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Publié dans La Gazette du Maroc le 09 - 06 - 2003

Abou Al Ala Al Moudoudi : père de la théorie de Al Hakimiya
Abou al Ala al Moudoudi est considéré comme un pilier de la renaissance islamique et de l'activisme islamiste en général. Il a ainsi joint la théorie à la pratique. Al Moudoudi est né le 25 septembre 1903 (3 rajab 1321 H) à Ournek Abad dans la province de Haidar Abad. Il reçut le premier enseignement de son père et rejoint l'école à l'âge de onze ans. Aussitôt, les enseignants l'entourèrent de leur affection tant il était brillant. De par son éducation religieuse, il commença à étudier les langues arabe et perse pour pouvoir étudier la théologie. A l'issue de son enseignement, il décida de travailler. En 1918, il s'installa à Banjour où son frère Abou Al Khair Al Moudoudi exerçait en tant que rédacteur en chef du magazine de la ville. Il travailla dans cette publication quelques mois avant que les autorités britanniques ne l'interdisent. Donc, au début, Al Moudoudi exerça le métier de journaliste puisqu'il aidait son frère à confectionner le magazine Taj à Jabalbour, de même qu'il a essayé d'organiser la profession en créant un front journalistique en 1920. Après cet épisode, il s'installa à Delhi où il s'associa au directeur de l'association des Oulémas de l'Inde pour créer la revue "Jaridat Mouslim", dont il était le rédacteur en chef pendant trois ans et jusqu'à sa fermeture en 1923. Cette revue devait réapparaître en 1924 et Al Moudoudi la dirigea jusqu'en 1928 date à laquelle il décida de la quitter en signe de protestation contre le ralliement de l'association à la ligne du parti du congrès.
Premiers signes
Il faut souligner que l'Inde des années trente était partagée entre deux courants. Le premier était mené par Ghandi et le parti du congrès qui prônait un Etat multiconfessionnel. Le second était animé par le parti de l'alliance islamique qui prônait la création d'un Etat pour les Musulmans. Or, derrière ce courant, au début, se tenait Abou Al Ala Al Moudoudi qui a rejeté l'aspect laïc de l'Etat et revendiqué une entité propre aux Musulmans. Pour appuyer ses thèses, il fonda une revue appelée "Tourjman Al Kouraân" en 1932 dont la devise était "Ö Musulmans brandissez le Coran et survolez la planète". Cet appel devait renforcer le courant indépendantiste à travers l'alliance islamique qui a tenu son congrès en 1937. Cependant, Al Moudoudi n'a pas participé activement à l'action de l'alliance qui prônait la création d'un Etat islamique sur le modèle occidental puisqu'il voulait un Etat islamique basé sur les préceptes coraniques. Cette divergence d'appréciation allait le pousser à créer un autre parti appelé "Idarat Dar Al Islam" (Direction de la maison de l'Islam), dont le programme s'articulait autour de quatre points:
• Epuration des idées et de la pensée
• L'amélioration de soi
• La réforme de la société
• La réforme du système de gouvernance
Cependant, l'action organisationnelle dans la pensée de Al Moudoudi répond à un référentiel déterminé basé sur l'expérience du prophète. Pour cela, il faut des règles strictes comme celles qui ont été mises sur pied par le prophète notamment dans le choix des responsables à tous les niveaux qui s'illustrent par leur fidélité à leur foi.
A partir donc de ce référentiel, soixante quinze militants devaient constituer le 26 août 1941 l'organisation Al Jamaâ Al Islamya qui a élu Al Moudoudi Emir.
Cette organisation devait diffuser ses idées tout au long de cette période et jusqu'à la proclamation de l'indépendance du Pakistan en 1947. Le pouvoir ayant été conquis par l'Alliance islamique, il était évident qu'une confrontation devait avoir lieu avec Al Moudoudi et sa Jamaâ. Ce dernier devait prononcer une série de discours à la faculté de droit de Lahore en 1948 dans lesquels il appelait à instituer quatre principes du droit islamique que le conseil d'Etat devait appliquer. Ces principes sont:
• Le pouvoir au Pakistan revient à Dieu seul
( Al Hakimiya Lillah)
• La Chariaâ est la loi fondamentale du pays
• Abrogation de toutes les lois contraires à la Chariaâ
• Engagement du gouvernement d'appliquer la Chariaâ
La réponse du gouvernement ne tarda pas à venir, puisque Al Moudoudi et ses compagnons devaient être arrêtés le 4 octobre 1948 et n'ont été libérés qu'après 20 mois de détention. Pendant cette période, le gouvernement a eu le temps de rédiger et de diffuser une feuille de route appelée "Karar Al Ahdaf" ( Les objectifs) dans laquelle, il promettait d'appliquer la Chariaâ. Mais Al Moudoudi ne prenait pas au sérieux cette initiative gouvernementale. C'est ainsi que le gouvernement a été obligé d'appeler des Oulémas dont Al Moudoudi pour élaborer une constitution islamique.
