de leur propre chef, se présentent aux différents centres de transfusion sanguine pour offrir leur sang ou sont approchés par des unités mobiles entièrement équipées qui peuvent se déplacer jusqu'à eux. Ces équipes mobiles font la collecte dans différents établissements et institutions : dans les lycées et les facultés, dans les entreprises, les usines, voire en pleine rue dans certaines artères de la ville. Au cours de l'année 2008, ce type de donneurs a ainsi permis de collecter 190 504 poches, soit 70% de l'ensemble des collectes. Et puis, il y a le second type de donneurs, celui qui fournit les 30% restants : il s'agit de dons par compensation qui interviennent dans le cas où il y a carence. Quand un malade a besoin de sang, on demande aux membres de sa famille ou à ses proches d'y contribuer. L'objectif du CNTS, selon le directeur adjoint du CNTS, est que le centre parvienne un jour à ce que le don soit en totalité assuré par les volontaires, et ne plus compter sur les dons des familles. «Tous les acteurs de la transfusion sanguine et la société civile (associations des donneurs de sang, amicales, …) sont conscients de cet objectif», précise-t-il. Et le résultat du travail de tous pour atteindre cet objectif est plutôt encourageant. Le taux de don de compensation est passé, en moyenne, de 37% en 2005 à 25% en 2008. D'ailleurs, toute la campagne de sensibilisation au don du sang, à l'occasion du 14 juin, s'est focalisée sur ce slogan : «100% de don de sang bénévole».
Coût de la collecte estimé en 2003 : 750 000 DH Deux questions demeurent posées : de combien de centres de collecte de sang dispose le CNTS, et quel est le coût de l'opération ? Pour la première question, il y a au Maroc 16 Centres régionaux de transfusion sanguine (CRTS), 13 banques de sang (BS) et 29 antennes de transfusion (AT), regroupés sous le nom de Centre de transfusion sanguine (CTS) qui sont sous la dépendance du CNTS. Ce dernier, nous indique-t-on, est l'organe qui applique la politique du ministère de la santé en matière de la transfusion sanguine et d'hémovigilance. «C'est une référence scientifique à l'échelle nationale. C'est lui qui veille sur la qualité et la sécurité du sang et ses dérivés», souligne le Dr Ouanaïm. Quant au coût de l'opération du don de sang, les responsables du centre font leur estimation sur la base de la poche de sang. Une étude du prix de revient a été faite par le centre en 2003. Le coût était alors estimé à 750 000 DH. Celui-ci comprenait aussi bien le salaire des fonctionnaires que les frais d'achat de consommables, fongibles, réactifs et imprimés techniques.