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“Le Maroc est un joueur clé dans la région”
Publié dans La Gazette du Maroc le 18 - 07 - 2005

L'Ambassadeur du Canada à Rabat, Mme CARMEN SYLVAIN
Depuis le 1er juillet 1867,
le Canada célèbre sa fête nationale qui symbolise l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, composé de l'Ontario, le Québec,
la Nouvelle-Ecosse et le Nouveau-Brunswick qui s'unirent en une seule nation, le Dominion du Canada.
Entre le Maroc et le Canada existent beaucoup de points communs, en tant que deux pays qui croient et défendent la paix, la sécurité, la stabilité et la coexistence entre
les différentes cultures, ethnies et religions .
La Gazette du Maroc : le Canada célèbre sa fête nationale dans une conjoncture marquée par l'émergence du phénomène du terrorisme. Quels sont les efforts entrepris par votre pays pour lutter contre ce problème tout en protégeant les droits des Musulmans et des Arabes résidents au Canada?
Mme Carmen Sylvain : tout comme le Maroc, le Canada s'active dans la lutte contre le terrorisme afin de préserver la stabilité mondiale et d'assurer à tous et toutes un environnement sain où les sociétés pourront se développer sans crainte. Depuis le 11 septembre, nous avons augmenté notre coopération avec nombre de pays victimes du terrorisme et nous sommes particulièrement intéressés à soutenir l'agenda de la sécurité humaine, cette politique étrangère qui recherche une stabilité durable en axant l'action sur la protection de la vie, la sécurité et les droits des individus. À cet effet, nous sommes conscients qu'il faut combattre préjugés et stéréotypes partout à travers le monde, y compris chez nous. Notre politique antiterroriste ne peut donc se faire au détriment des citoyens et résidents du Canada. L'article 15 de notre Charte des droits et libertés, qui a fêté ses 20 ans l'an dernier, précise que toutes les personnes au Canada sont égales devant la loi et ce, peu importe leur race, religion, nationalité, origine ethnique, couleur, sexe, âge ou même déficience mentale.
C'est pour nous un article important et qui définit bien le contexte dans lequel le gouvernement du Canada entend gérer les crises internationales auxquelles il est confronté.
Chez nous, des modifications législatives ont permis au Canada d'appuyer la résolution 1373 du Conseil de sécurité des Nations Unies pour geler les avoirs de ceux qui commettent des actes terroristes ou facilitent la perpétration de tels actes et empêcher que des fonds soient versés ou recueillis aux fins du terrorisme. D'autres mesures législatives adoptées par le gouvernement du Canada visent à dissuader et neutraliser les organisations terroristes et à fournir des instruments supplémentaires de prévention, de détection, d'enquête et de poursuite judiciaire. Mais si nous avons mis en place de nouvelles mesures depuis 2001, certains de nos programmes sociaux en fonction existent tout de même depuis plus de 20 ans car le multiculturalisme est une réalité canadienne dont nous sommes fiers et que nous célébrons.
Le Canada est le premier pays à avoir adopté une politique multiculturelle et notre ministère du Patrimoine, par exemple, gère depuis plus de 20 ans un programme permanent de promotion du multiculturalisme et de relations raciales. À travers ce programme, nous appuyons et finançons des projets de toutes sortes qui proviennent des différentes communautés qui forment le Canada aujourd'hui. Un exemple de notre travail concret sur le terrain canadien est certainement celui de notre action de soutien au travail du Centre de la Jeunesse arabe de Montréal afin de combattre les préjugés dont auraient pu être victimes les communautés arabes et musulmanes de cette région. Nous avons de plus développé un plan d'action national contre le racisme que nous avons appelé: "Un Canada pour tous" et nous avons créé des comités chargés de se pencher sur les relations entre le Canada et le monde musulman, tel que le Comité parlementaire permanent des affaires étrangères qui est venu au Maroc dans le cadre de son travail d'études et de recherches. Mais il faut aussi souligner le travail que fait la communauté arabe et musulmane au Canada. En s'impliquant et en s'investissant, elle contribue à faire connaître sa culture et à promouvoir le positivisme du multiculturalisme. Le Festival du monde arabe qui a lieu chaque année à Montréal, créé et géré par des membres de la communauté, est un événement unique en Amérique et qui encourage l'échange culturel et le dialogue.
L.G.M : quelle évaluation pouvez-vous faire de l'évolution des relations bilatérales entre le Canada et le Maroc ?
