Envahissante, menaçante… Que n'a-t-on pas entendu à propos de la Chine ? Tout le monde y va de son explication. Pourtant, la Chine est une vraie opportunité pour les pays en développement qui doivent profiter de cette manne pour s'équiper à moindres frais. La Chine pèse de plus en plus sur l'économie mondiale. Son développement est en train de rebattre les cartes du Sud et de changer la donne du nord. Il n'est ni de pays où l'on ne craint l'invasion des produits chinois, ni de commerçants qui ne veuillent profiter de l'opportunité d'importation. L'empire du Milieu se joue des compromis et pose moult problème. C'est, en tout cas, ce que prétend tout le monde. "La Chine envahit, la Chine menace". Ce sont là deux expressions que l'on a entendues à plusieurs reprises. Ses exportations manufacturières bon marché concurrencent directement les produits des pays du Sud comme le Maroc. Et avec l'ouverture du marché mondial des textiles au 1er janvier 2005, l'industrie textile des pays émergeants, dont le Maroc, souffre de cette situation. Les conséquences de la levée des quotas d'importation sur certains produits donne, ces dernières années, une idée de la concurrence chinoise pour le secteur du textile marocain. Depuis 2003, la Chine est devenue le premier fournisseur de vêtements dans les marchés traditionnels marocains qu'est l'Union européenne (+ 46 %) ; ses exportations vers les Etats-Unis ont été multipliées par sept, voire plus (65 %) depuis la libéralisation du marché des soutiens-gorge en 2001 ! Si cet état des choses est, aujourd'hui, une réalité, tout n'est pas pourtant à décrier. Et pour cause, les pays spécialisés dans les produits de base, des phosphates marocains ou du cuivre chilien ou argentin, par exemple, voient leur situation s'améliorer. La Chine est devenue un importateur net de ces matières dont elle tire les prix à la hausse de manière durable. La question qui reste posée. Cependant, est la suivante : d'un côté, des produits manufacturés chinois qui essaiment le monde, de l'autre l'appétit de l'ogre de ce pays continent en matières premières, cette situation est-elle favorable pour un pays comme le Maroc ? À première vue, la réponse est oui puisque de l'année 2002 à 2003, les relations économiques entre la Chine et le continent africain ont connu un boom de plus de 20 % pour atteindre quelques 18,5 milliards de dollars. Et ce sont des "géants" économiques du continent, comme le Maroc, l'Afrique du Sud, l'Algérie, l'Angola ou le Nigeria qui en ont plus profité. Ce chiffre, selon les experts, devrait atteindre, cette année, les 30 milliards de dollars américains. Une manne que le Maroc ne va certainement pas laisser filer entre les doigts au profit des pays pétroliers du continent. C'est l'occasion, lors de la visite de Hu Jintao, pour le Maroc de se mettre à la diplomatie économique. Lui, qui a un positionnement unique sur le Continent noir, il pourrait intéresser beaucoup les entrepreneurs chinois à venir délocaliser une partie de leur production destinée au marché européen, africain et arabe au Maroc. La Chine aura ainsi profité de la rente géographique marocaine qui n'est pas rien dans les coûts de transport. Durant les années 90, le volume du commerce bilatéral entre le Maroc et la Chine était insignifiant, puisqu'il ne dépassait pas bon an mal an quelques 150 millions de dollars. C'est vers la fin de cette décennie que les choses ont commencé à monter. Ainsi, en 1998, plus de 200 millions de dollars ont été réalisés. Depuis cette date, on assiste, année après année, à une hausse continue. En 2003, ce volume a dépassé, par exemple, les 500 millions de dollars. Cette augmentation s'explique par une modification de la structure des échanges. Les produits comme le thé, naguère prisés par les Marocains, cèdent de la place au hi-tech in China. Ce sont, désormais, les biens d'équipement comme l'électroménager, les articles électriques et électroniques ou les plastiques qui renforcent l'évolution positive des échanges entre les deux pays. Aujourd'hui, pourtant, malgré tout ce que l'on a bien voulu en dire, la Chine apparaît, de plus en plus, comme une opportunité. Car les pays en développement doivent plus que jamais considérer les coûts bas comme une possibilité inouïe de pouvoir s'équiper sur le plan industriel, mais également de consommer à moindre frais.