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Le flop d'Alger
Publié dans La Gazette du Maroc le 29 - 12 - 2003

De tous les médias nationaux et internationaux avisés, La Gazette du Maroc demeurait le seul organe à répéter que dans le Maghreb des dupes, ravagé par l'hypocrisie des relations épistolaires, la fondation d'un espace économique viable et politiquement fiable relève de l'irréalisable. L'échec du sommet, alors qu'Alger était convaincu de céder la présidence du Maghreb arabe “uni” après un bouquet prestigieux, rappelle une fois de plus le caractère utopique d'un projet aux couleurs de fonds de commerce.
Pour le Maghreb des peuples, une entité virtuelle sans effet sur les enjeux politiques diamétralement opposés des pays de l'UMA, l'idéal rejaillit sous la forme d'un mur derrière lequel s'étale le néant absolu. A force de convenir au plus grand nombre, surtout aux stratèges économiques de l'Europe et des Amériques à la recherche de perpétuels débouchés, l'idée publique d'un Maghreb uni s'est introduite comme une convention reçue. Reçue par des esprits qui ne pensent que dans un sens. Car en pratique, aucune entente dans le sérail ne se percevait réellement. Les divergences entre Rabat et Alger sur la question du Sahara, les turpitudes du président Kadhafi à l'égard de la Mauritanie et l'animosité avérée de Nouakchott envers Tripoli ne pouvaient générer et ne féconderont jamais l'union du Maghreb arabe.
Le sommet mort-né d'Alger ramène
aux confusions de l'Afrique du Nord contemporaine. Dans notre environnement de démocratie inachevée, de rêves non accomplis et d'images factices, les détenteurs de la puissance n'accorderont certainement plus jamais leurs cordes autour des grandes tendances communautaires. Le Maghreb tel que conçu par les sommets de Zéralda et de Marrakech en 1989 subsiste, immobile, immémorial, inerte et indifférent aux impératifs de développement intégré. Sans doute, la culture arabo-islamique de la région ne favorise pas la conviction d'une dimension collective pluridisciplinaire. Car, contrairement à l'Europe ou à l'Amérique latine qui notent les chronologies avec une minutie obsessionnelle, les pays du Maghreb restent souverainement insouciants des impératifs internationaux dus aux alliances. Ces cinq nations traversent le temps comme protégés des influences de l'histoire. Et les messages de félicitations ou de remerciements que s'adressent les cinq chefs d'Etat à longueur d'année ne reflètent que de vieilles rides pour dissimuler leurs conditionnements aux dogmes d'un autre temps.
Après qu'Alger, le 23 décembre courant, eut consommé l'impossibilité des cinq systèmes politiques du Maghreb à parler le même langage, les peuples se résoudront à vivre reclus à l'intérieur de leur espace géographique.
Le bon débarras d'Alger
En juin 2002, une première tentative de Abdelaziz Bouteflika s'était achevée en bide. Vingt-quatre heures avant ce premier coup de poker du président algérien pourtant voué d'avance à l'échec, Tripoli annonçait que Moammar Kadhafi refusait de s'asseoir à la même table que le président Mouaouiya Ould Taya parce que la Mauritanie venait d'établir des relations diplomatiques avec Israël. Chacun mesurera à sa réelle valeur l'hypocrisie de cette position lorsqu'on rappellera que Kadhafi ne craint pas le ridicule en entretenant les rapports amicaux les plus spectaculaires avec Hosni Moubarak d'Egypte, lequel ne dissimule pas ses relations très étroites avec Tel Aviv. Dans le même sens, aucun diplomate réaliste n'imaginait le déplacement de S.M. le Roi Mohammed VI à Alger, même dans un concert maghrébin. Nonobstant ces deux paramètres immuables, l'Algérie continua en 2002 à cultiver l'illusion du change. Alger laissa croire jusqu'à la dernière minute la tenue d'un sommet maghrébin. Et puis, assumant la présidence de l'UMA depuis 1994, elle décide de s'en débarrasser. La présence du Roi Mohammed VI, des présidents Ben Ali et Kadhafi à Tunis pour la réunion des 5+5 les 5 et 6 décembre écoulés fut alors mise à profit par Abdelaziz Bouteflika pour engager un autre sommet maghrébin à la fin de cet exercice. Mais le chef de l'Etat algérien entendait simplement exploiter l'accord de principe tout à fait incolore et poli de ses homologues pour passer le flambeau à la Libye. Bien avant de savoir si le sommet 2003 d'Alger allait rassembler ses dépositaires politiques, se percevait cette intention sous-jacente.
