Un prix allant de 149 à 290 l'unité pour une durée de vie pouvant aller jusqu'à 5 ans Les deux opérateurs de la place, Libré et Shemsi, soulignent les enjeux sanitaire, économique et écologique de ce produit Ils font des donations et mènent des actions de sensibilisation aux côtés du mouvement #7chak pour la lutte contre la précarité menstruelle... Lancées en 2016 aux USA et deux ans plus tard en France, les culottes menstruelles ont fait leur entrée sur le marché marocain en 2020. Après la cup et la culotte lavable, ce nouveau produit est une véritable révolution dans la lingerie périodique : il protège les femmes jusqu'à 12h selon le modèle choisi. Simple d'utilisation, il est lavable et réutilisable. D'une durée de vie entre 3 à 5 ans, la culotte est pensée pour toutes les périodes de la vie d'une femme, notamment les premières règles, règles légères ou abondantes, grossesse et post-partum, fuites urinaires et incontinence. Les marques présentes sur le marché mettent en avant un triple enjeu de la nouvelle protection hygiénique : Un enjeu de santé, puisque ces culottes, faites à partir de fibres naturelles de bambou, apportent une alternative aux protections hygiéniques classiques fabriquées à partir de fibres chimiques ayant des conséquences sur la santé des femmes. Un enjeu écologique : une femme utilise près de 11 000 protections hygiéniques dans sa vie. Cela représente plus de 45 milliards de déchets, qui sont engendrés chaque année, sachant qu'il faut 500 ans environ à ces produits pour se dégrader, soit autant qu'une bouteille en plastique. Selon Ghita Bouayad de Libré, marque 100% marocaine de culottes menstruelles lancée en 2021, «cette culotte est fabriquée en coton bio, certifié GOTS & OEKO-TEX. De plus, le coton est tissé au Maroc, c'est un tissu pour bébé et aussi antiseptique qui empêche toute prolifération de bactéries, qui assure une grande étanchéité et une imperméabilité, procurant ainsi un bien-être certain à la femme». La marque a confié la production de ses culottes menstruelles à une entreprise textile de la place. Son offre porte sur des modèles différents répondant aux besoins des femmes, notamment une culotte taille haute, un boxer et une culotte classique, toutes existantes en 3 niveaux de flux: léger, modéré et abondant. Elles existent également en plusieurs tailles allant du 36 au 46. Une offre diversifiée est également proposée, depuis janvier 2021, par la marque Shemsi. Contrairement à sa concurrente qui sous traite ses culottes, Shemsi a choisi d'investir dans deux unités industrielles implantées à Casablanca et Mohammédia en 2020 et qui ont démarré la production en 2021. Les deux entités qui produisent actuellement 2000 à 5 000 culottes vont voir leur production augmenter en 2022. «Cette augmentation de la production s'impose, car la marque est victime de son succès et nous devons aujourd'hui assurer la disponibilité aux clientes. Nos culottes fabriquées à base de fibres naturelles de bambou sont à 100% en coton. Aussi, nous proposons des modèles différents, allant du basic à la culotte en dentelle. Les tests ont révélé qu'elles ne causent aucune allergie, ce qui est un réel avantage, sachant que 9 femmes sur 10 ont subi un choc toxique en utilisant les serviettes hygiéniques classiques», explique David Zitoun, fondateur de la marque. Et enfin, l'enjeu économique est certain, puisqu'une femme marocaine qui dépense en moyenne près de 22 000 dirhams pour ses protections hygiéniques pourra désormais faire des économies sur cette dépense. En effet, le prix de vente des serviettes prive de nombreuses femmes marocaines d'une protection hygiénique. Il se situe entre 12,37 et 15,48 dirhams pour un paquet de 10 serviettes hygiéniques, et peut même atteindre les 30 dirhams pour des serviettes ultra thin et extra long. Les différentes marques offrent également des packs économiques commercialisés à 34 dirhams le paquet