Avec Bush, l'Europe croit “ généreux ” de proposer la création d'un Etat palestinien, comme si les Palestiniens étaient des apatrides, alors qu'ils sont chez eux. Quand l'Allemagne nazie avait annexé l'Autriche en mars 1938, l'Europe désirait la paix. L'Anschluss avait ainsi abouti aux accords de Munich, signés en septembre de la même année, par le britannique Chamberlain et le Français Daladier d'un côté, Adolphe Hitler et Mussolini de l'autre. Cette capitulation avait encouragé l'expansionnisme hitlérien et les autres puissances de l'Axe, jusqu'à Tokyo. Le printemps étant décidément jugé favorable par tous les criminels et les terroristes d'Etat, c'est en mars dernier que le général Sharon a lancé ses hordes sionistes contre les Palestiniens. Contrairement à Hitler, qui n'avait pas considéré nécessaire de détruire Vienne, Sharon a tout rasé sur son passage, selon un plan minutieusement préparé. Aujourd'hui encore, le monde, avec l'Europe, désire la paix. Cependant, l'esprit de Munich demeure, et il faut se demander quelles pourraient en être les raisons. Il faut rappeler que lorsque Milosevic avait mis à feu et à sang l'ex-Yougoslavie pour des raisons territoriales et ethniques, exactement comme Sharon, l'Europe s'était contentée de lamentations. Ce n'est que lorsque le forcené de Belgrade eut accompli suffisamment de massacres et de crimes contre l'humanité que l'Europe avait supplié les Etats-Unis de l'aider à intervenir. L'Otan était alors intervenue et ne pouvait pas ne pas vaincre. Il est à noter que l'ex-Yougoslavie ne dispose pas de gisements pétrolifères. Quand l'Irak avait occupé le Koweït, les Etats-Unis avaient organisé une coalition mondiale pour libérer Koweït City et détruire le pays coupable, qui est par ailleurs toujours sous embargo, et dont on ne parle plus que pour la prochaine guerre américaine dont il sera l'objet, précédant la Syrie et l'Iran, qui font partie de “ l'axe du mal ”. La Corée du Nord est également désignée, sauf que, contrairement à la Russie, la Chine n'acceptera pas une guerre à ses portes. Plus tard viendra le tour du Pakistan, afin de l'afghaniser. La destruction des deux tours new-yorkaises a entraîné une guerre en Afghanistan, guerre qui a valu à l'Europe des rebuffades de Bush, car l'Union européenne voulait participer à la curée, quitte à se ridiculiser. C'est le ministre français des Affaires étrangères qui le déclarait récemment : “ Les Français sont des supplétifs, au même titre que les Anglais ”. L'Administration américaine ayant montré ouvertement sa complicité avec l'entité sioniste, formant ainsi un nouvel axe, on peut se demander pourquoi l'Europe, qui avait agi en Irak, en ex-Yougoslavie et symboliquement en Afghanistan, se refuse à le faire en Palestine. La Palestine étant arabe, les Européens se tirent d'affaire par une pirouette : “ On ne peut pas être plus arabe que les Arabes ”. En réalité, l'Europe a ses raisons et, effectivement, les Etats arabes n'agissent pas. Toutefois, même si, pressés par leurs opinions publiques, ils voulaient intervenir, cela leur serait impossible. La flotte américaine mouille en Méditerranée orientale et dans les eaux du Golfe. En outre, des troupes américaines sont stationnées sur le sol de certains pays arabes. À titre indicatif, l'entité sioniste est elle-même une base avancée des Etats-Unis au cœur du monde arabe : elle peut donc tout se permettre, se plaçant hors la loi, au-dessus des lois, dans l'impunité la plus complète. Pour le moment du moins. Mais l'Europe ? Comment expliquer sa paralysie. Dans son dernier ouvrage “ Les tabous de l'histoire ”, l'historien Marc Ferro démontre que la majorité des juifs ne sont pas sémites. Ce qui —on complète— rend l'antisémitisme sans objet, mais fait qu'il est transféré confusément sur les Arabes, de la même manière que ceux-ci ont pris le relais des noirs aux Etats-Unis. Cependant, l'Europe ploie encore sous le poids de la mauvaise conscience héritée de sa collaboration avec Hitler, notamment la France de Pétain qui avait expédié nombre de citoyens juifs dans les fours crématoires. Sharon le sait et use l'holocauste jusqu'à la corde qui ne sera pas assez solide pour le pendre, tant ses crimes sont lourds. Avec Bush, l'Europe croit “ généreux ” de proposer la création d'un Etat palestinien, comme si les Palestiniens étaient des apatrides, alors qu'ils sont chez eux. C'est l'esprit de Munich qui prévaut toujours, même au Vatican. Toutefois, par son action démente, Sharon prépare malgré lui ce que Michel Rocard appelle “ la disparition de l'inhibition post-Shoah ”. Mais cette inhibition touche encore le Vatican, qui ne peut même pas intervenir énergiquement pour libérer à Beytlahm l'église Al Mahd (basilique de la Nativité). Jean-Paul II paie le silence de Pie XII pendant la dernière Guerre mondiale. Loin de l'esprit de Munich, Marc Ferro, dans “ Les tabous de l'histoire ” sus cité, lève le voile sur un certain penchant de Jeanne d'Arc, qui entendait aussi les voix des sens, à l'instar de certains prêtres américains. Comme Le Pen termine toujours ses défilés du 1er mai aux pieds de la statue de la Pucelle d'Orléans, à Paris, on peut penser que la manifestation se transformera en une ronde très gaie, qu'admirera du haut de son cheval la sainte et héroïne nationale de l'histoire de France.