Le Haut Commissariat aux droits de l'homme des Nations Unies a exprimé aujourd'hui « sa préoccupation » après la condamnation de 25 civils sahraouis par le tribunal militaire de Rabat et l'absence d'enquête sur les allégations de torture et de mauvais traitements. « Nous sommes préoccupés par l'utilisation d'un tribunal militaire pour juger et condamner 25 civils sahraouis, inculpés suite aux violences pendant et après le démantèlement du camp de protestations de Gdim Izik près de Laâyoune, au Sahara occidental, en novembre 2010, où 11 membres des forces de sécurité marocaines et deux Sahraouis ont été tués », a indiqué aujourd'hui à Genève le porte-parole du Haut Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Rupert Colville. Les 25 civils ont été condamnés ce weekend à de lourdes peines, allant de 20 ans à la prison à vie, sauf pour deux inculpés condamnés à deux ans de prison et libérés après le procès, ayant déjà purgé leurs peines en détention préventive. « Comme souligné par le Conseil des droits de l'homme [de l'ONU], l'utilisation de tribunaux spéciaux ou militaires pour juger des civils soulève de sérieux problèmes », selon Rupert Colville, notamment en ce qui concerne l'équité, l'impartialité et l'indépendance de la justice. « Nous sommes aussi préoccupés par le fait que la plupart des accusés affirment avoir été torturés ou maltraités durant leur détention préventive alors qu'aucune enquête sur ces allégations ne semble avoir eu lieu. Ces événements [de Gdim Izik] sont très graves, impliquant des pertes humaines, et il est important que justice soit faite mais aussi que le processus judiciaire respecte scrupuleusement les standards internationaux pour un procès équitable », a-t-il ajouté. 22e session du Conseil des droits de l'homme C'est justement à Genève, que s'ouvre dans quelques jours la 22e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, pendant laquelle le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, l'argentin Juan Mendez, doit présenter publiquement son rapport sur la torture au Maroc. A l'occasion de cette 22e session, le parlement européen avait de son côté voté le 7 février dernier une résolution qui dénonçait notamment les violations des droits de l'homme au Sahara. Les eurodéputés appelaient au respect des droits fondamentaux, à la libération des « détenus politiques sahraouis » et « la mise en place d'un mécanisme international de surveillance des droits de l'homme » dans le territoire.