Fouad Ali El Himma ne peut plus bouger sans que les interprétations fusent. L'alliance au Parlement du RNI-PAM n'est pas une fusion et encore moins une absorption. La conférence de presse tenue lundi dernier par Mustapha Mansouri président du RNI et Hassan Ben Addi son homologue du PAM, visait à annoncer une fusion des groupes parlementaires dans les deux chambres. Cela c'est l'actualité. Les commentaires eux sont allés dans deux sens : - Une première lecture pavoisait, selon ses tenants, El Himma déçu par sa berezina aux législatives partielles, serait tenté de céder, et sans contrepartie le PAM au RNI. C'est aller très vite en besogne, méconnaître l'entêtement de l'homme et ramener l'action politique à des sautes d'humeur. - Une seconde lecture, à l'opposé, voudrait qu'El Himma décide de construire son grand parti par le haut, et qu'il aurait fait pression et obtenu le ralliement du RNI. C'est une vision très manichéenne de la politique, qui relève plus de la désinformation que de l'analyse politique. La vérité, c'est que les discussions pour la constitution d'un groupe parlementaire unifié ont été entamées avant les élections partielles et que c'est dans ce cadre que le PAM promettait de ne pas présenter de candidats à Mohammedia si le RNI changeait le sien. Les raisons d'un deal Cette alliance permettra au nouveau groupe d'être numériquement le plus important des deux chambres, ce n'est pas un mince gain, puisque cela joue pour des places au bureau de l'assemblée et les présidences de commission. C'est surtout politiquement que cela est intéressant, ce groupe sera la charnière de la majorité, ce qui laisse ouverte la possibilité de nouvelles combinaisons gouvernementales en cas de crise. Pour Fouad Ali El Himma et ses compagnons, c'est une position acquise aux moindres frais. Le RNI conforte ses chances pour conserver la présidence des deux chambres, sans rien céder. Mais la mayonnaise n'a pas pris aussi facilement, et la part cachée de l'iceberg existe réellement. Calmer les résistances Au sein du RNI, l'approche de l'ex-homme fort, surtout depuis la création du PAM était ressentie comme une OPA hostile. Un clivage s'est constitué entre les pro (Talbi, Mezouar) et les anti (essentiellement les vieux), et on ne peut pas dire qu'une alliance pure et simple était possible sans scission. La formule choisie, groupe unifié parlementaire, rassure les méfiants, sans toutefois régler tous les problèmes. Les deux partis devront tenir des réunions, assurément difficiles, pour choisir le nom du groupe et surtout le structurer. Les caciques du RNI déclarent déjà qu'ils refusent d'en laisser la présidence à un élu du PAM. L'on voit que cette étape intermédiaire, avant la constitution du grand pôle, est déjà compliquée. Les dommages collatéraux existent. En premier lieu, le reste des partis de la majorité, se sentent obligés de réagir. C'est Driss Lachgar, le tonitruant Usfpeiste, qui tonne «la majorité est en train de changer de visage, cela nous concerne et nous devons tout réévaluer». Au sein de l'USFP, tout un débat a lieu autour du fameux communiqué qui stigmatisait le PAM, l'accusant d'utiliser l'appui de l'Administration. El Yazghi dénonce «l'aspect électoraliste et irréfléchi de ce communiqué». Cependant, la constitution du nouveau groupe, dans ces temps de crise annoncée, renforce le clan de ceux qui appellent au retour à l'opposition. L'Istiqlal, lui, sait que la primature est en otage. Cependant et honnêtement, le rassemblement des élus en fonction d'affinités réelles est une bonne chose pour le champ politique. Même si nul n'est naïf au point de ne pas déceler les arrières pensées. ■