Samira Stail ou « le Makhzen médiatique », selon les manifestants du 20 mars. La directrice de l'information de la deuxième chaîne, répond aux critiques. Mais à sa manière. Dans une lettre, dont Lakome.com détient une copie, adressée à Salim Cheikh, directeur général de la chaîne, et une copie à Fayçal Laraichi, patron de la SNRT (Société national de radio et de télévision), elle s'en prend au journaliste syndicaliste Abderrahim Tafnout. Elle dénonce aussi les écrits du site internet lakome.com. Quant aux accusations des militants du 20 février, elle répond que ses journalistes sont « professionnels » et que dans toutes les chaînes du monde, un travail de montage est obligatoire…. Lakome.com publie l'intégralité de la lettre . « Expéditeur : SAMIRA SITAIL Destinataire : M.SALIM CHEIKH Copie : M.FAYCAL LARAICHI Le personnel de la direction de L'information Monsieur le Directeur Général, Il apparait aujourd'hui très clairement qu'une campagne de dénigrement et de désinformation qui trouve sa source à l'intérieur même des locaux de l'entreprise, est menée depuis plusieurs semaines auprès des médias, de certains acteurs politiques et associatifs et d'une partie du personnel de 2M. Une démonstration flagrante de cette campagne a eu lieu dimanche 13 mars lorsqu'une équipe de 2M a été brutalement prise a partie dans les locaux du siège du Parti Socialiste Unifié. Les différents témoignages recueillis sur place ou ultérieurement ont fait état de la participation effective de Abderahim Tafnout salarié de la direction des programmes, dans l'incitation et les encouragements aux menaces proférées ce jour là à l'encontre de notre équipe, dont le journaliste Youssef Lahmidi. En effet, plusieurs confrères de la presse écrite ainsi que des jeunes associatifs présents ce jour là, ont attesté du comportement inqualifiable d'Abderahim Tafnout, encore une fois, salarié de la chaine. Les circonstances de ce grave incident vous ont été communiquées à travers l'écrit adressé par Monsieur Youssef Lahmidi au Conseil National des Droits de l'Homme et dont une copie vous ait parvenue. Au moment où je m'adresse à vous, Abdellah Chaoubi, chauffeur assistant, et Aziz Majid cameraman, font l'objet de « pressions » pour que non seulement ils reviennent sur leur témoignage mais qu'ils signent un document à l'encontre contre Youssef Lahmidi. D'autres témoignages font également état dans plusieurs rédactions de la presse écrite d' « interventions », destinées à diffuser des rumeurs et autre informations mensongères dans l'objectif de décrédibiliser le travail de nos équipes et l'image de 2M, en stimulant un véritable déchainement de haine. De ce point de vue, l'article non signé publié par le journal en ligne « Lakoume.com » lundi 21 mars, est une illustration qui ne porte pas son nom, dans la manipulation grotesque des faits. On y rapporte que j'aurais moi-même réalisé les montages des reportages sur les marches organisées à l'appel du mouvement 20 février. Nul besoin je pense, de rappeler que les journalistes de la rédaction ont toutes les compétences et le professionnalisme requis pour faire eux-mêmes leurs montages. Cependant, il me parait utile de rappeler ici comme d'ailleurs vous avez pu le constater vous-même, qu'à l'instar des formats en la matière dans tous les journaux télévisés du monde, un reportage de 1 minute 30 ou 2 minutes, ne saurait supporter la durée intégrale des témoignages recueillis aux cours d'un tournage et que par conséquent, ils doivent faire l'objet d'un montage, ce qui ne porte en aucune manière atteinte aux positions de leurs auteurs. Il me parait important également de vous renvoyez à un article paru dans le quotidien « Akhbar Al Youm » toujours lundi 21 mars et dans lequel Abderahim Tafnout porte des accusations à mon égard dans une tentative, du reste peu crédible, de se disculper devant la gravité des faits dont ont été victimes les 3 salariés de l'entreprise. J'exprime ici mon étonnement face aux attaques troublantes d'un employé qui est rattaché à la direction des programmes depuis plusieurs années et avec lequel par conséquent, je n'entretiens aucune relation professionnelle, ni de près ni de loin. S'ajoute à cela un travail de sape quotidien connu de tous à l'intérieur même des locaux de l'entreprise où Abderahim Tafnout, s'évertue auprès d'une partie du personnel à entretenir inlassablement, un climat délétère extrêmement préjudiciable à la bonne marche du travail. La encore, de nombreux témoignages font état de propos et même d'insultes tenus dans les couloirs de l'entreprise ou encore dans la cafétéria de 2M. Loin de la noblesse de toute action syndicale ou militante qui puiserait sa légitimité dans un cadre ouvert, honnête et transparent, les agissements d'Abderahim Tafnout semblent répondre à un « agenda » dont les contours sont aussi troubles que le climat de « pression » et de terreur qui l'accompagne. En tant que salariée de 2M depuis 22 ans, attachée comme l'ensemble de mes collègues à l'histoire et à l'avenir de la chaine, je ne saurai me taire plus longtemps devant le déchainement de haine et le climat de tension jamais égalé dans le passé, suscité par de tels agissements pourtant, encore une fois, connus de tous. Je ne saurai me taire plus longtemps devant l'oisiveté choquante et injuste aux yeux de la très grande majorité du personnel, de ces individus qui n'ont aucune mission précise, visible ou connue au sein de la chaine et qui utilisent le temps et les moyens de 2M, pour dénigrer et déstabiliser leurs collègues. Je ne peux que vous rappeler l'incident qui avait vu Abderahim Tafnout se rendre aux loges du plateau 100, pour menacer et insulter Madame Sanaa Rahimi, 15 minutes avant le direct du journal télévisé de 12H45… En tant que journaliste, il est de mon devoir de dénoncer des pratiques inavouables qui mettent aujourd'hui, une fois de trop, en danger le travail de nos équipes en en faisant des « cibles », dans un contexte national dans lequel l'exacerbation des tensions de tout bord, place les medias publics au cœur de toutes les convoitises et donc de toutes les critiques. En tant que directrice de l'information, il est de ma responsabilité d'œuvrer au rétablissement de la vérité et de la protection des équipes qui travaillent chaque jour avec professionnalisme et engagement, au service de l'antenne. Ma responsabilité est d'autant plus grande que le Maroc vit actuellement un moment historique exaltant et qu'il nous faut tous, dans un esprit de solidarité sincère, être à l'écoute de tous les Marocains, sans exclusion, pour contribuer à écrire , avec professionnalisme et mobilisation, cette page ainsi ouverte. Aussi, Monsieur le Directeur Général, je vous prie de bien vouloir prendre les mesures que vous jugerez nécessaires pour rétablir une ambiance saine, indispensable à de bonnes conditions de travail. Veuillez croire, Monsieur le Directeur Général, en mes respectueuses salutations. »