Pour maintenir la motivation des salariés ou la restaurer le plus rapidement possible, il convient de mener un management de proximité. Les crises sont difficiles à vivre si les salariés n'ont pas de visibilité. L'environnement économique est de plus en plus perturbé. Il est certain que des entreprises se retrouveront devant des problèmes de marché, de trésorerie …, qui affecteront leur compétitivité et, peut-être, leur viabilité. D'autres difficultés peuvent résulter d'une détérioration de la notoriété et/ou de l'image de marque. Pour résister à la crise, il convient de maintenir la motivation des salariés ou de la restaurer le plus rapidement possible si elle est défaillante. «On a parfois l'impression de se sentir inutile ou incompétent lorsque l'on travaille dans une organisation en crise. L'épée de Damoclès est toujours suspendue au-dessus de votre tête. On aura toujours le loisir de vous reprocher votre manque d'implication si les résultats ne progressent pas», explique un cadre qui fut aussi victime d'une fusion. Evidemment, sauvegarder le moral dans ces conditions n'est pas chose aisée surtout si l'on ne voit pas le bout du tunnel. Pour Neama Ouazzani Touhami, consultante au cabinet Optimum Conseil, «les crises sont beaucoup plus difficile à vivre lorsque les salariés n'ont pas de visibilité sur leur avenir». Il est vrai que l'entreprise doit informer, expliquer et rassurer au besoin si le problème vient d'elle-même, même sirien n'empêche un employé de prendre les devants pour s'enquérir de la situation. En tout cas, pour un manager ou un cadre qui dirige une équipe, la situation peut s'avérer plus compliquée à gérer s'il ne dispose pas d'assez d'informations pour rassurer ses collaborateurs. Que faut-il faire dans un tel contexte ? «D'abord, il ne faut pas chercher à rassurer à n'importe quel prix», conseille Mme Ouazzani. Mettre le personnel devant les difficultés de son entreprise peut parfois être mobilisateur, à condition que le management apporte la preuve qu'il s'engage pleinement pour sortir l'entreprise de sa crise. «Un manager doit être présent sur le terrain pour garder le contact le plus étroit possible et ne pas rester dans sa tour d'ivoire», explique pour sa part Karim El Ibrahimi, DG du cabinet RMS. Lors des réunions, j'évite de dramatiser à tout bout de champ. Naturellement, il faut donner une information fiable sans pour autant tomber dans l'excès», ajoute M. El Ibrahimi. Néanmoins, la transparence s'impose toujours dans une situation de crise. Rester ouvert aux propositions et à la nouveauté Comment alors annoncer une décision difficile ? Première des choses à faire quand un problème survient : il faut oser le communiquer soi-même aux concernés, car éviter la confrontation peut avoir des conséquences plus graves que le mal lui-même. En effet, il se peut que la personne que vous avez chargée de le faire à votre place ne donne pas les bonnes raisons, ou en rajoute sur votre compte pour se dédouaner. Un jour ou l'autre vous risquez d'en faire les frais. Pour autant, quitte à le faire soi-même, il convient de ne pas s'y prendre n'importe comment. Annoncer une mauvaise nouvelle est une technique managériale comme les autres, et, à ce titre, elle s'apprend aussi. A défaut de bien la maîtriser, l'essentiel consiste à minimiser au mieux les dégâts collatéraux. Que faire ? Que la décision ait un caractère courant ou stratégique, il convient d'abord de bien maîtriser l'information en essayant de distinguer les données essentielles de l'accessoire. A ce niveau, il est important de noter que l'expérience et l'intuition sont souvent déterminantes, tout comme la capacité à accepter de rectifier le tir en cas d'erreur «Mais il faut toujours prendre le temps de voir comment l'information a été perçue par les intéressés. Un feed-back est nécessaire». Pour ne pas laisser la crise prendre de l'ampleur, il convient d'écouter toutes les craintes exprimées et toutes les opinions. Si on ne peut apporter une solution concrète et sûre, il faut se contenter d'être très attentif en faisant preuve de l'empathie la plus sincère possible. Et puis, il ne faut pas oublier de montrer l'exemple, notamment lorsque des efforts sont demandés en matière d'optimisation des coûts (notes de frais, fournitures…). Il faut aussi éviter de ne pas lâcher les collaborateurs. Posez la question aux marins de savoir ce qu'ils pensent d'un capitaine qui laisse son bateau avec son équipage couler ? Le monde des affaires n'a pas une vision sensiblement différente. Il importe alors de se joindre au camp des résistants et de contribuer à ce que les choses s'améliorent, en attendant des jours meilleurs. Si un cadre doit quitter une structure en difficulté, au moins qu'il ne le fasse pas sans avoir tout tenté pour la sauver. Autre conseil : rester ouvert aux propositions et à la nouveauté. Pour Mme Ouazzani, «la crise peut être saisie comme une opportunité pour revoir son mode de management». La société Polydesign, spécialisée dans l'habillage intérieur des voitures, a fait sienne cette devise. Installée dans la zone franche de Tanger, elle a dû faire face à une baisse considérable de son chiffre d'affaires, faute de commandes. «Nous avons dû capitaliser sur notre savoir-faire en se focalisant sur la formation. Par ce biais, nous avons montré aux employés que la crise entraîne des évolutions et des adaptations du management. Le message a été bien reçu», précise Ahmed El Meslouti, DRH de Polydesign.