Salah B. Directeur informatique «J'ai profité d'un déjeuner pour forcer le destin» «L'an dernier, mon entreprise fut rachetée par un grand groupe. Bilan : restructuration et donc suppression de plusieurs postes. J'étais parmi ceux dont la pérennité du poste n'était pas garantie. La nouvelle direction m'a proposé un contrat CDD pour commencer. J'ai refusé car je n'étais pas à l'abri d'un retournement de situation. A la même époque, j'avais participé, comme chaque année, à un colloque dédié aux nouvelles technologies. Ce fut l'occasion de retrouver de nombreux partenaires, concurrents… Et c'est autour d'un déjeuner que j'ai forcé mon destin en étalant mes réalisations professionnelles devant mes voisins de table. Par la même occasion, j'ai laissé entendre que je souhaitais changer d'horizon. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Il faut dire que, dans le microcosme des nouvelles technologies, les recruteurs sont toujours à l'affut des bons profils. Quelques jours après, je reçois un coup de fil d'un de mes voisins de table, qui était aussi un vieux partenaire. Il m'a fait une proposition qui m'a plu. J'ai tout de suite accepté.» Souad y. Cadre commercial «J'ai mis sept mois pour trouver un nouvel emploi» «Je travaillais dans une société de distribution où j'ai connu toutes sortes de problèmes avec mon patron : harcèlement, dénigrement, chantage et bien d'autres… Mon séjour ne fut pas très long dans cette entreprise où j'ai constaté que les démissions et autres licenciements étaient très fréquents à cause d'une ambiance malsaine. Le rythme s'est accentué les derniers mois en raison d'une prétendue restructuration. Je sentais que j'étais dans le collimateur du patron. La preuve, il a commencé par me retirer tous les dossiers importants, me priver de réunions et reprendre à son compte mes gros clients. Je me suis donc retrouvé cantonné aux tâches sans aucune valeur ajoutée. Il n'a pas tardé à prendre sa décision. Il y a quelques semaines, il m'a convoqué pour m'annoncer qu'il ne pouvait me garder plus de trois mois. Le temps pour moi de trouver un nouveau job. Mais, une semaine plus tard, il revient sur sa décision et me licencie brutalement, donc sans préavis ni lettre de licenciement. Il m'a juste demandé de contacter son avocat pour régler les formalités. J'ai galéré pendant des mois avant de retrouver un emploi, sept mois après. J'ai essayé tous les moyens : candidatures spontanées, cabinets de recrutement, entourage familial…» Mohammed Boufouss Ingénieur technicien «Grâce à mon réseau, j'ai pu rebondir» «Les mauvais résultats économiques de l'entreprise ont été fatals pour moi et pour certains de mes collègues. J'ai été licencié pour raisons économiques, en même temps que d'autres salariés. Cela s'est passé il y a plus d'un an. J'avais senti que j'étais dans le collimateur de mon patron d'alors car nos rapports n'étaient pas au beau fixe. Il avait essayé à plusieurs reprises de me pousser à la démission mais sans succès. Il a ensuite essayé par d'autres moyens peu reluisants : retard dans le paiement de mon salaire, paiement partiel, reproches incessants à la limite du harcèlement, absence de communication… Bref, mon licenciement était inéluctable. Quelques jours après, retournement de situation. Il me propose un départ négocié. A vrai dire, j'attendais qu'il me le propose. On s'est finalement mis d'accord sur une indemnité conséquente. Entre-temps, pour gagner du temps, je cherchais un nouveau job. Et comme la nouvelle avait fait le tour de la place, il a suffi que j'active mon réseau professionnel pour avoir des propositions d'embauche. Finalement, j'ai mis moins d'un mois pour retrouver un emploi.» Redouane h. Ingénieur informatique «J'ai pris des participations dans une société en création» «Après mon retour de l'étranger où j'avais effectué mes études supérieures couronnées par un diplôme d'ingénieur en informatique, j'ai eu très rapidement un emploi dans une banque. C'était en 1999. J'ai préféré revenir au Maroc alors que de nombreux informaticiens formés sur la place s'expatriaient en raison des conditions favorables qu'on leur proposait en Europe. Mon choix était de parier sur l'avenir compte tenu du retard du pays dans les technologies de l'information. Trois ans après mon embauche, les relations ont commencé à se détériorer avec mon supérieur hiérarchique. Son comportement était tel que je ne pouvais plus continuer dans sa direction. Comme la DRH tardait à me proposer un autre poste, sachant que j'ai aussi un MBA en finance, je n'ai eu d'autre choix que de partir. Je n'ai pas été licencié, mais je l'ai ressenti ainsi. Je ne regrette pas ce départ. Cette courte période m'a permis de bien connaître le marché et de nouer de solides relations. Je n'ai donc chômé que pour mieux étudier les offres. J'ai fini par accepter la proposition d'intégrer une société de conseil en création en tant qu'actionnaire salarié. Ce choix a été judicieux. Aujourd'hui, on s'est diversifié dans les centres d'appels et, avec mon poste de directeur associé, je pense même avoir évolué plus rapidement que prévu.» Avis d'expert Le salarié a droit à un certificat de travail quel que soit le motif du licenciement ahmed laksiwar Consultant en RH Le salarié a droit à plusieurs indemnités en cas de licenciement. En cas de faute grave, il n'a droit qu'à son dernier salaire (salaire et compléments de salaire, bien entendu), et à ses congés. Si le licenciement est justifié, mais sans qu'il y ait faute grave, il a droit, en plus du dernier salaire et des congés, au préavis et à l'indemnité de licenciement prévue par l'article 53 du Code du travail. Si le licenciement est abusif, en plus de ce qui précède, il a droit aux dommages et intérêts qui sont d'un mois et demi par année de service, plafonnés à trente-six mois de salaire. Il est à noter que dans tous les cas, et quel que soit le motif du licenciement, et même en cas de démission, le salarié a droit à un certificat de travail et ce dans les huit jours qui suivent la cessation de son contrat de travail. Concernant le délai, le salarié peut être licencié immédiatement sans préavis ni indemnités en cas de faute grave. Par contre, si le licenciement est dû à un motif autre que la faute grave, notamment pour raisons économiques, l'employeur doit observer un préavis qui varie selon l'ancienneté et la qualification du salarié. Les cadres et assimilés peuvent prétendre à un mois de préavis pour moins d'une année de service, deux mois pour une période de un à cinq ans et de trois mois pour plus de cinq ans de service. Pour les employés et ouvriers, le délai peut être de huit jours pour une période de moins d'une année de service, un mois pour une période comprise entre une année et cinq années et de deux mois pour plus de cinq années.