Une veillée d'armes, une soirée qui restera gravée dans les mémoires : des agents de l'ordre, policiers, CMI, GSU et Forces Auxiliaires confondus, des commissariats, des infirmiers et médecins des services des urgences, des habitants des quartiers avoisinant l'ancien « Stade d'Honneur », des autorités, des responsables du Wydad et de la FRMF, chargés de l'organisation du match, et les quelque 50.000 spectateurs qui ont cru bon d'aller assister, de nuit, au sommet de l'année. Le classique opposant les deux clubs les plus prestigieux du football marocain. Les FAR, champions en titre, troisièmes au classement de cette saison venus de Rabat, pour reprendre leur titre et freiner l'ascension du Wydad qui s'élance déjà vers la conquête du titre qu'il n'a plus remporté depuis 1992. Le match, remporté par le WAC, avait tous les ingrédients d'une grande rencontre sportive. Le WAC a gagné, mais les FAR, ayant encaissé l'unique but du match, sur une erreur partagée entre le gardien et sa défense, pouvaient égaliser à tout moment. Un match de belle facture et hautement représentatif de la valeur atteinte par notre championnat national. Mais en dehors de la pelouse rénovée d'un complexe que l'on s'apprête à adapter aux standards internationaux pour une enveloppe de 9 milliards de centimes, c'est toute une autre histoire. Pendant le match, dans les tribunes du Complexe Mohammed V transformées en champs de quolibets et d'injures réciproques entre supporteurs casablancais et r'batis, puis à la fin, à la sortie, dans les ruelles des quartiers situés tout autour du Complexe. Si les autorités ont eu le réflexe de garder une bonne partie des supporters des FAR venus de Rabat, pendant près d'une heure dans l'enceinte du terrain, avant de les escorter jusqu'à la gare de Casa Voyageurs ou la gare routière d'Oulad Ziane, il n'en reste pas moins que nombre de supporteurs présumés du Wydad, ou tout simplement de jeunes délinquants emmenés par bus de tous les quartiers de Casablanca ont tout saccagé : voitures stationnées, panneaux, feux rouges, publiphones, et même des garages de villas investis (voir photo ci-contre). Dès la mi-journée, les habitants des quartiers du Maârif ont commencé à sentir le roussi. La horde de supporteurs que les bus et les cars déposaient, qui, traversant ces quartiers, brandissant drapeaux et maillots rouge et blanc ou rouge, vert et noir, donnaient déjà une idée sur ce qui allait se passer pendant la nuit, le match étant prévu entre 20 heures et 22 heures. Et même si les dirigeants du Wydad avaient protesté contre la retransmission du match à la télévision (TVM) qui risquait de les priver d'un beau pactole susceptible d'alléger leurs soucis financiers après leur élimination de la Coupe arabe, ils étaient bel et bien près de 50.000 spectateurs dont une bonne partie venait de Rabat ou d'autres villes de la région. De nombreux « fans de foot » ont cru bon de se rendre au stade avec leurs enfants, ou leurs femmes qui célébraient en ce mercredi 8 mars leur journée mondiale. Mais face à ces « fous du foot », ils ont certainement dû le regretter vivement. Avec au moins 3 morts et des dizaines de blessés enregistrés durant les deux dernières années sur les stades du football, faire jouer de tels matches en nocturne en plein centre-ville restera toujours un gros risque. Aussi longtemps que les autorités n'auront pas la capacité de maîtriser les spectateurs et de placer des garde-fous. Alors, vivement un Complexe sportif en dehors du centre-ville. La tranquillité, la sécurité, les biens et même la vie de milliers de citoyens casablancais en dépendent.