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L' autorité est liée au degré de maturité des dirigeants et des collaborateurs
Publié dans La Vie éco le 30 - 03 - 2007

Emanant d'une hiérarchie, octroyée par le regard des autres ou accordée à soi-même, l'autorité trouve son origine dans plusieurs
sources.
L'exercer, c'est aussi réguler
les relations, arbitrer quand c'est nécessaire entre des avis contradictoires
ou encore développer l'élan de toute une collectivité vers
un but commun.
Ne pas confondre autorité et autoritarisme.
patrick barrau Coach et directeur associé de Maroc Devenir
«Une personne exerçant son autorité pour développer la maturité autour d'elle cherche à avoir de moins en moins besoin d'y recourir.»
Obligeant à respecter les lois, procédures ou codes, ou à faire certaines choses, l'autorité s'exprime diversement au sein d'une organisation. Selon Patrick Barrau, coach et directeur associé de Maroc Devenir, l'autorité vraie n'a rien à démontrer. Au contraire, elle s'exerce de façon naturelle, en laissant de l'espace à l'autre pour lui permettre de s'exprimer pleinement. Explications.
La Vie éco : Comment définissez-vous l'autorité ?
Patrick Barrau : Je distingue l'autorité qui oblige à faire quelque chose ou qui oblige à respecter quelque chose, de celle qui permet d'exercer une influence, un ascendant plus ou moins naturel. La première est nécessaire pour réguler les relations sociales, comme le fait de faire respecter les lois ou le code de la route, par exemple. La seconde est utile pour donner envie, pour motiver les gens à se mettre en action.
Il existe aussi l'autorité qui est considérée comme une légitimité accordée sur la base d'une expertise reconnue ou sur des faits et comportements qui la légitiment sans que vous ayez besoin d'aller la rechercher ou de la forcer. Ce sont vos actes, vos comportements ou encore vos paroles qui peuvent aussi forger et légitimer votre autorité.
D'ailleurs, il est important de comprendre les sources de la légitimité de votre autorité. Elles sont de trois ordres. La première est celle qui vous est donnée par une hiérarchie ou par une instance reconnue qui fait autorité dans votre organisation ou dans votre domaine. La seconde est celle qui vous est octroyée par le regard des autres, qu'ils soient vos collaborateurs, vos confrères ou vos concitoyens. La troisième, celle que vous vous accordez à vous-même, est construite sur une réelle et profonde confiance en vous. Celle qui est la plus importante, paradoxalement, et contrairement aux idées reçues, c'est la troisième, celle qui se fonde sur votre propre capital confiance.
Quelle idée vous faites-vous de l'autorité au sein de l'entreprise ?
Elle est très diversement exprimée. La nature de l'autorité dans les entreprises que je peux observer, ici au Maroc comme sur le plan international, est liée au degré de maturité des dirigeants, des collaborateurs, mais aussi au contexte socioculturel qui induit les standards et les croyances au sujet du pouvoir symbolique de l'autorité et des signes de reconnaissance qui en découlent. Plus la maturité de tous les acteurs de l'entreprise est élevée et plus l'autorité est partagée. L'inverse est largement observé dans de nombreuses organisations.
L'idée que je me fais d'une autorité efficacement exprimée en entreprise est celle qui sait s'adapter en permanence aux interlocuteurs et aux situations, à la fois en souplesse et en fermeté quand cela est nécessaire. C'est celle aussi qui n'a pas peur de se remettre en cause et qui favorise la possibilité de la confrontation constructive fondée sur une liberté de parole et sur la liberté de dire non. Récemment, une enquête chiffrée dans un grand groupe pharmaceutique international a démontré que dans les structures et les équipes qui favorisaient la confrontation, indépendamment des positions hiérarchiques des différentes autorités, la productivité et la performance augmentaient concrètement de 39% !
L'idée que je me fais, au sein de l'entreprise, est celle d'une personne qui, exerçant son autorité pour développer la maturité autour d'elle, cherche à avoir de moins en moins besoin d'y recourir.
Ce que je constate souvent, c'est la confusion qui existe entre autorité et autoritarisme. Cette confusion entraîne le plus souvent des déviations quant à l'exercice même de l'autorité. L'autorité vraie s'exprime dans un espace d'ouverture d'esprit et d'échange pour soi comme pour les autres. Elle n'a pas besoin d'être imposée par la force ou la manipulation. L'autorité vraie s'exerce simplement et de façon naturelle, en laissant de l'espace à l'autre pour lui permettre de pleinement s'exprimer. On parle alors d'autorité naturelle qui est admise et accueillie par le plus grand nombre. L'autoritarisme est très souvent le signe d'un manque d'autorité et d'un manque profond de confiance en soi. Regardez autour de vous combien les «petits chefs» sont en fait fragiles et peu sûrs d'eux et de leurs compétences, même s'ils font tout pour le cacher…
Pourquoi faut-il exercer de l'autorité dans une organisation?
Pour réguler les relations, pour arbitrer quand c'est nécessaire entre des avis contradictoires qui peuvent se transformer rapidement en tensions et conflits. Mais encore plus, l'autorité a pour moi une vertu principale qui est de développer l'élan de toute une collectivité vers un but commun et autour d'un projet fédérateur constitué de valeurs, qui sait intégrer un sens fort et un avenir partagé dans lequel chacun va pouvoir se reconnaître et trouver un bénéfice pour lui-même.