C.S : le Canada et le Maroc entretiennent officiellement des relations diplomatiques depuis 1962. Depuis, les liens d'amitié et de coopération entre les deux pays se sont progressivement renforcés d'année en année. Pendant les trente premières années, nos relations se sont d'abord traduites dans le domaine du développement et notre agence de coopération a contribué pour quelques 400 millions de dollars à des projets marocains entre 1963 et 1998. Les rapports entre le Maroc et le Canada ont continué à évoluer et une solide relation politique plus diversifiée s'est construite peu à peu. En effet, notre appartenance commune à la Francophonie et la présence au Canada d'une communauté marocaine de maintenant plus de 60 000 personnes (c'est la plus importante communauté nord-africaine du Canada) rapprochent nos deux pays et nous collaborons régulièrement dans le cadre de différents dossiers internationaux pour lesquels nous partageons les mêmes positions. Nous avons connu au cours des 4 dernières années un nombre toujours croissant de visites officielles de haut niveau et le grand défi auquel nous sommes actuellement confrontés doit nous amener à passer d'une relation autrefois basée sur l'aide au développement à une relation politique et commerciale moderne en tant que partenaires égaux. La croissance de l'immigration des Marocains au Canada et les nouvelles priorités politiques et économiques des deux pays nous encouragent dans nos efforts de même que les recommandations positives émises par le Comité parlementaire permanent des affaires étrangères chargé d'évaluer les relations entre le Canada et le monde musulman. Pour le Canada, le Maroc est un partenaire fiable, motivé et dynamique qui assume un rôle clé dans la région. C'est ce qui motive le développement de tous nos projets communs.
L.G.M : est-ce qu'il y a des projets communs entre les deux pays?
C.S : bien sûr! Nous travaillons régulièrement à identifier nos intérêts communs susceptibles de se traduire en projets concrets sur le terrain. En ce moment, nous entrons dans la phase finale de la mise en place d'une nouvelle stratégie de coopération qui amène le Canada à intervenir dans des secteurs stratégiques au Maroc tels que l'éducation de base, la formation professionnelle, l'égalité entre les sexes et la gouvernance locale. Ces nouveaux programmes de coopération favoriseront certainement de nouveaux horizons et nous permettrons de développer notre connaissance respective des besoins des uns et des autres. Cette coopération devra s'appuyer sur des rapports institutionnels, commerciaux et multilatéraux toujours plus importants mais elle puisera également sa force dans notre relation politique. Cette dernière explore également les possibilités de collaboration dans un cadre multilatéral. Nos points communs: la sécurité mondiale, le maintien de la paix et la lutte contre le terrorisme par exemple, font déjà l'objet de certains projets, tous à différents stages. Tout récemment par exemple, le Centre canadien Pearson pour le maintien de la Paix et les F.A.R. ont mené à bien un projet très intéressant de formation pour des instructeurs en maintien de la paix et nous explorons différentes suites à y donner. Du côté du commerce, les choses bougent également et se développent dans de nouveaux secteurs clés. Ainsi, vous verrez sous peu apparaître à Rabat une deuxième boutique (après Casablanca) de lingerie fine sous les couleurs de la franchise canadienne “La Vie en Rose”, de même que nous pouvons vous dire, aujourd'hui, que la firme pétrolière Petro-Canada et l'ONHYM sont actuellement en négociations, très avancées d'ailleurs, pour la signature d'un contrat de reconnaissance pétrolière qui pourrait mener éventuellement à un contrat d'exploration.
L.G.M : quelle est votre stratégie pour augmenter les échanges commerciaux entre Rabat et Ottawa ?
C.S : nos échanges économiques et commerciaux sont relativement "modestes", en ce moment, si nous considérons que le Maroc était classé comme 51 ème partenaire commercial du Canada en 2004 (comme “destination” de nos exportations), mais il faut souligner que ces échanges se diversifient de plus en plus et que de nouveaux secteurs s'ouvrent à nous. Nous travaillons d'ailleurs à identifier des opportunités d'affaires spécifiques et à les jumeler à des expertises canadiennes dans les domaines de la santé, de l'environnement et des nouvelles technologies, entre autres choses. Avec la mondialisation, les produits et les services voyagent de plus en plus et l'Océan qui nous sépare n'est plus désormais un obstacle difficile à surmonter.
Pour passer à une vitesse supérieure, il faut toutefois améliorer la connaissance que nous avons les uns des autres. L'éducation est un excellent médium pour se faire, en établissant des liens humains entre nos deux pays, nous encourageons les jeunes étudiants marocains au Canada à faire profiter le Maroc des connaissances qu'ils développent sur le Canada. Mais le Canada doit aussi travailler à faire connaître davantage toutes les régions du Canada au Maroc. Si un lien naturel s'est établi avec le Québec et qu'il est la source de la majorité de nos échanges, d'autres provinces présentent également des expertises et des produits qui seraient très intéressants pour le Maroc. L'Ambassade travaillera donc au cours des prochains mois à valoriser ces autres provinces aux Marocains mais elle entreprendra également un travail de terrain au Canada, avec différents partenaires, afin de faire connaître le dynamisme du Maroc et les grandes réformes socioéconomiques qu'il met en place, à plusieurs provinces ciblées. Nous comptons également encourager davantage les missions d'affaires et les visites officielles de haut niveau afin de présenter le Maroc comme une excellente opportunité d'affaires. En augmentant nos connaissances respectives, nous augmenterons les occasions d'affaires dans des secteurs communs et nous nous découvrirons certainement de nouveaux domaines d'intérêts.
