L'ancien secrétaire national du Parti "La Voie Démocratique», Abdallah ELHARRIF, a lancé samedi 16 mars un appel aux forces de gauche, pour une alliance avec la Jamaa "Justice et Bienfaisance" en vue de faire face au Makhzen qui protège le Pouvoir et profite de l'économie de rente. Lors d'une table ronde politique tenue à Casablanca, où les militants de gauche débattent de l'approche à adopter vis-à-vis des disciples de Abdessalam Yassine, ELHARRIF a affirmé que la gauche militante n'est pas Tarzan, et par conséquent, elle ne peut pas, en raison de sa faiblesse actuelle, lutter sur deux fronts en simultané, le Makhzen et cette mouvance islamiste. ELHARRIF a bien pris soin de préciser que la gauche militante n'englobait pas les partis USFP ni le PPS. Dans son intervention, ELHARRIF a affirmé que la situation politique au Maroc est en état de mort en raison de l'échec des politiques d'arrangements successifs entre certaines composantes du mouvement national et le palais, et ce depuis «l'indépendance formelle». Dans son analyse de la réalité de «la gauche militante" au Maroc, l'ancien secrétaire national du parti gauchiste radical a avoué que certaines composantes de cette gauche est malade des ses illusions comme celle qui consiste à parier sur l'alliance avec «l'Union Socialiste des Forces Populaires," au lieu de se rapprocher des partis qui cherchent à un vrai changement à travers un « mouvement politique sain". Il a souligné qu'un tel rapprochement est une nécessité impérative, et qu'il est plus utile de consolider ce qui unit plutôt que d'exacerber ce qui divise, et ce pour créer un front commun qui adopte les mêmes revendications. ELHARRIF a ajouté que les mouvements de protestation au Maroc, conséquence directe du "printemps arabe", vivent un moment de reflux qui ne fait que retarder une explosion qui semble imminente, car les conditions de son irruption, la corruption et la tyrannie, qui ont donné naissance du Mouvement du 20 Février, existent toujours. Ainsi, le processus de changement au Maroc se poursuit mais à un rythme différent de celui connu dans des pays comme la Tunisie, l'Egypte, le Yémen et la Libye. Selon ELHARRIF, la «réaction pacifique" du makhzen face aux mouvements de protestation, a été le résultat du changement mondial dans le domaine des libertés, qui a conduit à l'absence de répression de ces mouvements, comme cela s'est produit avec les mouvements de protestation du Maroc dans les années 1965 et 1981 .., car au Maroc il y a une "tyrannie light", ce qui provoque l' hésitation des masses populaires. Cependant, les réformes opérées par le pouvoir au Maroc ne sont, selon lui, que des retouches, alors que le vrai pouvoir demeure concentré dans les mains du makhzen. Les foyers des véritables rentes restent intouchables, tout en opérant une ouverture sue les secteurs des télécommunications et de l'immobilier, en plus de l'agroalimentaire, que le makhzen domine depuis longtemps déjà. Dans une déclaration à Lakome.com en marge de la table ronde, ELHARRIF a indiqué que le Chef du Gouvernement Abdelilah Benkirane n'est qu'un instrument dans les mains du vrai Pouvoir, qui s'en sert pour faire passer des politiques impopulaires, telles que l'augmentation des prix des carburants, la réforme des retraites, la future loi sur la grève ... Les ministres ne sont à ses yeux que des «hauts fonctionnaires» qui ne pratiquent pas la politique mais exécutent les instructions du palais et de ses alliés, tels que la France, les Etats-Unis d'Amérique et les forces de pression similaire.