On ne peut évoquer l'histoire de la Kabylie en faisant l'impasse sur les évènements tragiques qui ont marqué le cours du destin de cette contrée berbère qui n'a jamais cessé de lutter à travers les âges. De l'occupation romaine (146 av.J.C.- 439 ap.J.C.), jusqu'à la pénétration française, en passant par le moyen âge et l'empire Ottoman, le peuple amazigh n'a jamais cessé de lutter. Firmus, la Kahina, El Mokrani, ces noms expriment à eux seuls la résistance des hommes libres. Retenons juste la période Ottomane pour illustrer cette résistance, face à l'occupant qui remonte au «royaume de Koulou» qui fut la capitale de la Kabylie. L'arrivée de la France en terre kabyle au 19ème siècle (1857), déstabilise les fondements de la société berbère et les valeurs ancestrales qui déterminaient toute action politique, d'où l'insurrection qui dura jusqu'à 1864. De grandes batailles furent livrées par El Mokrani, Fatma N'soummeur et Bou Beghla. Ces évènements allaient provoquer le début de l'exil. En 1912, plus de 5000 kabyles ont trouvé refuge en France. Novembre 54, la révolution. La vallée de la Soummam fut parmi les premières régions à répondre à l'appel du FLN pour le déclenchement de la révolution. Beaucoup de martyrs tomberont au champs d'honneur, le légendaire colonel Amirouche reste un symbole vivant pour toutes les générations. Faut-il rappeler que l'historique congrès de la Soummam qui a déterminé les fondements du futur Etat algérien s'est tenu en terre kabyle. Après l'indépendance, aucune promesse ne fut tenue à l'égard de cette région qui a tout donné pour le pays. Aït Ahmed, l'un des principaux acteurs de la révolution se rebelle contre le pouvoir central d'Alger et passe à l'opposition. Il sera arrêté et emprisonné. Le FFS fut dissout au lendemain du coup d'Etat du 19 juin 65, Boumedienne arrive au pouvoir et la Kabylie connaît la période la plus sombre de son histoire. Devant tant d'injustices, le colonel Mohand Oulhaj prend le maquis et menace sérieusement le pouvoir durant le règne de Ben Bella. Cette rébellion cessa avec l'éclatement du conflit avec le Maroc (la guerre des sables. On peut dire que ce différend avec le voisin de l'Ouest, a sauvé l'Algérie d'une «congolisation». Avril 1980, le printemps berbère. Cette intifada va être la fin d'une époque. Le régime aux abois crie au complot et la main de l'étranger, pour discréditer cette région qui lutte pour son identité et sa survie sous l'impulsion d'une nouvelle génération d'intellectuels et d'artistes. L'identité kabyle commence à s'affirmer. L'entrée en scène du célèbre écrivain Mouloud Mammeri allait précipiter les choses. En mars 1980, ce fut l'étincelle. L'écrivain fut empêché de donner une conférence à l'université de Tizi-Ouzou: c'est l'émeute générale et la répression est terrible, le bilan fait état de 400 blessés, des arrestations en masse et toutes sortes de répression. La Kabylie connaît un peu de répit, mais n'abdiqua pas. Avril 2002, le printemps noir Le 18 avril, un jeune lycéen Massinissa est tué par une rafale d'arme automatique dans les locaux de la gendarmerie de Béni Douala, il sera l'élément déclencheur de la plus grande insurrection kabyle. Cet assassinat fera l'objet d'une déclaration du ministre de l'Intérieur qui identifie la victime de «délinquant de 26 ans». Cette déclaration sera ressentie comme une véritable insulte pour la famille de la victime. Elle fera l'objet d'un cinglant démenti dans la presse «le jeune Guermah Massinissa est un lycéen agé de 16 ans», c'est toute la Kabylie qui sombre dans le déluge, les forces de sécurité tirent à balles réelles sur les manifestants, qui sont pour la plupart, des collégiens ou des lyceens. La Kabylie martyre fait alors bouger d'autres régions du pays, le pouvoir panique et le chef du gouvernement tente d'ouvrir un dialogue. Le président de la république annonce des mesures allant dans le sens de l'apaisement : le tamazight est enfin reconnu comme langue nationale, c'est une victoire historique. Cependant, le mouvement va continuer en revendiquant tout haut le statut d'autonomie. Pour la Kabylie, cette revendication menée par le M.A.K (Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie) ne baissera jamais les bras.