L'Inde emerge comme un nouveau hub mondial de l'industrie automobile. Sachin Chaturvedi, directeur général associé du think tank RIS (Research and Information System for Developping Countries) a exposé à la délégation de journalistes marocains les principales lignes de la stratégie d'investissement du gouvernement indien à l'international, et plus précisément celle ayant trait au Maroc et à l'Afrique. Cette stratégie repose sur 4 piliers interdépendants : le commerce, l'investissement, la finance et la technologie. Une approche pragmatique née d'une initiative avec le Royaume-Uni qui a permis d'isoler les points focaux conditionnant le succès des actions entreprises par l'Inde avec les pays du monde. Pour l'Afrique, l'accent a été mis sur les secteurs de l'éducation, de l'industrie et de la médecine, tout en assurant le financement et le développement local des marchés. Et c'est après avoir expérimenté cette approche avec succès sur son propre territoire que l'Inde a identifié l'Afrique comme prochaine étape prioritaire de son développement. Avec un PIB actuel de 2700 milliards de dollars et des projections à 5000 milliards à l'horizon 2025, la croissance indienne n'a réussi à se sortir de son état de stagnation que lorsque son économie s'est ouverte au monde. Les analystes de RIS ont expliqué que l'Afrique est le continent qui connaît la dynamique économique la plus notable au monde. Son choix s'est donc imposé de manière naturelle, puisque le potentiel que le continent renferme est parmi les seuls à promettre un épanouissement économique de plus grande ampleur pour ce pays d'Asie du sud-est. La finalité, selon RIS, est de donner à l'Inde les outils nécessaires à son développement en interne, a fortiori lorsque le pays connaît actuellement une transformation sociale jamais observée auparavant, avec l'ambition de devenir un pays modèle en termes de services sociaux et d'aides aux plus démunis, une première dans l'histoire de ce pays qui compte une population de plus de 1,3 milliard de personnes, dont une partie vivant sous le seuil de pauvreté. Et c'est justement pour y remédier que le gouvernement indien mise sur l'habitat abordable, l'éducation, la santé et la création d'emplois durables. Le think tank a également souligné qu'une ligne de crédit de 10 milliards de dollars dédiée à l'Afrique est actuellement active, avec pour objectif de concrétiser des actions sociales similaires, tirant profit de l'expérience développée par l'Inde dans ces domaines. Investissements indiens au Maroc (de janvier 2003 à août 2019) 13 projets indiens au Maroc Entre 2003 et 2019, l'Inde a concrétisé pas moins de 13 projets au Maroc dans l'industrie automobile et ses composantes, l'industrie du plastique, la chimie, les logiciels et l'hôtellerie. Le capital total investi atteint 988 millions de dollars, pour 8158 emplois créés. En contrepartie, seul le projet porté par l'OCP (230 millions de DH) figure sur la liste des investissements marocains en Inde. Une tendance appelée à changer fortement, puisque le gouvernement indien multiplie les contacts avec le secteur privé marocain afin de promouvoir l'Inde comme étant une destination viable pour certains des investissements marocains en Asie. C'est ce à quoi s'emploie la Confédération des industriels indiens (CII), qui maintient un contact permanent avec les Chambres de commerce et d'industrie du Royaume dans le but de booster davantage les investissements industriels dans les deux sens. Vikram S. Kirloskar, président de la CII, a confié que «l'Afrique francophone a, certes, échappé à notre stratégie dans ses premières formulations car la barrière de la langue était plus importante que ce que nous avions prévu. De plus, les toutes premières initiatives portées par les industriels indiens en Afrique ont visé l'Afrique anglophone pour tâter plus rapidement le terrain. Aujourd'hui, fort du succès que nos actions rencontrent dans le continent, nous souhaitons élargir les partenariats à toute l'Afrique. Cette tâche ne pourra être menée à bien que si les investisseurs indiens sont épaulés par leurs partenaires marocains». Balance commerciale excédentaire Les représentants de la CII ont également indiqué que les principales importations de l'Inde en provenance du Maroc sont les phosphates, mais que le pays est tout aussi intéressé par divers produits chimiques inorganiques, des fertilisants, du sel, du sulfure et des roches minérales. Ces produits constituent les principales importations indiennes. Les chiffres fournis par le ministère indien du commerce et de l'industrie indiquent qu'entre 2018 et 2019, l'Inde a exporté pour 680 millions de dollars au Maroc (outils électriques, minéraux et combustibles, outils industriels divers) et a importé pour 1,32 milliard de dollars. Ainsi, l'Inde est l'un des rares pays avec lesquels le Maroc tient une balance commerciale excédentaire. Lire aussi : Maroc – Inde : les voies d'un partenariat multidimensionnel raffermi