de 14 serviettes. Un prix qui reste toujours prohibitif pour les femmes à faible pouvoir d'achat, sachant qu'il faut deux paquets, voire trois paquets, pour la durée des menstruations. D'où l'intérêt de la culotte menstruelle dont le prix à l'unité varie entre 190 et 290 dirhams pour une durée de vie pouvant aller jusqu'à 7 ans. Par ailleurs, les deux marques Libré et Shemsi proposent un pack de trois culottes avec une réduction de 10%. Une réduction qui, selon, Ghita Bouayad de Libré, «encourage l'utilisation de la culotte hygiénique et permet de réaliser jusqu'à 70% d'économie par rapport à l'achat de protections hygiéniques jetables chaque année. Ce qui présente un avantage certain et permet de lutter contre la précarité menstruelle, cause pour laquelle notre entreprise est engagée. Nous avons procédé à des donations de culottes menstruelles en collaboration avec des associations comme les Amis du Ruban Rose et dans le cadre d'actions dans la ville d'Ifrane». De son côté, Shemsi a également offert 500 à 600 culottes dans le cadre d'une action avec le mouvement #7chak (encadré) à des jeunes filles de l'orphelinat Dar Lamima à Lahraouine à Casablanca. «Chacune des filles a reçu trois culottes», explique Nour Hamdouni de Shemsi qui ambitionne de conquérir différents marchés arabes. Et à partir de 2022 la marque sera commercialisée en Egypte. Localement, la marque est vendue en ligne et bientôt dans une boutique qui ouvrira ses portes à Casablanca l'année prochaine. Pour sa part, la marque Libré est, en plus de la vente en ligne, présente dans le circuit pharmaceutique et parapharmaceutique, ainsi que dans certaines boutiques de lingerie et sous-vêtements, notamment chez Partner's à Casablanca. Et pour un entretien des culottes, Libré mettra prochainement un savon spécifique pour le lavage. Sachant que l'utilisation d'un produit avec glycérine est déconseillé, toutefois les culottes sont lavables à la machine après un rinçage à la main et à l'eau froide. Le mouvement #7chak, pour en finir avec un tabou Le mouvement #7chak, lancé en novembre 2019 par Sarah Benmoussa, poursuit sa lutte contre la précarité menstruelle au Maroc. Celle-ci constitue une véritable problématique dans la mesure où, explique l'initiatrice du mouvement «toutes les marocaines n'ont pas accès aux serviettes hygiéniques. Et en particulier les femmes et jeunes filles résidant dans les zones rurales éloignées et aussi celles en situation précaire dans les villes». Selon les chiffres du mouvement #7chak seulement 30% des Marocaines ont accès aux protections périodiques. Ce qui place le Maroc bien loin derrière les pays de la région, notamment l'Algérie et la Tunisie où 85% et 80% des femmes ont respectivement droit à ces protections menstruelles. Pour briser le tabou sur les menstruations et encourager le débat autour du sujet, #7achak a, depuis sa création, mené plusieurs actions sur le terrain dans l'objectif souligne Mme Benmoussa «de trouver des solutions pour démocratiser l'accès à la protection menstruelle et aux serviettes. Car il en va du bien-être et de la santé des femmes. Il faut signaler que ces jeunes femmes et filles ratent une semaine de cours et des journées de travail par mois en raison du non-accès à une protection menstruelle». Pour sensibiliser la population cible, le mouvement a diffusé une vidéo humoristique et s'est associé, l'an dernier, au créatif franco-marocain Samy Snoussi, pour peindre une fresque murale intitulée «La trace humaine», au quartier CIL à Casablanca. Une fresque qui rend hommage au corps féminin en vue de briser le tabou des menstruations. Et cette année, à l'occasion de son deuxième anniversaire, le mouvement a organisé, en collaboration avec des marques marocaines de culottes menstruelles, des actions de sensibilisation à la nécessité d'une protection hygiénique en utilisant des serviettes classiques ou encore des culottes menstruelles.