Mondial U20 : Ouahbi mène les Lionceaux de l'Atlas sur le toit du monde    Chine : Yu Jinsong confirmée comme ambassadrice à Rabat par Xi Jinping dans un contexte de relations étendues    Steve Witkoff annonce un possible accord de paix entre Rabat et Alger    Nadia Fettah : Le gouvernement a dépensé 120 MMDH pour lutter contre la vie chère et protéger le pouvoir d'achat    La Bourse de Casablanca démarre en bonne mine    L'ancien chef de la DGSI, Nacer El Djinn, symbole des déchirements du pouvoir algérien, arrêté et placé en détention à Blida    Lavrov et Rubio ont discuté au téléphone des modalités du prochain sommet Poutine-Trump    Réunion du Conseil de gouvernement consacrée au PLF 2026    Fouzi Lekjaa reçoit les U17 et les encourage à honorer le football marocain au Mondial    Ahmed Mouhoub forfait pour le Mondial U17    Le président de la Commission de l'Union africaine félicite le Maroc pour son triomphe historique au Mondial U20    Mondial U20 : Le Maroc, Prix Nobel du football des jeunes !    Une vidéo diffusée par Hicham Jerando, faussement liée à un réseau de prostitution à Casablanca, provenait de sites pornographiques étrangers    La cour d'appel de Casablanca confirme plusieurs condamnations dans l'affaire Jerando    Le temps qu'il fera ce lundi 20 octobre 2025    Les températures attendues ce lundi 20 octobre 2025    PLF 2026 : Le Maroc augmente de 18% son budget de la défense    Transformation numérique du système judiciaire : Rabat et Nouakchott signent le Programme de travail 2026-2027    Mondial U20 : Fouzi Lekjaa souligne le rôle de la stratégie du Maroc dans le football [vidéo]    Le Polisario expulse 100 chercheurs d'or d'une zone à l'Est du Mur des Sables    Défense: Abdeltif Loudyi reçoit le Commandant de l'USAFRICOM    PLF 2026: 380 MMDH comme effort d'investissement    Création de postes budgétaires : Ce que prévoit le PLF 2026    From Tangier to Dakhla, Morocco erupts in celebration after historic U20 World Cup triumph    L'Angola lance son Agence spatiale nationale    Conseil des ministres : 140 MMDH pour sauver la Santé et l'Education    L'Ethiopie entre dans l'ère atomique    Errance et détresse psychique : Symptôme d'un système de prise en charge lacunaire    Rabat célèbre la créativité avec le Festival Léonard De Vinci du Court Métrage    Doukkala en heritage: Une leçons de mémoire au féminin    Aérien : RAM et China Eastern Airlines s'allient pour renforcer la connectivité Chine-Afrique    Edito. Grippé n'est pas condamné    Développement économique et social de la Chine : vers une élaboration du 15e Plan quinquennal (2026-2030)    L'émissaire de Trump annonce un possible accord de paix entre le Maroc l'Algérie en 60 jours    Musée du Louvre reste fermé près le cambriolage rocambolesque ayant visé des bijoux inestimables    Unforgettable and unbelievable : Moroccan U20 players reflect on their world title    Mondial U20 : Le Maroc sacré champion du Monde (VIDEO)    Sahara marocain : Washington en faveur d'une solution définitive    SM le Roi félicite les membres de la sélection nationale de football suite à leur sacre au Mondial U-20 au Chili    Former Health Minister Khalid Aït Taleb makes political comeback as Wali of Fès-Meknès    Tanger : Ouverture de la 25e édition du Festival national du film    Rabat : Le festival JASSAD joue la partition féminine sur les planches    La hausse des prix de l'or ont augmenté les réserves russes de 142 milliards de dollars    Braquage au Musée du Louvre : le site fermé après une intrusion ce dimanche    "Yallah' Afrika", une exposition collective à Rabat célébrant la CAN Maroc 2025    La mémoire de Hassan Ouakrim honorée lors d'une projection documentaire à Washington    La Nuit de l'Horreur transforme les cinémas marocains en labyrinthes du frisson    Le Festival de Cinéma Méditerranéen de Tétouan dévoile sa sélection officielle    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Santé : A quand une médecine plus humaine ?
Publié dans La Gazette du Maroc le 04 - 07 - 2008

Tout récemment, Nicolas Sarkozy a décidé de débloquer 230 millions d'euros pour développer davantage les soins palliatifs en France. Au Maroc, le 1er centre national de traitement de la douleur et des soins palliatifs tarde à démarrer. C'est pourtant la Princesse Lalla Salma en personne qui a posé la 1ère pierre de ce centre, il y a déjà maintenant 2 ans et demi de cela.
