BIO EXPRESS Sa vie n'a pas été un long fleuve tranquille, bien au contraire.Younes Moujahid, l'actuel secrétaire général du Syndicat Nationl de la Presse marocaine (SNPM), a atterri très tôt dans le monde de l'engagement politique. Actuellement membre du conseil national de l'USFP, l'infatigable militant avait fait ses premières armes au sein de la branche radicale de la gauche. Détenu politique pendant une décennie, il n'aque peu changé, côté ferveur militante. Pour commenter l'actualité du pays ou celle de la profession, le SG du SNPM n'y va pas par quatre chemins. Il en a déjà payé le prix, et pas qu'une seule fois. En 2001, Moujahid s'est inscrit en porte-à-faux vis-à-vis de la loi sur la presse. Une position qui avait été mal vue par la hiérarchie de son parti. Edifiant. Le 15 novembre que le Maroc en général et la profession en particulier s'apprêtent à célébrer, est comme tout un chacun le sait la date de la promulgation du dahir communément appelé «Dahir de 1958», ayant trait aux libertés publiques. Déja, aux tout débuts de l'indépendance, le Maroc avait manifesté un grand intérêt, sinon un réel engagement en faveur des libertés.Un intérêt qui, faut-il le rappeler est à mettre sur le compte de cet élan patriotique animé par un mouvement national sorti victorieux. Visées Il va sans dire, que la célébration cette année de cet événement en garde encore l'esprit et l'engagement initial, il n'en demeure pas moins que les temps ont beaucoup changé et la situation amplement évolué. Résultat, on est face à de nouveaux défis, stratégies et autres questions. L'une des priorités actuelles est sans doute aucun la question des conditions dans lesquelles évoluent le journaliste et le journalisme au Maroc. Je pense ici à l'environnement qui accompagne, sinon conditionne le travail de presse, que ce soit au niveau financier , professionnel ou bien en ce qui concerne la promotion des ressources humaines. Le constat est, on ne peut plus sans appel. Disons-le donc clairement : les conditions de donner corps à cette liberté de presse sont en-déça du minimum requis. Ce qui pénalise bien évidemment le métier. Deuxième constat, qui découle d'ailleurs du premier se rapporte aux différents acteurs politiques; ceux-là même qui président, en tant qu'acteurs essentiels, aux destinées de la presse, tous secteurs confondus. On constate, non sans inquiétude que le degré de leur intêret, nettement plus fort au passé, quant à la liberté de la presse est de plus en plus faible. Autre phénomène inquiétant, vu leur rôle dans la défense et la promotion des libertés. En dépit du débat en cours sur les lois et les législations propres au domaine, des résistances persistent et freinent l'essor de l'expression des libertés Résistances Et pour cause. Nonobstant tout ce qui se dit ou se trouve dans les nouvelles dispositions de loi, et il faut reconnaître que de réelles avancées ont été realisées, la pratique va à contre courant , et souvent l'esprit est louable mais la chair est faible comme dit l'adage. On fait l'impasse par exemple sur les dispositions privatives de liberté et autres menaces d'emprisonner les journalistes. Force est de constater également l'instrumentalisation de la justice en vue d'étouffer la presse par le biais de lourdes peines qui sont souvent disproportionnées et exagérées. De plus, la capacité de nuire à la liberté de la presse est avérée. Ceci étant, les avancées, indéniables certes déjà enregistrées dans le domaine de l'audiovisuel, surtout au niveau des législations, ne se traduisent malheureusement pas dans les faits. Concrètement, le texte et l'esprit ne vont pas de pair. Un exemple parmi d'autres, le service sensé être public, n'est en fin de compte qu'un service officiel, où règnent les mêmes pratiques désuètes, la même langue de bois, les mêmes reflèxes, parfois liberticides. Le débat intellectuel et politique, pour ne citer que ces deux exemples fait défaut également. Bref, si la super-structure a connu une évolution, rien de tel ; ou de moins rien de plus concret n'est encore enregistré au niveau de l'infrastructure. D‘autres signes de malaise sont aussi identifiables sur le plan de la convention collective, et le contrat –programme, par ailleurs très positif dans le texte, et dont tout le monde a parlé et loué l'initiative. Où en est-on justement ? Une seule réponse : blocage total. Et c'est pourquoi le SNPM appelle au port du brassard, et à un sit-in devant le palais du congrès à skhirat où ont eu lieu les assises nationales sur les médias, ce lundi 14 novembre. Tout un symbole