L'échec politique et médiatique des septièmes assises de l'UMA n'aura même pas touché l'ego de ses concepteurs. Ces derniers se sentent aujourd'hui soulagés de s'être départis d'un poids encombrant, lourd à traîner tel un boulet. C'est ce qui reste, hélas, du Maghreb initié par Feu Hassan II sur des bases sentimentales mais également avant-gardistes. Sinon, comment expliquer que le jour même du sommet pressenti, Moammar Kadhafi transpose l'actualité sur Tripoli en annonçant la destruction de tout son potentiel d'armes de destruction massive qu'il a toujours nié posséder ? Comment expliquer encore qu'au plus fort de la fécondation de l'UMA, le même Kadhafi finance le projet de coup d'Etat contre Mouaouiya Ould Taya au profit de Mohamed Khouna Ould Haïdallah ? Comment enfin ressusciter l'âme d'un Maghreb uni face aux dissidences connues séparant le Maroc de l'Algérie et que les échanges de façade entre hauts responsables ne cherchent même pas à voiler ?
Les Américains pour un “Maghreb à Trois”
Pour la précision et l'archive, rappelons que Moammar Kadhafi avait carrément ignoré la conclave d'Alger, quel que soit le niveau de représentations. A l'évidence il privilégia la séduction et l'appel du pied à l'Occident. Certainement pour réagir à la position des Etats-Unis qui ont résolument affirmé leur préférence pour “un Maghreb à trois” – Algérie, Maroc, Tunisie – Le projet jamais accompli du secrétaire d'Etat américain au Commerce, Einzestat, de réaliser un marché commun entre l'Algérie, le Maroc et la Tunisie doit inspirer les comportements revanchards du guide libyen.
Depuis 1989, date de “naissance” de l'UMA, seuls deux sommets ont rassemblé les cinq chefs d'Etat autour d'un vœux pieux, ceux de Marrakech et de Zéralda. La rencontre de Tunis en 1994, la dernière, n'avait pas fait le plein. Ce qui justifie la domiciliation à Alger de la présidence de l'organisation.
Flagrante violation
des statuts
Le relais transmis à Tripoli constitue une violation flagrante des statuts de l'UMA. Ces textes stipulent en effet que la présidence tournante ne s'exerce qu'à l'issue d'un sommet des nations. Encore une preuve de l'empressement d'Alger à se débarrasser d'une fonction qui ne lui a pas permis de briller.
Echec du président Bouteflika ou de l'UMA, c'est en tout cas l'ensemble de l'édifice qui s'est définitivement écroulé. Car plus personne n'entrevoit le déplacement à Tripoli d'un représentant algérien pour un éventuel sommet. Encore moins celui d'un chef d'Etat.
Moralité, l'heure de solder de vieux comptes commence. Entre-temps, les échanges commerciaux intermaghrébins se complaisent de 2 % même si les membres de l'organisation ont cumulé 37 accords depuis 1989, aujourd'hui largement dépassés. Plus en rapport avec l'événement d'Alger, les experts de l'UMA se sont gaussés “des travaux réunis par la Cour maghrébine de Justice, de l'Académie, du Majlis Achoura et de l'Université maghrébine”, les fuites en avant à répétition n'augurent plus d'aucune perspective pour le Maghreb. La création le 24 décembre courant d'une entité maghrébine économique et douanière s'est déjà volatilisée dans l'oubli, cette nouvelle institution ayant même d'emblée réservé sa tombe.
Le Maghreb ne reste plus qu'un sigle sans assistance. Bref, de report en rêverie, il ne finira jamais de passer à côté de son destin.


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