L'ampleur des effets de la pandémie varie d'une région à l'autre. Le taux de chômage le plus élevé en 2020 est enregistré au niveau de l'Oriental et du Sud. La ponction économique générée par la crise au niveau national est estimée à 54 milliards de DH. Le Maroc a été fortement affecté par la crise pandémique. Toutefois, les différents dispositifs mis en place par les pouvoirs publics ont permis d'atténuer les incidences économiques et sociales de cette crise à l'échelle nationale mais aussi au niveau territorial. Dans une étude, la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), en partenariat avec la Banque Mondiale ont fait ressortir l'ampleur des effets de cette pandémie d'une région à l'autre. En fait, les restrictions de déplacement, l'arrêt temporaire du travail et les mesures de confinement entreprises au niveau territorial ont eu des répercussions profondes sur le marché de l'emploi. Le secteur informel en a particulièrement souffert du fait de l'absence de filets de sécurité sociale pour protéger les employés d'une perte soudaine de revenus. Ainsi, le taux de chômage le plus élevé en 2020 est enregistré au niveau de l'Oriental avec 20,7%, du Sud avec 19,8% et de Casablanca-Settat avec 13,4%. Les taux les plus bas sont réalisés par Marrakech-Safi (6,9%) et Béni Mellal-Khénifra (7,4%). Son corollaire, le taux d'emploi a été affecté négativement par la crise sanitaire dans l'ensemble des régions mais à divers niveaux, laissant entrevoir une relation inverse avec le degré de propagation du virus au niveau local. Ainsi, les régions de Casablanca-Settat et de l'Oriental, qui ont enregistré des taux élevés de contamination, sont les plus touchées avec des écarts du taux d'emploi de -3,6 et de -3,4 points respectivement. Sur le plan économique, la ponction économique générée par la crise au niveau national est estimée à 54 milliards de DH aux prix courants pendant l'année 2020, soit 5,3% par rapport au scénario de référence. Cette perte macroéconomique cache des disparités sectorielles importantes qui dépendent des spécificités des secteurs. Les secteurs les plus touchés sont liés aux activités de l'hôtellerie et restauration dont la valeur ajoutée a baissé de 55,8% entre 2019 et 2020, du transport (-27,4%) et des industries mécanique, métallurgique et électrique, principalement celles liées à l'automobile, à l'aéronautique, à l'électronique... (-21,3%), D'autres secteurs ont subi les impacts de la crise, mais avec une intensité relativement modérée, à l'instar des activités à caractère domestique, ou encore le commerce (-10,9%), les industries du textile et du cuir (-8,7%) et les secteurs à l'export comme les services non financiers (-6,2%) et l'industrie extractive (-6,1%). Les impacts de la crise atténués d'une manière différenciée sur les pertes de la valeur ajoutée des régions Les activités agricoles ont baissé de 9,1%, suite à une succession de deux années agricoles insuffisantes. En revanche, les activités liées aux secteurs des industries alimentaires et tabac ont vu leur valeur ajoutée augmenter de 10,7%, celui de l'administration de 4,4%, de la santé et éducation de 2,3% et le secteur lié aux services financiers de 0,8%. Les pertes générées par la crise ont été ramenées à 5,3% au lieu de 6,8%. Trois groupes de régions ont été identifiés, eu égard à leurs taux de perte de valeur ajoutée. Le 1er, profondément impacté par la crise, est représenté par les régions spécialisées dans les activités liées au tourisme, aux activités fortement dépendantes des chaînes de valeur mondiales ou celles caractérisées par une présence importante de l'emploi informel. Ainsi, les régions de l'Oriental, Marrakech-Safi, Souss Massa et Béni Mellal ont affiché des pertes allant de 9,8% à 6,8%. Le 2e groupe est formé des régions modérément touchées avec une perte aux alentours du niveau national (-5,3%), dont celles de Laâyoune Sakia El Hamra, Guelmim Oued Noun, Fès-Meknès, Casablanca-Settat et Dakhla Oued Ed Dahab. Le 3e, considéré relativement résilient, est caractérisé par une présence relativement élevée des activités de support, des activités non marchandes administrées ou activités ayant profité de cette crise. Il est représenté par Tanger-Tétouan-Al Hoceima (-1,6%), Rabat-Salé-Kénitra (-2,5%) et Drâa Tafilalet (-4,3%). Il faut noter que les mesures de soutien ont joué un rôle d'amortisseur des effets économiques de la pandémie. En effet, l'ensemble des mesures, dont les indemnités aux travailleurs en arrêt d'activité, le financement des dépenses additionnelles du système de santé et le financement des programmes en matière de maintien et de relance de l'économie, ont permis un gain de l'ordre de 20 560 MDH, soit 1,5 point de pourcentage de la valeur ajoutée (VA). Par conséquent, les pertes générées par la crise ont été ramenées à 5,3% au niveau de la VA nationale au lieu de 6,8% si aucune mesure n'avait été prise. De plus, les mesures entreprises ont atténué les impacts de la crise d'une manière différenciée sur les pertes de la valeur ajoutée des régions. En effet, la région de Casablanca-Settat (contribuant à hauteur de 31,1% à la VA nationale) se situe au 1er rang des régions qui ont profité le plus des effets des mesures de soutien économique contre la crise avec un gain estimé à 7 377 MDH, suivie par les régions de Marrakech-Safi (3 351 MDH), de l'Oriental (1 870 MDH), de Fès-Meknès (1 913 MDH), de Rabat-Salé-Kénitra (1 630 MDH) et de Béni Mellal-Khénifra (1 293M DH). Plusieurs recommandations sont à prendre en compte La crise sanitaire a mis clairement en relief le rôle clé des collectivités territoriales en matière de gestion de la pandémie. En ce sens, la DEPF a formulé quelques recommandations, qui portent notamment sur la promotion d'une gouvernance inclusive et multidimensionnelle. En ce sens, la coordination entre les niveaux central et local doit être renforcée et axée sur une solidarité régionale et nationale. La poursuite des mesures sociales et de relance économique en faveur des populations en situation précaire, aux entreprises en difficulté et aux secteurs les plus fragilisés par la pandémie est également préconisée, au même titre que le développement d'un système de gouvernance dans les secteurs de la santé et de l'éducation, la réduction des degrés de dépendance des chaînes d'approvisionnement et l'accélération du déploiement sectoriel et territorial de la réforme du système de protection sociale. Il s'agit également de renforcer la capacité budgétaire des collectivités locales, d'instaurer une intelligence collective basée sur la numérisation des territoires et de mettre en place une culture durable fondée sur la promotion des activités vertes génératrices d'emplois décents et de revenus durables.