Le Maroc et l'Espagne ont chacun 15 navires sous leur pavillon. L'augmentation de la capacité vise à fluidifier le trafic et éviter les hausses de prix de la traversée du détroit de Gibraltar. L'émission de cartes d'embarquement unifiées et interchangeables permettant de voyager avec n'importe quelle compagnie maritime est annoncée. «Trente navires plus un de réserve seront mis en service lors de l'opération Marhaba 2017». C'est qu'a déclaré à La Vie éco Amane Fethallah, directrice générale de la Marine marchande dont le département prépare, comme chaque année, l'opération de retour des MRE avec les compagnies maritimes. Ainsi, 6 navires de plus s'ajouteront au nombre alloué par les autorités pendant l'été 2016. D'après elle, l'objectif est de maîtriser les flux et de réguler l'offre et les prix des tickets de la traversée. Les navires pourront effectuer jusqu'à 4 rotations par jour entre les deux rives de la Méditerranée. «Nous ne pouvons pas maîtriser les prix de vente, mais nous menons un travail en étroite collaboration avec les compagnies maritimes pour que les prix des tickets ne flambent pas durant cette période de pic», déclare Amane Fethallah. Comme à l'accoutumée, le même quota d'autorisations est réservé aux entreprises espagnoles et marocaines qui opèrent sur les lignes entre le Maroc et l'Europe. Du côté espagnol, cinq compagnies maritimes, à savoir Acciona (5 navires), Baleares (2), Grimaldi (2), Armas (2) et GNV (4) participent à l'opération Marhaba 2017. Du côté marocain, les 3 entreprises sont Africa Morocco Links (AML), Intershipping et FRS Maroc qui exploitent chacune 5 navires, soit 15 navires pour chaque pays. «Néanmoins, la situation est favorable aux Espagnols qui exploitent les lignes opérant entre Sebta et Mellilia», remarque Najib Cherfaoui, expert maritime. Quoi qu'il en soit, le plus grand nombre de bateaux sera déployé sur les lignes les plus fréquentées, soit Tanger Med-Algesiras et Tanger Ville-Tarifa. Du moins, côté marocain. Une douzaine de navires estampillés Intershipping, FRS Maroc et AML desserviront les ports de Tanger-Med et Tanger-Ville. A lui seul, le port de Tanger-Med a un besoin de 35 000 places hebdomadaires pendant l'opération Marhaba. Le navire de réserve déployé par la Marine marchande aura pour mission de parer aux «accidents de parcours». «Le navire de réserve peut desservir n'importe quelle ligne en cas d'avarie technique en plan de flotte ou de défaillance d'un bateau. Le but est d'éviter des temps d'attente longs pendant les journées de pic qui peuvent frôler 4h alors que le temps maximum est limité à 2h», déclare la directrice de la Marine marchande. [tabs][tab title ="Les compagnies marocaines lorgnent les lignes long-courrier"]Les lignes long-courrier, considérées plus lucratives et plus rentables que les lignes courtes, sont encore l'apanage des compagnies étrangères. Comme il est difficile d'augmenter le nombre de navires reliant Tanger Med à Algésiras qui reste conditionné par le nombre de quais limité à 5 dans le port espagnol (accueillant 10 bateaux) contre 8 à Tanger Med, la direction de la Marine marchande prospecte de nouvelles lignes. Les compagnies marocaines espèrent bien prendre leur part du marché de la traversée de la Méditerranée. D'ailleurs, Moroccostar, le dernier navire d'AML passé sous pavillon marocain en décembre 2016, vient d'arriver à Tanger Med. «Il est en instance d'affectation, mais le trajet le plus naturel pour ce navire serait la traversée de la Méditerranée et non celle du détroit de Gibraltar», dévoile Najib Cherfaoui. Selon nos informations, dès l'été prochain, AML pourrait bien connecter Tanger Med à Sète. «Dans le cadre du plan de développement d'AML, la compagnie prévoit une ligne long-courrier entre Sète et Tanger Med. Elle nécessite des navires particuliers dotés de cabines pour le confort des passagers. AML et Intershipping prévoient d'en acquérir un chacun», déclare Mme Fethallah. Actuellement, la compagnie italienne Grimaldi relie, en 2017, Nador et Sète avec son navire GNV Atlas enregistré à Naples. Les compagnies marocaines AML et Intershipping ont, elles, un grand navire chacune sous pavillon marocain, soit respectivement Novastar et Diagoras, qui peuvent naviguer sur de longues distances. Cette saison, ils effectueront la traversée du détroit en attendant des jours meilleurs.[/tab][/tabs] De légères hausses de prix attendues en été Pour assurer la fluidité du trafic, les autorités prévoient des cartes d'embarquement unifiées et interchangeables permettant de voyager avec n'importe quelle compagnie maritime. «Pour l'instant, ce n'est pas encore confirmé. Il faut attendre fin avril», remarque un responsable commercial dans une compagnie maritime. L'opération Marhaba connaîtra donc cette année une offre abondante à même de faire face aux flux massifs et de prévenir les hausses intempestives des prix. A titre d'exemple, jusqu'à fin mai, AML a fixé le prix du ticket aller-retour pour 2 adultes et un véhicule entre Algesiras et Tanger Med à 1670 DH. «Ce prix est appelé à augmenter à partir du 1er juin 2017. Le trajet sera facturé à compter de cette date à 1 850 dirhams pour deux adultes et un véhicule. Mais on pourrait s'attendre à une légère hausse particulièrement pour les achats de tickets sur place dans les ports», explique-t-on auprès de l'agence de la compagnie située à Tanger. Selon cet agent maritime, les prix des billets des lignes courtes étant bas, les clients retardent l'achat de ces tickets car ils savent pertinemment qu'ils ne profiteront pas d'une réduction conséquente. «Par contre, pour les lignes longues telles que Tanger–Sète dont les prix peuvent atteindre 20 000DH l'aller-retour, les passagers s'y prennent à l'avance (entre février et mars) afin de bénéficier de réductions intéressantes», déclare la même source.