Si pendant le mois de Ramadan, parmi les dossiers présentés par la police judiciaire devant le Parquet, les affaires de trafic de stupéfiants constituaient le gros lot, la semaine dernière les chambres correctionnelles des tribunaux de première instance de Casablanca étaient au rendez-vous avec d'autres délits. Les accusés défilaient par dizaines. La plupart d'entre eux n'avaient pas d'avocats. Youssef dit devant le président de la salle d'audience qu'il ne se rappelait de rien jusqu'au moment où il a été conduit au commissariat. Il s'est retrouvé avec un couteau, mais ne sait plus s'il a blessé quelqu'un ou pas. - J'avais bu, je ne sais plus combien mais je ne me souviens plus de rien. Un autre accusé comparaît lui aussi en état d'arrestation. La plaignante est son épouse. Elle l'accuse de l'avoir malmenée voire battue. L'accusé avoue que dans un moment de colère, alors qu'il se trouvait dans la cuisine, il a pris un couteau et menacé son épouse. Mqadem, un jeune de trente ans, comparaît pour détention de psychotropes. Sept comprimés ont été trouvés sur lui au moment de son arrestation. Abdeslam, assisté par un avocat, contrairement aux autres accusés, avouera qu'il s'est retrouvé au milieu d'un attroupement de personnes qui le tabassaient. Son avocat évoquera la légitime défense. L'affaire a commencé par une simple rixe entre lui et un voisin lorsque toute la famille s'est lancée sur lui. Pris de peur, il aperçoit un couteau dans le cimetière et essaie de se défendre. L'avocat a plaidé l'innocence de l'accusé, mais le substitut du procureur a demandé l'application de la loi. Vient le tour de Abderrahim, un jeune père de famille qui s'est trouvé coincé dans les escaliers devant son voisin qui tenait un couteau à la main. Ne sachant que faire devant la menace, il donne des coups de pieds au voisin qui tombe et se blesse. Mais, c'est Abderrahim qui sera poursuivi pour coups et blessures. L'avocat de Abderrahim, plaidant l'innocence de son client, a remis à la Cour un désistement signé et légalisé par le voisin, un certain Abdelaziz Lâaraj et deux extraits d'actes de naissance prouvant l'existence de deux enfants à charge. Le groupe des quatre arrive encore une fois devant le président de la salle. Il s'agit des étudiants universitaires accusés de trafic de stupéfiants à l'échelle internationale. Les procès verbaux de la police judiciaire parlent de perquisition de cocaïne même. Au fur et à mesure que les audiences passent, depuis le début du mois de Ramadan, les avocats changent et à chaque fois ils demandent la liberté provisoire en faveur des détenus. Une demande qui est toujours refusée. A l'audience du 9 novembre, un représentant de l'Administration des Douanes et impôts indirects s'est constitué partie-civile, mais, le président, à la demande de la défense, a exigé la présentation devant la Cour des stupéfiants saisis par la police judiciaire. Ce qui a justifié un autre renvoi du dossier.