L'autorité s'épanouit d'autant plus dans une collectivité ou dans une organisation, quand on met son pouvoir au service des autres. L'enjeu pour le dirigeant actuel est de comprendre que le pouvoir obtenu n'est pas un pouvoir qu'il doit garder pour lui-même, et qu'il doit absolument protéger de peur d'en être dépossédé. Autrement dit, l'enjeu est de saisir que le pouvoir n'est pas à exercer sur les autres, mais à exercer pour les autres. Dès lors que le dirigeant adopte cette démarche et la met en mouvement au sein de son organisation, son autorité grandit et son aura de leader s'amplifie. Il permet alors aux énergies présentes dans son organisation de se libérer et d'exprimer pleinement leur potentiel et leurs talents. L'intelligence et la performance collectives se mettent alors en marche. C'est en ce sens que l'autorité est utile au sein d'une organisation.
N' y a-t-il pas une contradiction entre le fait de vouloir concilier une position hiérarchique et le désir de développer l'autonomie des autres ?
C'est une excellente question, tant la contradiction est souvent vécue comme telle. Cette contradiction vient de la confusion entre autorité et autoritarisme, dont je parlais précédemment, mais aussi du besoin de reconnaissance lié à la position hiérarchique que j'ai réussi à gravir et à obtenir. Dans l'exercice de mon métier de coach, je rencontre tous les types et profils de dirigeants. Quand vous entendez un dirigeant déclarer haut et fort : «Je veux avant tout du respect !», vous pouvez imaginer la faiblesse de son autorité et l'énergie qu'il dépense alors pour se maintenir contre vents et marées sur la position hiérarchique sur laquelle il fonde toute la reconnaissance qu'il cherche à obtenir.
C'est cette énergie dépensée à défendre ou à faire respecter sa position hiérarchique qu'il y a lieu de réinvestir de façon utile et plus efficace dans le développement de l'autonomie, de la responsabilité et de la créativité de ses collaborateurs. C'est l'autoritarisme qui bloque le cycle du développement de l'autonomie et de la maturité. Pourquoi ? Parce que le cycle naturel du développement de l'autonomie passe par quatre étapes trop souvent méconnues par les dirigeants et les managers : dépendance, contre-dépendance, indépendance et interdépendance.
L'autoritarisme n'accepte pas la contre-dépendance, car l'autoritariste l'interprète comme une remise en cause de sa position. C'est parce qu'il se sent fragile sur sa position que le dirigeant se réfugie dans un autoritarisme qui arrête alors l'évolution de la maturité. Face à l'autoritarisme, le collaborateur adopte alors deux comportements apparemment différents mais qui font partie du même registre : la soumission et la rébellion ; tantôt soumis face à l'autorité, tantôt rebelle dès que l'autorité n'est plus présente. L'évolution de l'individu étant bloquée au stade de la contre-dépendance, celui-ci ne pourra que très difficilement évoluer, voire jamais, vers plus d'indépendance et vers l'interdépendance. Quel est le coût pour l'entreprise ? Un manque d'initiative, de responsabilité, de créativité, d'intelligence émotionnelle, d'intelligence collective et donc de performance collective dont ont pourtant vraiment besoin les entreprises dans le concert de la compétition internationale. Le coût est considérable pour les collectivités.
Le gain ? Celui d'un ou de quelques-uns qui, s'accrochant à leur pouvoir, protègent leurs prérogatives au détriment du plus grand nombre, mais au final au détriment de leur propre organisation et collectivités dont ils ont pourtant la charge et la responsabilité.
Alors non et mille fois non ! Il n'y a pas contradiction entre position hiérarchique et développement de l'autonomie. Au contraire, l'autorité prend tout son sens et toute sa valeur quand elle accompagne, en s'appuyant si nécessaire sur son pouvoir, et quand elle favorise autour d'elle l'autonomie et l'intelligence collective. En outre, dans ce cas, l'autorité se renforce et se pérennise car elle crée autour d'elle initiative, créativité, motivations et, encore plus, expression de l'immense potentiel et des talents qui ne demandent qu'à se libérer.
A votre avis, quelles sont les clés pour asseoir son autorité ?
Qu'est-ce qui donne naturellement à une mère de l'autorité et de l'ascendant sur ses enfants ? Pourquoi et au nom de quoi les enfants acceptent-ils simplement l'autorité de leur maman ? Parce qu'ils sentent profondément que leur mère est là, présente simplement pour eux. Ils observent que ses préoccupations ont pour nature de les faire grandir, de les protéger quand nécessaire, de les recadrer aussi dans les valeurs qu'elle souhaite leur faire partager et vivre. Ils observent aussi que, de temps en temps, elle leur apprend autonomie et responsabilité pour leur permettre de se débrouiller seuls en sachant qu'ils devront compter sur leurs propres capacités, et, pour cela, elle les laisse de temps à autre à eux-mêmes. Bien sûr, ils observent qu'elle est souvent valeur d'exemple, et qu'ils peuvent alors modéliser certains de leurs comportements pour mieux réussir. Que ressentent-ils? Un amour et un engagement indéfectible dans tous les moments, surtout dans les moments de crise ou de difficulté.
Comment pouvons-nous alors remettre une telle autorité en cause ? Impossible, tant la reconnaissance est présente. Est-ce à dire que les moments de rébellion sont exclus et les erreurs évitéses ? Non, au contraire, elles sont même recherchées de manière à en tirer profit et apprentissage. Car la mère sait qu'au bout du compte ses enfants devront voler de leurs propres ailes, choisir leur voie, s'épanouir en exprimant leurs talents et se passer de son soutien… et de sa présence.


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