Exceptionnelle vente aux enchères à Marrakech pour la «liquidation» du mobilier et de tous les objets de l'ancien temps de La Mamounia. De la pince à sucre en argent à la calèche du Palace, tout est parti. Ambiance digne des belles salles de New York ou de Paris pour les 4 jours de vente aux enchères du mobilier et des objets de La Mamounia, qui auront rapporté aux alentours des 3 millions d'euros, avec parfois des envolées, comme pour cette paire de bustes d'atlantes formés de conques, coquilles et nacre qui a grimpé jusqu'à 40 000 euros, frais compris –le lot le plus cher de toute la vente-, alors qu'elle avait été mise à prix à 1200 euros. Il faut dire qu'on se bousculait au Palais des congrès de Marrakech pour assister à cette vente unique au monde : hôteliers, propriétaires de maisons d'hôtes, particuliers, bazaristes, antiquaires venus parfois de France… Tous avec une seule idée en tête, acquérir un ou plusieurs objets ayant séjourné dans le Palace de légende, dont la réouverture après travaux est régulièrement annoncée, puis reportée. On sait seulement que La Mamounia fait peau neuve, et que quasiment aucun objet des temps passés ne sera conservé. Chef d'orchestre de la vente aux enchères, Maître Claude Aguttes, l'un des commissaires-priseurs les plus en vue de France. « Un Palace, c'est une maison internationale où passent des milliers de visiteurs exigeants, car « dans le monde » il n'est pas admissible d'être démodé, commentait-il. Le rester trop longtemps condamne à une mort certaine car la concurrence est dure, à Marrakech en particulier. Il est donc obligatoire de changer le décor régulièrement. » Le décor, ce sont les meubles, tableaux, vaisselle, argenterie, bibelots et même les calèches du Palace qui ont trouvé preneur, quelque 5000 lots, témoins d'une époque et qui seront bientôt remplacées par d'autres frappées du nouveau logo de La Mamounia. Ainsi, après André Paccard et Alberto Pinto, c'est le décorateur star Jacques Garcia qui officie aujourd'hui pour un lifting complet de cet hôtel mythique, qui a vu défiler depuis sa création en 1922, des personnalités aussi éminentes et diverses que Winston Churchill, Théodore Roosevelt, Charlie Chaplin, Omar Sharif, Sharon Stone, Alain Delon, Catherine Deneuve, Claudia Cardinale ou de têtes couronnées comme les princes d'Espagne, Caroline de Monaco ou le prince Naruhito du Japon. La légende raconte même qu'avant la seconde guerre mondiale, certains riches Américains apportaient à La Mamounia leurs propres meubles pour réaménager leurs suites quand ils y séjournaient longtemps. On raconte aussi qu'on aurait été obligé de confectionner un lit spécial à la mesure du général De Gaulle, lorsqu'il vint y passer une nuit. C'est donc une vente extraordinaire qui s'est déroulée à Marrakech, emprunte de nostalgie, où le moindre petit bibelot raconte la légende et les secrets bien gardés du Palace le plus mythique du Maroc. Et comme l'écrivait le chanteur Jacques Brel dans le Livre d'or : « La Mamounia reste toujours le rêve civilisé que l'on souhaite croiser plus souvent… ». ■