La Brigade nationale de la police judiciaire La Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) occupe depuis ces deux dernières années le devant de la scène. Mystérieuse et opaque, cette brigade constitue le service le plus actif de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN ). C'est une police d'investigation et d'enquête créée en même temps que la DGSN par un Dahir de 1956 qui fut par la suite complété par un autre Dahir en 1958. Ils sont jeunes, brillants et disposent d'une réelle autonomie vis-à-vis des autres corps de la police marocaine. Leur statut est très particulier et leurs prérogatives ainsi que leurs attributions sont illimitées. Quand ils sont saisis d'un dossier, cela veut dire que l'affaire est embrouillée et revêt un caractère dangereux pour le pays. Que ce soit pour des affaires économico-financières, criminelles, politiques ou simplement de droit commun ayant des retombées à l'échelon national, ils trouvent toujours des moyens pour les élucider. Des affaires criminelles comme celles d'Al Hijra Wa Takfir et des attentats du 16 mai 2003 ou financières (CIH, CNCA, BP et, tout récemment, l'affaire Slimani et Lâafoura), ont toutes été solutionnées à leur niveau. La brigade qu'ils constituent dépend directement et étroitement de la Direction générale de la sûreté nationale ( DGSN), que dirige Hamidou Lâanigri. Elle porte le nom de Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ). C'est une police d'investigation et d'enquête, ses activités sont énumérées par les textes de lois du Code de la procédure pénale. En 1956, elle a été créée en même temps que la DGSN par un Dahir qui fut par la suite complété par un autre Dahir en 1958. Depuis, les éléments de cette brigade, qui sont aujourd'hui près d'une trentaine de personnes, ont élu domicile au commissariat de Derb Moulay Chérif. Quelques années plus tard, ils ont changé d'adresse. Ils sont aujourd'hui dans les locaux de l'ex-commissariat central de Casablanca, sis boulevard Roudani à Casablanca. Et plus exactement au 1er étage de la bâtisse. Le rez-de-chaussée étant occupé, jusqu'à il y a quelques semaines, par le service des accidents de la circulation ( SAC1 ) relevant de la circonscription Casa-Anfa. Ceux qui ont eu des comptes à leur rendre racontent aujourd'hui que la BNPJ est une police qui travaille dans la légalité et dans le respect de la loi. Ses éléments ne peuvent agir que s'ils disposent d'une ordonnance écrite provenant soit du parquet de toutes les juridictions du pays ou tout simplement d'un ordre de la DGSN. La BNPJ est également liée au ministère de la Justice, à travers la direction des affaires civiles et de la grâce, d'où elle peut pareillement recevoir des instructions. Elle dispose de plusieurs antennes dans les principales villes du pays. Son patron, Omar Khiyam, nommé, il y a quelques mois à la tête de cette brigade en remplacement de Younès Jamali parti pour occuper le poste de responsable de la direction de la PJ, se rend fréquemment à Rabat où il fait le point avec ses supérieurs de la DGSN sur tous les dossiers en cours de traitement. Pas question de le voir ou de l'interpeller. Son secrétariat particulier exige tout le temps le feu vert de la DGSN pour n'importe quelle demande d'information. Même en se rendant sur place, il est hors de question de rencontrer un responsable de la brigade. Perquisition Et pourtant, la BNPJ reste un service de police comme tous les autres services de la police judiciaire rattachés à la DGSN. La seule différence, c'est que ses compétences s'étendent sur tout le territoire national. Selon des sources proches de cette institution, la BNPJ est le corps actif du service central de la direction de la police judiciaire à la DGSN. Celui-ci s'occupe, entre autres, de l'analyse de la criminalité et de la coordination entre les différents services de la PJ à travers le Royaume. Hors la BNPJ, les éléments de ce corps agissent couramment sur délégation du parquet ou de ses substituts. Muni d'un document officiel signé du magistrat, l'enquêteur de la BNPJ procède à des auditions de témoins et de suspects, requiert des services particuliers (demande de relevés bancaires, concours d'un serrurier ou d'un technicien), se déplace sur le terrain, opère des perquisitions ou des saisies. Il ne peut cependant exercer les attributions que le juge ne peut pas déléguer, c'est-à-dire les pouvoirs coercitifs de placement en détention provisoire ou les mandats judiciaires (sauf pour prêter son concours à leur exécution). L'officier de brigade nationale de la police judiciaire dispose d'une compétence territoriale qui s'étend sur tout le pays. Par ailleurs, la BNPJ ne peut en aucun cas être saisie par les citoyens comme c'est le cas des autres services de la PJ. Ce ne sont que les procureurs généraux des différentes juridictions du pays et la DGSN qui peuvent faire appel à ses services. Peu importe le nombre d'affaires qu'elle peut traiter annuellement, l'essentiel étant la qualité et non pas la quantité du travail. Compétence territoriale “La BNPJ peut être sollicitée autant que possible vu la nature de ses attributions et la qualité du travail qu'elle effectue. Pour ces deux dernières années, le rythme du travail a été très dense, à peu près une centaine de dossiers solutionnés par an, et les résultats sont plus qu'honorables”, confie une source proche de la DGSN. La BNPJ, placée également sous la direction de la DGSN, doit informer sans délai cette autorité des infractions dont elle acquiert la connaissance. Elle doit exécuter les instructions qu'elle lui donne, soit pour commencer une enquête, soit au cours de l'enquête. C'est le seul moyen pour la DGSN d'être avisée des difficultés, incidents ou contestations prévisibles qui pourraient se produire, afin de pouvoir donner immédiatement des ordres concernant la conduite de l'enquête. En d'autres termes, les éléments de la BNPJ doivent rendre compte de leurs opérations sans attendre le terme de leur mission. Lors de l'instruction des différents dossiers des scandales financiers qu'a connus le pays pendant ces deux dernières années (comme le CIH, l'affaire des minotiers…), la BNPJ a été à plusieurs reprises sollicitée par le juge d'instruction de la Cour spéciale de justice (CSJ) ainsi que par la DGSN, vu la nature des protagonistes et la complexité des dossiers à traiter. On raconte aujourd'hui que les éléments de cette brigade ont pu réunir, rien que pour le dossier du CIH (actuellement en examen devant la CSJ) l'équivalent de deux camions de pièces à conviction qu'ils ont pu recueillir au cours de l'enquête et qu'ils ont remises en main propre au juge d'instruction de la CSJ. Côté formation, aujourd'hui la brigade emploie et n'embauche que les lauréats de l'institut supérieur de la police de Kénitra. Ces derniers suivent des stages de formation et de spécialisation à l'étranger. Que ce soit en matière de terrorisme, d'explosifs, la brigade est dotée de moyens humains et matériels pour entreprendre les démarches adéquates. Quand ils descendent sur le terrain pour assister la police judiciaire, ils sèment la terreur. Ils sont craints et toutefois respectés. Normal puisqu'ils sont considérés comme les yeux de la DGSN sur les lieux. Pour les citoyens, leur implication donne plutôt l'impression d'équité, d'impartialité et surtout de professionnalisme.