En avril 1952, la Jamaâ islamya a diffusé un appel contenant huit points qui devaient servir de base à la constitution. Parmi ces points:
• La Chariaâ est la loi fondamentale du pays
• Aucune loi contraire n'est appliquée
• Abrogation de toutes les lois contraires
• Le gouvernement doit prendre ses responsabilités dans "Al Amr Bil Maârouf Wa Nahy Ala Al Mounkar" (Imposer le bien et interdire le mal).
Devant la pression exercée par la Jamaâ islamya, le gouvernement a présenté un premier projet de constitution, mais il dut l'annuler et décréter l'Etat d'urgence dans le pays. Au mois de mai 1953, Al Moudoudi et deux de ses compagnons comparurent devant une Cour martiale qui a prononcé à leur encontre un non lieu. Au lendemain du procès, ils furent de nouveau arrêtés et présentés devant un autre tribunal qui a condamné Al Moudoudi à la peine capitale. Cependant, et à cause des nombreuses manifestations de soutien, cette peine a été commuée en détention à perpétuité. En 1955, la loi martiale a été levée et Al Moudoudi devait être libéré après 25 mois de détention.
La prison n'a rien pu changer des convictions d'Al Moudoudi qui a participé au Congrès de sa Jamaâ et revendiqué une constitution islamique. Le 23 mars 1956, le général Iskander Mirza proclama l'adoption de la constitution islamique. Mais le 7 octobre 1958, il proclama encore une fois l'Etat d'urgence dans le pays et céda le pouvoir au Général Mohamed Ayoub Khan qui adopta en 1963 d'autres lois en guise de constitution.
Parallèlement, la Jamaâ a poursuivi son action pour l'islamisation du pays qui devait porter désormais l'appellation "République islamique du Pakistan". Mais devant le rayonnement de plus en plus grand de cette organisation, le pouvoir devait dissoudre la Jamaâ en 1964 et arrêter Al Moudoudi et soixante trois de ses compagnons. Toutefois, la Cour suprême a abrogé la décision de dissolution et ordonné la libération des détenus. En 1967, la Jamaâ a constitué avec quatre autres organisations un front appelé "le Mouvement de la république pakistanaise contre la dictature". Ce front a contraint le Général Ayoub Khan à organiser une conférence nationale à laquelle prit part Al Moudoudi. A l'issue de cette conférence, Ayoub Khan présenta sa démission et céda le pouvoir à Yahya Khan qui suspendit la constitution et proclama l'Etat d'urgence.
Au début des années soixante-dix, Al Moudoudi tomba malade et demanda à être remplacé à la tête de la Jamaâ. Le Conseil accéda à sa requête et Al Moudoudi devait consacrer le reste de sa vie à la recherche. Il mourut le 22 septembre 1979.
La pensée d'Al Moudoudi :
de la Jahiliya à la Hakimiya
Avant d'analyser la pensée d'Al Moudoudi, il est nécessaire de faire trois observations:
• C'est entre 1938 et 1941 qu'Al Moudoudi devait élaborer les grands traits de sa pensée politique pour l'édification de l'Etat islamique.
• L'ébauche de la pensée d'Al Moudoudi est liée à ses préoccupations organisationnelles notamment pour la mise sur pied de Idarat Dal Al Islam en 1938 et la Jamaâ en 1941.
• La grande partie des principes théoriques a été influencée par les préoccupations politiques et est constituée principalement de slogans mobilisateurs et incitatifs au service de la lutte politique.
Ainsi, en 1941, Al Moudoudi a publié deux ouvrages qui sont "Al Moustalahat Al Arbaâ Al Assasya Fi Al Korâane" ( Les quatre concepts fondamentaux du Coran) et "Al Islam wal Jahiliya" ( L'Islam et l'Anté Islam). Ces deux ouvrages retracent l'idée selon laquelle la société contemporaine est semblable à celle de l'anté islam et par conséquent, elle est impie.
Cela dit, Al Moudoudi élabora la théorie de la Jahiliya et de la Hakimiya qui constituent la base même de sa pensée. Ainsi, l'époque contemporaine caractérisée par l'hégémonie de l'Occident est une époque relevant de l'anté Islam pur. "Les Occidentaux, s'ils ne sont pas tous mécréants ou matérialistes, mais leur esprit conditionné par le système de leur civilisation est un esprit qui ne reconnaît pas Dieu, ni le jour dernier et est empreint de vils instincts matérialistes…Dans leur quotidien, ils sont profondément et inconsciemment matérialistes et ne peuvent faire de lien entre leurs théories scientifiques et leur vie pratique". Al Moudoudi fait le lien entre la Jahiliya de l'Occident et celle de la Grèce ancienne ou de l'Empire romain. Selon lui, même s'il y a quelques différences, elles se ressemblent toutes puisqu'elles ont instauré sur terre le pouvoir de l'homme sur l'homme. Donc, pour lui, la renaissance de l'Occident s'est instituée sur la base de l'athéisme et du matérialisme dans tous les domaines y compris éthiques, économiques, politiques et sociaux.