Chacun sait qu'il lui faudra mourir un jour. Chacun sait qu'il aura à accompagner un proche, qu'il lui faudra vivre la douleur de la séparation soit parce qu'il partira le premier, soit parce que d'autres partiront avant lui. Dès que nous pensons à cette réalité inéluctable qui nous concerne tous, nous nous demandons dans quelles conditions nous vivrons cette dernière étape de notre vie. Où? Quand ? Comment ? A la maison ? A l'hôpital? Seuls ou entourés de ceux que nous aimons ? Bien ou mal soignés ? Dans le respect de nos besoins ou, au contraire, dans la solitude et l'indifférence? Toutes ces questions nous viennent à l'esprit, à moins que nous ne chassions la pensée de la mort, que nous ne la mettions de côté pour y repenser plus tard. Mais, un jour ou l'autre, quelqu'un meurt dans notre entourage, un proche ou un moins proche. Nous sommes alors témoins d'un mourir qui se déroule dans de plus ou moins bonnes conditions. Cela nous donne à réfléchir. Parfois, cela se passe mal. La personne est morte dans des souffrances qui n'ont pas été soulagées. Ou bien elle est morte seule, sur un brancard, aux urgences. Ou encore attachée dans un lit, avec des tuyaux partout, en réanimation. Parfois, nous avons essayé d'accompagner cette personne dans le service dans lequel elle était hospitalisée, mais nous n'avons pas été accueillis, ou mal. On ne nous a pas informés. Nous n'avons pas réussi à rencontrer le médecin responsable, à parler avec lui. Nous nous sommes sentis de trop. Personne n'a su nous écouter, nous aider, entendre notre peine. On nous a prévenus, par un coup de téléphone, de venir rapidement. La personne s'était déjà éteinte, et nous sommes restés frustrés, blessés de n'avoir pas été prévenus à temps. Parfois, le corps a déjà été descendu à la morgue, et nous n'avons pas pu assister, ne serait-ce que quelques instants, la personne qui venait de mourir. Les circonstances de la mort sont parfois si pénibles, si éprouvantes, qu'on se dit : «Plus jamais ça !» et l'on rêve d'une mort rapide, indolore, discrète.
Pourtant, on peut assister un mourant, l'aider à mourir en paix, sans souffrance.
Nous en sommes témoins depuis quinze ans. Notre modeste équipe montre tous les jours que c'est possible. On peut terminer ses jours en s'éteignant doucement, tranquillement, soulagé de ses douleurs, entouré des siens, dans un climat de paix et de tendresse. Une mort humaine et digne est possible. Il faut que les Marocains le sachent. Beaucoup des personnes qui ont accompagné la fin de vie d'un proche se plaignent de la façon dont la douleur a été prise en charge. Elles regrettent aussi le peu d'implication du personnel médical et infirmier dans le soutien psychologique de leur proche.
Une mort humaine et digne est possible
Manque de disponibilité, distance qui donne le sentiment d'être traité comme un organe et non comme une personne, brutalité d'annonce du diagnostic, maladresse, manque de compassion, méfiance à l'égard d'un corps médical et soignant que l'on sent démuni et mal à l'aise devant la mort, voilà les mots qui reviennent quand les gens racontent leur expérience auprès d'une personne en fin de vie. On voudrait plus d'écoute, plus d'humanité. On a donc, au Maroc, une vision très négative de la prise en charge de la fin de vie : la douleur n'est que rarement soulagée et l'hôpital n'est pas adéquat, alors même qu'il semble inévitable. Les médecins ne sont pas assez disponibles ou formés. Si l'on meurt si mal aujourd'hui dans la plupart de nos institutions, c'est en grande partie parce que les professionnels de santé ne sont pas formés au soulagement des douleurs et à l'accompagnement des fins de vie. C'est par la formation initiale et continue du corps médical et soignant que l'on parviendra progressivement à accepter la fin de vie comme une étape inéluctable qu'il convient d'accompagner avec humanité.
Malaise des médecins
Nos facultés forment des médecins, mais la pauvreté de la formation à la relation humaine, à l'écoute, au dialogue avec le malade est proprement inacceptable. Ainsi la sélection en début d'études se fait uniquement sur des critères scientifiques et non pas sur l'intérêt du futur médecin pour la relation avec les malades, sur sa capacité à faire face à la souffrance et à la mort. Comment s'étonner alors du malaise qu'éprouvent la plupart des médecins le jour où ils sont confrontés à la mort d'un patient ? Un sentiment d'échec et d'impuissance les pousse à fuir les malades en fin de vie ou à s'engager dans une poursuite déraisonnable des investigations et des traitements.
Il y a là une incohérence que nous souhaitons souligner : alors que la prise en charge de la douleur et les soins palliatifs sont considérés comme une priorité de santé publique depuis avril 2003, les soignants ne reçoivent pas la formation initiale qui leur permettrait d'assurer cette mission de soulagement et d'accompagnement qui fait partie des missions de soins. Il n'y a pas de formation spécifique et obligatoire à la prise en charge de la douleur et de la personne en fin de vie. Les soignants souffrent du sentiment de ne pas être humainement à la hauteur des besoins des patients en fin de vie et de leurs familles. Ils manquent de repères, d'une échelle des valeurs, ou de la possibilité de penser leur pratique. Ce désarroi et cette solitude des professionnels de santé rejoignent finalement le désarroi de la société dans son ensemble. Peur, déni, solitude, c'est bien là l'état des lieux de notre société marocaine face à la mort et au mourir.
Améliorer les conditions de la naissance
Toutes ces considérations plaident, en définitive, pour que la prise en charge de la douleur et les soins palliatifs soient enseignés aux étudiants comme une discipline nouvelle, celle du mourir. Ce faisant, elle deviendrait comme le «chaînon manquant» de la médecine, enfin retrouvé. Celle-ci, en effet, s'est jusqu'ici admirablement employée à guérir, à améliorer les conditions de la naissance. Ne fallait-il pas aussi qu'elle en vienne à s'occuper des conditions de la mort ?
La réflexion sur la nécessité d'un plan national sur la prise en charge de la douleur et les soins palliatifs est devenue incontournable. Il nous faut penser à des propositions d'actions à engager pour améliorer les pratiques de soins et sensibiliser la population dans son ensemble au devoir d'humanité qui est le sien, pour que où l'on meurt, chacun puisse trouver les mots et les gestes qui humanisent la fin de vie, et que personne ne soit laissé à l'abandon.
Un Centre National de Lutte contre la Douleur et des Soins Palliatifs est construit à l'Institut National d'Oncologie de Rabat, mais il tarde à ouvrir ses portes par manque de ressources humaines. La direction du CHU de Rabat et le ministère de la Santé devraient trouver une solution urgente pour affecter des médecins et des paramédicaux.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.