L'initiative nationale de télé-médecine destinée aux zones reculées du monde rural, lancée en 2018, ambitionne de couvrir 160 sites à l'horizon 2025 repartis sur tout le territoire national. Cybersanté, e-santé, mHealth, télésoins, télémédecine ou de télésanté, ... autant de termes pour dire que les nouvelles technologies de l'information (les TIC) ont investi en force le domaine de la santé depuis des décennies. Au Maroc c'est le cas depuis déjà plusieurs années déjà. En effet, au Maroc, un certain nombre d'initiatives de santé connectée ont été lancées depuis une vingtaine d'années, souligne Dr Hassan Ghazal, président de l'Association marocaine de Télémédecine et eSanté (AMTe), dans un entretien accordé à la MAP. Ces initiatives concernent divers domaines tels que la télé-pathologie, la télé-oncologie, la télé-radiologie, la télé-cardiologie ou la télé-échographie. Une initiative originale de télé-surveillance impliquant une boite connectée (smart box) qui concerne la « santé mobile de la tuberculose » a été initiée en 2014 par la coopération coréenne, pour améliorer l'adhérence au traitement de patient tuberculeux dans les régions de Salé puis Tanger, affirme la même source. Mais, tous ces projets sont restés malheureusement à l'état pilote. Plus récemment, une initiative nationale de télé-médecine destinée aux zones reculées du monde rural a été lancée en 2018 par l'Université Mohammed VI des Sciences de la santé et la Société marocaine de télémédecine (SMT), en partenariat avec le ministère de la Santé, qui ambitionne de couvrir 160 sites à l'horizon 2025 repartis sur tout le territoire national. Un partenariat entre le CHU de Marrakech et la société indienne "HOPS" a été concrétisé pour établir des centres de télémédecine et instaurer le dossier électronique patient … Cependant, il a fallu attendre la crise Covid-19 pour enfin voir les différentes composantes de la santé connectée prendre leur vrai envol, au Maroc comme ailleurs. Cette crise sanitaire a surtout montré l'importance de digitaliser le système de santé et elle est en train d'accélérer sa propagation et son adoption par le système de santé dans toutes ses dimensions. Aussi a-t-on pu noter l'émergence de plusieurs plates-formes de téléconsultation, dont celle initiée par le ministère de la santé et l'ordre des médecins « www.tbib24 », ou encore « C3M Med-Help » par le Réseau des compétences médicales Marocaines du Monde (C3M). Une application à déploiement national de suivi et notifications en cas de contact avec une personne infectée (Wiqaytna) a été créée. Le digital intelligent est également mis au service de la campagne de vaccination. C'est pour dire que l'intérêt est bien là. Les « objets connectés » ou « objets communicants » qui sont en train de révolutionner tous les secteurs, y compris celui de la médecine, sont, en effet, capables de collecter et transférer les données santé des patients, notamment des signes vitaux (fréquences cardiaques, respiration, tension artérielle, température, etc.. ); traiter ces données; transmettre les résultats d'analyse obtenus aux professionnels de santé; ou encore sonner l'alerte en cas d'urgence. La récupération des données via les objets connectés de santé permet aussi de faciliter le diagnostic en téléconsultation; d'assurer un meilleur suivi à distance des patients (télé-surveillance) ; d'aider les patients à suivre leur traitement efficacement; ou encore de faire de la prévention. Cela dit, en termes de prévention justement, des objets intelligents comme les montre-capteurs d'activité, les tensiomètres électroniques, les pèse-personnes connectés, les capteurs de pression sanguine et bien d'autres encore, actuellement très en vogue, jouent un rôle de plus en plus important. Bien plus, s'agissant de médecine personnalisée, il est permis aujourd'hui, grâce à leur contribution, d'apprendre à gérer les comportements individuels et les habitudes de vie, non seulement des patients pour le suivi ou le traitement d'une pathologie mais également de tout un chacun pour le bien être quotidien. Par ailleurs, les DMC (dossier médical partagé) sont en train de permettre un grand développement de la télémédecine, qui correspond aux actes de médecine fournis à distance via les TICs et qui est une pratique médicale bien encadrée par la loi marocaine notamment le décret d'application du 25 juillet 2018, modifié le 1 février 2021, suite aux contraintes imposées par la pandémie. La santé connectée permet ainsi de disposer des informations appropriées entre les bonnes mains au bon moment. La santé connectée offre une nouvelle dimension de la prestation de services de santé, mais aussi de prévention, sensibilisation et promotion de l'accessibilité de soins de santé de qualité pour tous. (Avec MAP)