Une extension dangereuse
Cependant si le discours sur la Jahiliya de l'Occident n'est pas nouveau, celui se rapportant à la Jahiliya de la société musulmane est plus que révélateur. Il s'agit, en fait, de la Jahiliya de toute la civilisation arabo-musulmane. Al Moudoudi devait expliquer que le déclin de la civilisation musulmane n'est pas le fait de notre époque mais remonte à plusieurs siècles en arrière. Ainsi, selon lui le début du déclin est à situer pendant la Khilafa de Othmane Ben Affan. "Le troisième Khalifa ne possédait pas les mêmes potentialités que ceux qui l'ont précédé ( Abou Bakr et Omar)… donc, la Jahiliya a trouvé un terrain fertile pour se propager dans le système social islamique malgré ses efforts pour l'endiguer. Après lui, le Khalifa Ali avait consacré tout son temps pour consolider le pouvoir politique et circonscrire la Fitna, mais il n'a pas pu stopper le courant ravageur et rétrograde. Ainsi, l'ère de la Khilafa selon le mode du prophète a expiré et a été remplacée par le pouvoir du roi despote. Le pouvoir a commencé ainsi à s'exercer selon les règles de la Jahiliya au lieu des règles de l'Islam".
"Malgré les efforts déployés par Omar Ben Abdelaziz pour corriger la situation, les affaires politiques et de gouvernance ont rejoint à jamais la Jahiliya. Ainsi le pouvoir de Bani Oumeyya ( Omeyyades), puis Bani Abbas (Abbassides) et ensuite les sultans turcs ont ouvert la voie à la propagation de la philosophie de la Grèce, de Rome et des croisés pour infiltrer les rangs des Musulmans… Ainsi furent répandues les règles de la Jahiliya dans les sciences, les arts, l'urbanisme et la sociologie… Il y eut par la suite l'incursion des Tatares qui bien qu'ils prétendaient soutenir l'Islam, étaient en fait plus ignorants que leurs prédécesseurs turcs ou autres…
Le dogmatisme a, ainsi, transformé les rites en véritables religions dans la religion… L'ijtihad est devenu interdit et le charlatanisme a conquis la Chariaâ… le retour vers le Coran et la Sunna est devenu un acte répréhensible… les rois ont, eux, divisé les lois en deux parties: une loi personnelle limitée aux affaires du mariage, du divorce et de l'héritage régies par la Chariâa et une loi civile qui régit les affaires de l'Etat basée sur la constitution extrémiste de Gengis Khan… Pire les gouvernants ont même introduit ces lois au champ du code personnel en place et lieu de la Chariaâ… A cause, donc, de ces sciences et de ces arts, les Musulmans ont commencé à s'intéresser à la rhétorique et ainsi, le courant d'Al Mouâtazila (isolationnistes) a pris naissance et donné lieu à l'athéisme et à l'apostasie… les arts anté islamiques ont réapparu notamment la danse, la musique, la photographie qui ont commencé à susciter un intérêt particulier…"
Le concept de Jahiliya chez Al Moudoudi signifie l'apostasie. Et c'est pourquoi il n'a pas hésité à qualifier les Etats et les sociétés islamiques d'entités d'apostats: "Aucun être humain, sauf le fou, ne peut considérer qu'il y a des sociétés au monde qui peuvent être qualifiées de musulmanes…il n'y a aucune raison pour prononcer le mot" société musulmane "…la société ou l'Etat qui n'applique pas l'Islam même s'ils sont gouvernés par un Musulman ne peuvent être qualifiés d'Etat islamique".
