Devant les magistrats de la Cour d'appel de Taza, Abdellah, la quarantaine, réfutait les accusations dressées contre lui par le Parquet général : homicide involontaire et facilitation de l'immigration clandestine. - « J'avais emprunté la camionnette de mon ami pour me rendre à Meknès me faire soigner du diabète qui me ronge. Un pneu a crevé et au moment où je plaçais la roue de secours, des Africains ont pris place de force dans le véhicule et m'ont obligé de les conduire… », prétendait-il, sur conseil de sa défense. Or, les termes de l'accusation retracent d'autres faits. Abdellah avait rencontré un ami dans un café deux ans auparavant. Celui-ci lui a proposé de transporter des Subsahariens d'Oujda à Rabat. Des immigrés clandestins qui grillent les frontières algériennes, mais ne réussissent pas à franchir celles de Méllilia. Abdellah faisait payer à chacun d'eux la somme de 50 Euros. Ce jour-là, revenant d'Oujda, à hauteur d'Oued Amlil (Taza), il dépassait une voiture dans un virage. Un camion chargé de ciment l'a heurté de plein fouet. Abdellah s'est évanoui. Des automobilistes ont averti les gendarmes et la protection civile. Résultat : un mort et neuf blessés. La Cour a condamné Abdellah, père de quatre enfants, à 15 ans de prison ferme et a acquitté son ami, propriétaire de la camionnette.