L.G.M : quelles sont les perspectives de la coopération bilatérale entre le Maroc et le Canada ?
C.S : vous avez au Maroc des institutions qui partagent les mêmes objectifs et visent les mêmes résultats que de nombreuses institutions canadiennes. Nous travaillons à les identifier et à encourager les partenariats entre elles. Les résultats que nous connaissons depuis quelques années nous laissent très confiants face à l'avenir. Je crois sincèrement que la relation qui existe entre le Maroc et le Canada n'est en fait qu'à ses débuts et que le meilleur reste à venir! Nous avons beaucoup à partager et à échanger, nous avons des intérêts communs et des affinités certaines. Nous devrions voir de plus en plus d'échanges et d'avancées au cours des prochaines années que ce soit dans le cadre de dossiers multilatéraux, tels que la réforme du Système des Nations-Unies, la lutte contre le terrorisme, les négociations de l'OMC, la Convention sur la diversité culturelle et le maintien de la paix, ou encore dans les dossiers bilatéraux ou régionaux qui nous intéressent. À titre d'exemple, je pourrais souligner le thème de la coopération tripartite en faveur des pays d'Afrique subsaharienne. Je sais que pour le Maroc, les relations avec les autres pays du continent africain ont toujours constitué un axe important de la politique de coopération. Le Maroc a acquis une expertise et un savoir-faire sollicités par plusieurs pays africains dans le besoin. Depuis quelques années, le Canada s'efforce d'intégrer dans la gestion de ses programmes de coopération des éléments de coopération tripartite, toute notre nouvelle stratégie de coopération au Maroc en comprend d'ailleurs des éléments. Ce ne sont définitivement pas les perspectives de coopération bilatérale qui manquent. Nos équipes respectives sont d'ailleurs bien occupées à les développer et à les mettre en place.
L.G.M : que pensez-vous de l'Initiative royale pour le développement humain? et est-ce que votre pays participera dans le financement de ce programme ?
C.S : je pense sincèrement que cette initiative constitue un plan de développement du Maroc des plus audacieux. Il place l'être humain à la base du développement et tout le monde sera d'accord pour reconnaître qu'investir dans l'être humain, c'est assurer son avenir. Les termes de cette initiative touchent la population toute entière et tous les acteurs économiques et sociaux seront impliqués pour l'accomplissement et la réussite de cette initiative. Elle permettra aux couches les plus défavorisées d'accéder à un niveau de vie supérieur et permettra ainsi un développement encore plus rapide du pays. Le Canada a suivi de près les annonces faites dans le cadre de cette initiative de même que les réactions locales qui ont suivi. Nous avons été heureux de constater que toutes les instances marocaines, les partis politiques et les ONGs ont exprimé jusqu'ici une adhésion totale à cette initiative et sont prêts à participer. Cela ne peut que jouer en faveur de son succès. Le cadre, les détails, les procédures se dévoileront au cours des prochains mois et nous serons aussi attentifs à en suivre le développement. Ce projet sera certainement également suivi de près par le reste de la région. Quant au financement, le Canada contribue déjà, par le biais de son programme de coopération bilatérale à plusieurs des priorités énoncées par le Roi. Nous contribuons également par l'entremise de notre Fonds d'initiatives locales qui est majoritairement utilisé pour aider les petites communautés rurales.
L.G.M : quelle est la position du Canada sur la question du Sahara ?
C.S : dès les débuts, lorsque les parties concernées ont fait le choix de soumettre le dossier du Sahara occidental au processus onusien, le Canada avait exprimé son soutien face à ce choix et nous continuons aujourd'hui de croire qu'une solution pacifique et politique à ce dossier est la meilleure chose pour le Maroc et la région. Le Canada favorise le dialogue, les négociations et les ententes. C'est, nous le croyons, la seule façon d'obtenir une résolution du conflit, une solution viable et durable. Il faut définitivement viser le long terme. Et, une solution pacifique permettrait au Maghreb de poursuivre sur sa lancée la croissance économique et sociale. Le Maroc est un joueur clé dans la région, c'est un pays très dynamique et toutes les réformes qu'il entreprend témoignent de son désir d'ouverture et de modernisme. Le dossier du Sahara occidental est bien sûr complexe, délicat et il nécessite l'attention constante des dirigeants qui doivent le gérer tout en continuant les grands projets de réformes du pays. Nous encourageons tous les intéressés à poursuivre le dialogue, une solution pacifique est possible et nous devons tous garder cet objectif en vue.


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