Les Holcim Awards récompensent les approches de durabilité à travers le monde. Cette année, le projet de la ville de Fès a remporté la plus haute distinction. Pourquoi cette si belle rivière s'est transformée en une poubelle à ciel ouvert rendant la vie dans la médina difficile ?» En se posant cette question, Aziza Chaouni, ingénieur et architecte, originaire de Fès, s'est demandée ce qu'elle pouvait faire pour sa belle citée. Ainsi commence le projet de réhabilitation de l'oued Fès et le schéma de développement urbain avec sa participation aux Global Holcim Awards. Un prix qui vient récompenser le projet parmi les 5000 présentés au départ. Qu'est-ce qui a pu motiver le jury d'Holcim pour choisir celui-ci parmi tant d'autres ? Hans-Rudolf Schalcher qui a participé à tous les jurys et est président de la planification et la gestion dans la construction «Institut for Construction Engineering and Management» à l'Institut fédéral suisse de technologie confie : «C'est une approche complète du développement durable mais aussi une collaboration avec les habitants, leur ville et surtout l'appropriation de la population». Concrètement, une vision globale du problème rencontré dans la médina. Un projet ancré dans la réalité Nombreux ont été les acteurs qui ont pris part à ce projet de grande envergure. On compte notamment la RADEF et les autorités locales. Une vraie prise de conscience opérée par Aziza Chaouni et son équipe internationale composée notamment de l'urbaniste Takako Tajima. Cette dernière a bien compris l'ensemble des problèmes rencontrés en proposant notamment une solution durable pour les tanneries, principales causes de la pollution de l'Oued Fès. «Il faut les déplacer et leur proposer une solution de relocation» précise t-elle. En effet, les Global Holcim Awards ne se contentent pas de saluer des projets ambitieux, mais mettent un point d'honneur à vérifier leur durabilité, leur performance économique, l'esthétique, leur norme éthique mais aussi les expériences que l'on peut en tirer. Cette pollution des oueds en milieu urbain est un problème bien connu au Maroc. «Un des critères des constructions doit être la durabilité et la duplicité, on doit réhabiliter les oueds afin de les gérer plus proprement» précise Said Mouline à la tête du Centre de développement des énergies renouvelables et présent pour l'occasion. Les travaux ont déjà commencé et constituent une succession d'étape. En dehors de la pollution de l'Oued, il y a aussi les conséquences sociales, démographiques, écologiques et économiques. Cette réhabilitation permettra la remise en état des industries artisanales, la sensibilisation des populations, le rétablissement de la biodiversité. Un travail pour plusieurs résultats, tel est l'objectif de ce projet. Comme le précise enfin le jury dans son rapport, «il met en œuvre ce qui existe déjà et l'utilise comme une plate-forme de mise à niveau et garde le processus ouvert à des possibilités futures». N'est-ce pas tout simplement cela, le futur de demain ? ■