La manifestation “Lire en fête ” était consacrée cette année à la Bande dessinée. A cette occasion, l'Institut français de Casablanca a pris l'initiative d'inviter une des grandes dames de cet art : Florence Cestac. C'est une des rares femmes françaises qui a su percer dans ce milieu à forte représentation . lorence Cestac est la créatrice des “Déblock”, personnages bien connus et appréciés des enfants, dont les aventures ont été publiées dans le “Journal de Mickey” au rythme exceptionnel d'une page par semaine durant onze ans. Elle a publié en tout quelque 32 albums dont le plus célèbre “Le démon de midi” a été récemment adapté sur scène en France par Michèle Bernier avec un succès incroyable. Cela lui a aussi valu de recevoir en 2000 le Grand Prix du festival d'Angoulême, la plus célèbre manifestation concernant la BD en France.Puisant en grande partie son inspiration de ses observations quotidiennes, l'œuvre de cet auteur se partage en deux volets. Premier aspect de son travail, celui de la littérature enfantine. Une écriture bien spécifique.Pour les enfants, elle se montre particulièrement attentive au dessin qui doit être soigné, bien colorié et attractif pour le jeune public auquel il est destiné. Mais d'un autre côté, elle écrit aussi des albums d'humour destinés aux adultes dans lesquels elle tourne en dérision et dénonce certaines attitudes hypocrites en société. Une critique tout en finesse, souvent très juste (par exemple en ce qui concerne les relations de couple …). Jamais méchante, elle met en relief certains travers en appuyant là où ça fait mal. Florence Cestac a partagé son temps au Maroc entre rencontres, ateliers avec les enfants et un passage à l'école des Beaux-Arts où elle a pu apprécier les talents prometteurs de certains jeunes dessinateurs marocains. Le succès de son intervention montre que la BD est capable de mobiliser les foules bien que cela soit un secteur encore peu développé au Maroc. En effet, la BD est ici quasiment inexistante en termes d'édition et reste toujours peu diffusée dans la presse, qui est pourtant son milieu de publication par excellence.Quand on lui demande ce qui aura le plus marqué son séjour, cette artiste évoque le sourire et l'enthousiasme des jeunes qui sont venus en masse lui demander des dédicaces et qui étaient émerveillés de pouvoir posséder en mains propres un de ses dessins. Leur attitude curieuse et leur ouverture d'esprit reflètent pour elle une énergie, un potentiel qui donne confiance en l'avenir du pays tout entier.La magie du dessin a donc fait son effet avec la bande dessinée comme mode d'expression. Un échange culturel qui a donné naissance, pour un temps, à un monde de rêve …