Colonie de vacances Dans les yeux de nombreuses personnes, le mot «vacances» est synonyme aux voyages, de sorties et de plage. Mais pour certaines familles, ce mot n'a pas de sens. Car quand les moyens manquent, plus rien ne compte et le temps pèse lourd. Cette évidence a poussé la grande wilaya de Casablanca à amorcer une opération très louable : donner la chance à des centaines de familles de pouvoir vivre cinq jours de vacances sur la plage de Tamaris... Une initiative qui a rendu le sourire à plus d'un enfant... our ordinaire. Une belle journée d'août, où l'air chaud était mélangé aux parfums de la terre... Mais pour Mohamed et sa famille c'est plutôt extraordinaire, un jour de rêve, car pour la première fois ils ont l'occasion de partir à la plage. Aujourd'hui tout le monde s'est réveillé très tôt, circonstance oblige. Toute la famille va partir pour de vraies vacances. Ainsi, le père, la mère et les quatre enfants se sont réveillés à six heures du matin. “Quoique les enfants n'ont pas pu dormir par excitation”, explique la mère. En effet, c'est aujourd'hui le jour J. Le jour où plus de vingt familles vont se rencontrer à la commune de Sidi Mâarouf pour prendre le bus afin de passer toute une journée au bord de la mer de Tamaris III. A 8 heures, tout le monde se rend au rendez-vous comme prévu. Après une heure de route, les bus arrivent à destination. Sur le sable doré, des tentes ont été dressées. Alignée l'une à côté de l'autre, chaque tente rassemblait plus de deux à trois familles composées chacune de 5 à 26 personnes. Toutes venues du même quartier. Mais ces familles n'étaient pas les seules à avoir cette chance de passer cinq jours au bord de cette plage. Initié par la wilaya de Casablanca en collaboration avec huit préfectures : Anfa, El Fida Derb Soltane, Aïn Chock, Ben Msick, Moulay Rachid, Sid Bernoussi, Hay Hassani, Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi, ce geste vient aider presque toutes les familles démunies, qui résident dans les huit préfectures, pour bénéficier de cinq jours de vacances en leur assurant de transport, des tentes sur la plage et des activités sportives et culturelles... Aujourd'hui c'est mercredi. Cela coïncide avec le début de la première période d'estivage. Le programme de la journée a déjà été fixé par la direction de la colonie. Les activités commencent à 9 h du matin. L'heure d'arrivée des familles. Après leur installation dans les tentes. La radio de la colonie commence à diffuser les chansons... Tandis que les terrains de football et de volley-ball se remplissent d'hommes et d'enfants qui ne tardent pas à entamer un match, les femmes accompagnées de leurs filles entament une longue randonnée au bord de la mer. Certaines décident même de les accompagner dans leur baignade. À midi, les familles se réunissent à nouveau. C'est l'heure du déjeuner. La plupart des familles ont préparé leur repas à l'avance. Les tentes réunissant plus de trois foyers deviennent un véritable petit restaurant ; les familles partagent les repas et les discussions. Une expression de bonheur s'affiche sur les visages des enfants...À 13h la radio s'arrête. Un calme règne sur les lieux. Les activités s'arrêtent doucement. C'est l'heure de la sieste...A 14 h 30, la vie reprend à la colonie. Des enfants commencent à jouer au tennis. La musique reprend... Une grande scène a été montée au milieu de la colonie juste à côté de la radio. À 15 h, la scène est remplie. Tous les enfants sont montés danser sur les rythmes de la chanson de “Nancy Agram”, “puisque c'est la diva des enfants actuellement” explique le DJ. D'autres enfants ont préféré pratiquer une activité plus décontractée : il s'agit du dessin. Dans une tente, une dizaine de jeunes s'est entassée. Chacun était concentré sur une feuille blanche sur laquelle il dessinait le thème qu'il a choisi. Sur la plage, les compétitions avaient déjà commencé. La première était celle de la course. Les enfants, quant à eux, ont préféré participer à la compétition de la construction des châteaux de sable. Certains ont préféré construire un barrage et d'autres dessiner un poisson. Mais la participation la plus marquante était celle d'un enfant ayant dessiné un portrait d'un jeune décédé lors de sa tentation d'immigrer dans une barque de la mort. Un groupe de trois enfants était occupé à restituer désespérément son château de sable emporté par une vague. Mais il n'était plus question d'abandonner même s'il ne restait que trois minutes pour la fin de la compétition... A la radio, les enfants ont déjà commencé à faire la queue. C'est l'heure de passer à l'antenne. En effet, à partir de 16 h la radio permet aux jeunes de raconter une blague, dédier une chanson où la chanter soi-même... Une véritable ambiance de convivialité régnait sur les lieux... Des femmes se sont mises à danser avec leurs enfants à côté de leurs tentes... A 17 h, les familles ont commencé à plier bagages...C'est l'heure du départ... Certains enfants se sont mis à pleurer en répétant «pourquoi on ne peut pas passer la nuit ici», tandis que les mères embrassaient Amina Salami la responsable des colonies et lui demandaient si elle pouvait intervenir pour allonger la durée des vacances à plus de 5 jours... Une initiative entamée par la wilaya de Casablanca et qui vient suivre celle réalisée par la préfecture El Fida Derb Soltane. Les préfectures ciblent les familles les plus démunies en faisant du porte-à-porte pour inscrire leurs noms dans des listes.