Al Moudoudi va plus loin encore pour s'attaquer aux individus. Il dit notamment: "même au sein des Musulmans, sans parler des non Musulmans, 99% ou plus parmi ceux qui prétendent être Musulmans…ne comprennent pas le vrai sens du mot musulman ni celui de l'Islam". Pour lui, il n'y a pas de distinction entre la religion et la vie. Il n'y a de vie que la vie religieuse partant de la foi jusqu'aux branches de la civilisation comme la politique, l'économie etc: "Si tu appliques dans les affaires de la politique autre chose que
les préceptes sages de l'Islam, cela te conduira momentanément à l'hérésie et te poussera ensuite définitivement dans l'apostasie". Donc, la Jahiliya d'Al Moudoudi comprend trois concepts: laïcité, nationalisme et démocratie. En ce qui concerne le nationalisme, il dit : "la Qaoumiya ( nationalisme) est contraire aux règles de l'Islam. Il est même contraire à la loi de Dieu. C'est une source de dépravation et de mal…c'est une arme dans les mains de Satan …la fusion du mot Musulman et nationaliste est bizarre…quand le nationalisme s'empare de l'esprit des Musulmans, l'Islam en sort". En ce qui concerne la laïcité et la démocratie, il dit: "je dis franchement aux Musulmans que la démocratie nationaliste laïque est contraire à la foi et à la religion…L'islam dont vous vous proclamez et grâce auquel vous vous appelez Musulmans diffère complètement de ce système banni. Il le combat énergiquement et combat ses principaux principes jusque dans leurs détails…Là où ce système existe, nous considérons que l'Islam n'existe pas et là où il y a l'Islam, il n'y a pas de place pour ce système".
Par conséquent que présente Al Moudoudi en guise d'alternative? Il dit à ce propos: "nous présentons le principe de l'allégeance à Dieu et de notre entière soumission au lieu de cette laïcité. Nous présentons le principe de l'humanisme universel au lieu de ce nationalisme réduit et réducteur, nous présentons le principe de la souveraineté de Dieu et du Khalifa des croyants au lieu du principe de la souveraineté du peuple ou Hakimiya Al Jamahir".
La Hakimiya comme alternative
Donc, l'alternative aux yeux d'Al Moudoudi est la souveraineté de Al Hakimiya: "nous ne voulons pas ressusciter la civilisation ancienne des Musulmans ni leur culture nationaliste caduque. Nous voulons ressusciter l'Islam et instaurer son système. Nous ne nous opposons pas aux sciences modernes ni aux découvertes…mais nous combattons le système culturel civil issu de la philosophie occidentale et de sa vision de la vie et des mœurs… Nous tenons à ce que l'Islam soit hégémonique sur tous les aspects de la vie…cet objectif ne sera atteint que grâce à la Hakimiya".
Au fait, que signifie, donc, ce concept? A ce propos Al Moudoudi explique: "la Hakimiya en Islam appartient à Dieu seul et l'unique. Le Coran explique l'unicité de telle sorte que Dieu n'a pas d'associé (Chariq), non seulement du point de vue religieux, mais également du point de vue politique et légal. Le point de vue islamique énonce: seul Dieu le Tout puissant est maître…tout autre pouvoir autre que lui n'est qu'attribution". Selon lui: "la Hakimiya signifie un pouvoir suprême et un pouvoir absolu…Il n' y a pas de sens à ce que des individus ou un groupe d'individus s'accaparent du pouvoir. Dieu seul a toutes les prérogatives et tous les pouvoirs qu'il applique à tous les membres de l'Etat. Ceux-ci doivent lui obéir de gré ou de force…"
Ainsi, il est exclu de voir un être humain exercer la Hakimiya et partant il faut s'interroger sur les caractéristiques de l'Etat islamique. A ce propos, il y a trois caractéristiques principales selon Al Moudoudi:
• Aucun individu ou groupe ne détient une part de la Hakimiya. Seul Dieu la détient
• Personne n'a le droit de légiférer
• Les structures de l'Etat se basent sur les consignes du prophète (Awamir ou Sunna)
L'Etat islamique associe deux concepts distincts: la Hakimiya et la Khilafa. Il y a une similitude entre la Hakimiya et Dieu. La Khilafa a comme synonyme Al Amana et de ce fait elle ne peut détenir la Hakimiya. Comment instaurer la Hakimiya? Selon Al Moudoudi, la Hakimiya signifie la réforme radicale totale: "il faut éradiquer la dépravation des racines selon un programme complet visant à instaurer la réforme des racines aux branches pour atteindre l'équilibre et l'harmonie".
Ce programme de réforme n'exclut pas le Jihad auquel appelle Al Moudoudi pour combattre les gouvernants du monde islamique. Selon lui, le Jihad ne se limite pas aux sociétés musulmanes, mais s'étend au monde entier. Al Moudoudi expose donc l'idée du Jihad islamique pour affranchir le monde entier de la Jahiliya.
Al Moudoudi fait le lien entre la Jahiliya de l'Occident et celle de la Grèce ancienne ou de l'Empire romain. Selon lui, même s'il y a quelques différences, elles se ressemblent toutes puisqu'elles ont instauré sur terre le pouvoir de l'homme sur l'homme. Donc, pour lui, la renaissance de l'Occident s'est instituée sur la base de l'athéisme et du matérialisme dans tous les domaines y compris éthiques, économiques, politiques et sociaux.


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