Repenser l'éducation nationale dans un contexte international est une exigence dictée par l'ouverture des frontières qui se profile à l'horizon 2010. Pour entrer de plain-pied dans l'ère de la globalisation, le Maroc doit recentrer ses priorités en matière d'éducation autour de principes mondialement reconnus. Pour donner à la question toute l'attention qu'elle mérite, l'institution “ Ecoles Al Madina ” a organisé, jeudi dernier, un colloque sur les enjeux de l'éducation internationale, avec la participation d'éminents intervenants du monde de l'éducation nationale et internationale. Des représentants de l'Organisation du baccalauréat international OBI, installée à Genève, ont enrichi le débat en mettant en exergue l'expérience internationale en matière d'éducation. Ce fut, en outre, une occasion de situer les défaillances du système éducatif en place et de définir les moyens de combler les lacunes. Sachant que les limites entre le local et l'international sont de plus en plus brouillées, l'éducation internationale ne relève plus d'un choix, c'est désormais une exigence. Cependant une question se pose : cette dernière ne représente-t-elle pas une menace pour notre authenticité socio-culturelle ? Selon Monique Conn, de l'OBI, la mise en pratique des buts et valeurs de l'éducation internationale est une manière de dépasser les idées préconçues et de renforcer les principes de tolérance et de connaissance de l'autre. Cependant, précise Mme Conn, des iniquités au niveau des ressources et le manque de budgets condamnent les pays pauvres à traîner loin derrière les pays développés en matière d'éducation. La vétusté des équipements, le nombre réduit des enseignants, combinés à des salaires médiocres et à des conditions de travail archaïques, consacrant la dévalorisation de l'image de l'enseignant, ont fini par vouer à l'échec toute tentative de réforme de l'éducation nationale. Par conséquent, cette dernière n'a pas pu s'adapter au nouveau contexte accompagnant les changements sociaux qui s'opèrent au Maroc. Implication de l'étudiant Pour Mme Conn, les défis de la nouvelle donne internationale impliquent la recherche d'une éducation plus centrée sur le jeune, dans un monde plus global. Pour ce faire, elle précise qu'il faut développer chez les jeunes des compétences et des formes d'intelligence multiples. Dans cette perspective, les stratégies pédagogiques doivent changer dans le sens d'une plus grande implication de l'étudiant dans l'apprentissage. Mme Conn prône à cet effet le développement de savoir-faire chez les étudiants, surtout dans le premier cycle de l'éducation, l'auto-évaluation du jeune et l'initiation à une participation effective dans lavie communautaire et, surtout, aux nouvelles technologies de la communication. Le résultat escompté est de développer chez les étudiants une conscience de citoyen du monde, à travers leur initiation, notamment vis-à-vis des grandes questions mondiales et de l'acquisition des langues étrangères. Les jeunes Marocains attendent des interventions de ce genre qui soient adaptées aux besoins de demain. Pour Mohammed Bouzidi, enseignant à l'IHEM, la nouvelle ère est sans conteste celle de la délocalisation de l'apprentissage, à travers les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Par le biais de la télé-conférence par exemple, l'étudiant peut suivre chez lui des cours télévisés et faire des échanges. L'accès à la formation ne posera plus de problème, selon M. Bouzidi, chose qui déclenchera une réelle concurrence à l'échelle planétaire entre professeurs, et profitera par conséquent à la qualité du savoir dispensé. L'adaptation de l'étudiant à de tels chamboulements est donc capitale, dans la mesure où le monde du travail exigera de plus en plus de profils spécifiques répondant à de nouveaux besoins en matière de compétences et d'opérationnalité. Mais, pour être à la hauteur de ces défis, M. Bouzidi insiste sur l'importance d'aider les jeunes étudiants à apprendre le respect et l'estime de soi comme base de leur intégration dans la culture de la mondialisation du savoir. A l'antipode de ces représentations futuristes de l'éducation internationale, le Dr. Hassan Smili est revenu sur le caractère archaïque de l'éducation nationale marocaine, pour dire qu'on est encore loin de pouvoir profiter des innovations de l'éducation internationale. Pour H. Smili, notre éducation nationale est régie par une culture qui sacralise le savoir et tue, chez l'étudiant, l'esprit critique et d'analyse. Il a tiré la sonnette d'alarme, en insistant sur l'urgence d'une réelle réforme de l'éducation nationale. Surtout dans une optique qui prenne en compte les apports de l'éducation internationale et leur adaptation au contexte national.