1er Décembre, journée internationale de lutte contre le SIDA A l'occasion de la Journée internationale de lutte contre le SIDA, la communauté internationale poursuit ses efforts en vue d'éradiquer, ou du moins contrer la progression de ce virus mortel qui touche 40 millions de personnes à travers le monde. Une lutte derrière laquelle se cache aussi celle de l'accès aux médicaments… et aux tabous. La communauté internationale a consacré la journée du 1er décembre comme Journée internationale de lutte contre le syndrome immuno-déficitaire acquis (SIDA). Le thème de cette année s'intitule “Vivre et laisser-vivre”, thème qui rappelle que la discrimination et la stigmatisation qui frappent les personnent atteintes du virus restent l'un des plus importants défis à relever afin de contrer cette épidémie. “Ensemble nous devons détruire le mur de silence, de honte et de discrimination qui entoure l'épidémie. Il nous faut joindre nos efforts, car c'est avec chacun de nous que commence la lutte contre le VIH/sida”, déclare Kofi Annan, Secrétaire général des Nations unies. Depuis la découverte du virus d'immuno-déficience humaine (VIH), il y a de cela près de vingt ans, pas moins de 26 millions de personnes à travers le monde sont mortes. 95% du taux de mortalité se situent dans les pays sous-développés. Aujourd'hui, il est estimé à environ 40 millions d'êtres humains qui sont porteurs du VIH. Pour cette année seulement, 3 millions de personnes en sont mortes. D'ici 2020, on estime que c'est plus de 68 millions de personnes qui en seront atteintes. L'urgence d'agir L'ONUSIDA, l'organisme onusien responsable du dossier de cette maladie, tient à rappeler que la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord est loin d'être exempte de ce fléau mortel. En effet, 600.000 personnes seraient porteuses du VIH. Pour l'année en cours, 55.000 personnes ont été infectées. L'organisme lance un avertissement aux pays de cette région, en rappelant que “le déni et la stigmatisation créent un contexte idéal pour la propagation du VIH”, car même si les données régionales restent faibles –le rapport déplore d'ailleurs la rareté des données- la propagation des maladies sexuellement transmissibles (MST) se poursuit. “Le nombre d'infections dues au VIH dans cette région pourrait bien augmenter de façon considérable”, mettent en garde les auteurs du rapport. C'est toutefois en Afrique subsaharienne que le SIDA fait le plus de victimes. Cette région abrite à elle seule plus de 65% des cas de personnes séropositives recensées à travers la planète, soit 26,6 millions de personnes. Au Botswana et au Swaziland la prévalence du SIDA est de 40%. En Afrique du Sud, un peu plus de 20% des femmes enceintes portent le virus. Au Maroc, les données officielles avancent le chiffre de 15 à 20.000 séropositifs. Alors que d'autres milieux font plutôt état de 30.000 atteints. A ce nombre s'ajoute le cas de 3.000 Marocaines et Marocains qui, chaque année, contractent le virus. Le rapport onusien nous apprend aussi que 7% des cas cumulés de séropositivité au Maroc sont dus aux rapports sexuels entre hommes. Mais, comme ailleurs dans cette région du monde, l'information concernant la transmission du virus est inexistante. Ce “déficit” s‘explique en partie, selon l'ONU, par la stigmatisation entourant la question de l'homosexualité. Malgré l'ampleur de l'épidémie qui pèse sur cette région, “même les activités fondamentales de prévention telles que la promotion du préservatif sont dans une large mesure inexistantes dans la région”. L'accès aux médicaments La lutte contre le SIDA butte sur de puissants lobbies pharmaceutiques. La majorité des Etats, principalement les Etats sous-développés, exigent l'accès aux médicaments génériques, c'est-à-dire les copies des médicaments brevetés, beaucoup moins chers que les non-génériques. Une demande formulée au nom de la “santé publique et de la garantie de l'accès à la médecine pour tous”, un principe qui a été rappelé au sein de la Déclaration de Doha, soit lors du cycle de négociation de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en novembre 2001. Les multinationales de la “santé” accusent une fin de non recevoir à de telles mesures, bien que supportées, timidement, par les Etats européens et d'Amérique du Nord, celles-ci étant jugées préjudiciables à leurs intérêts. Pour l'industrie pharmaceutique, les accords commerciaux tel que l'Accord sur les droits de propriété intellectuelle lié au commerce (ADPIC), doivent prévaloir en toutes circonstances afin de protéger les médicaments brevetés. Au Maroc, le débat entourant la question de l'accès aux médicaments n'a pas fini de faire couler l'encre. Les négociations entourant la Zone de libre-échange avec les Etats-Unis en sont d'ailleurs un bon exemple. A cet égard, 37 associations marocaines ont tenu à s'élever face à cet accord jugé “préjudiciable aux intérêts nationaux”. Dans leur mémorandum sur le générique, “La ZLE menace les médicaments génétiques”, rendu public la semaine dernière, les signataires expriment “leur rejet catégorique de l'accord” et “invitent le gouvernement à organiser un débat national sur les problèmes de la santé au Maroc en tant que préalable à la définition d'une politique nationale de la santé au niveau des ambitions du pays”.