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Les députés appelés à dynamiser la diplomatie parlementaire
Publié dans La Gazette du Maroc le 30 - 12 - 2002

Zakaria Semlali, président de la commission des affaires étrangères et de la défense à la Chambre des représentants
• La Gazette du Maroc : vous venez de terminer les travaux de la commission lors d'une première série de réunions. Quelle évaluation faites-vous des débats et des exposés des ministres ?
- Zakaria Semlali : C'est une nouvelle rentrée parlementaire dans une nouvelle législature et avec de nouveaux députés. La commission que je préside est celle des affaires étrangères et de la défense. Elle prend en charge plusieurs départements dont le ministère des affaires étrangères, de la défense, de la culture et de la communication. Dans cette commission sont discutés tous les volets ayant trait à la politique que doivent suivre les ministres dans leurs secteurs respectifs. Et à travers la discussion des orientations de chaque ministère, il y a également la discussion de leurs budgets. Lors de ces réunions, chaque ministre accorde une série d'entretiens aux députés et y répond à leurs interrogations tout en formulant les explications nécessaires sur des sujets d'actualité. Ces discussions se sont étalées sur une dizaine de jours et chaque ministre y a exposé son budget et répondu aux différentes questions qui se sont posées. Après les débats, le vote a eu lieu. Pour le ministère de la défense, le vote a été unanime. Ce vote, comme vous le savez, intervient pour rendre hommage à notre armée et nos soldats qui défendent nos frontières et l'intégrité territoriale du Royaume. Il met en relief le caractère particulier de la défense nationale. C'est donc un soutien inconditionnel. Personnellement, je considère que les débats qui ont eu lieu au sein de cette commission confirment que la démocratie au Maroc n'est pas un vain mot. A cet égard, tous les sujets ont été abordés sans détour et donné lieu à des explications franches. C'est dommage, toutefois, que les réunions de ces commissions se déroulent à huis clos. Pour ma part, c'est une très bonne expérience, très enrichissante, parce que dans l'activité de tous les jours, nous n'avons pas toujours l'occasion de rencontrer un ministre et de l'entendre répondre directement et à chaud aux questions qui se posent. De l'extérieur, nous avons souvent l'impression que le Parlement est une grande boîte qui garde ses secrets, mais en réalité les travaux des commissions sont très intéressants.
• Comme vous veniez de le dire, les discussions sont franches au sein de cette commission. Mais, vous avez cette spécificité que parmi les départements que vous étudiez, il y a deux ministères de souveraineté dont les orientations demeurent du domaine réservé. Jusqu'à quel point les ministres de ces deux départements peuvent-ils aller dans leurs explications ?
- S'agissant du contenu des débats, il est vrai que le ministère de la défense a un caractère bien particulier. Mais, quoi qu'il en soit, je peux vous dire, et cela les députés de droite comme de gauche peuvent le confirmer, tous les sujets ont été abordés sans exclusive. Pour ce qui est des affaires étrangères, on sait que certaines grandes décisions sont prises dans l'urgence. Il est vrai aussi que ce ministère a un caractère particulier puisqu'il gère les relations extérieures du Royaume. Mais là aussi, le ministre, en l'occurrence Mohamed Benaïssa a répondu sans détour à toutes les questions. Cela dit, les questions se rapportant aux grands dossiers tels la question du Sahara marocain, les relations maroco-algériennes ou les relations maroco-espagnoles, une unanimité s'est dégagée quant aux orientations générales. Et puisque les questions de la défense sont du ressort du chef suprême des FAR qui est Sa Majesté le Roi, les députés ont unanimement demandé l'augmentation du budget de ce ministère dont la gestion nécessite beaucoup de moyens.
• Concernant la décision royale d'octroyer le droit, à titre exceptionnel, aux pêcheurs galiciens d'opérer dans la zone économique marocaine, quelles ont été les appréciations des députés ?
- Cette question n'a pas été discutée, puisque l'ordre du jour est bien établi et concerne la discussion du budget du ministère des affaires étrangères. Mais pour cette question, les députés ont eu la primeur de l'information, puisque le ministre nous en a fait part. Et bien entendu, cette nouvelle a été accueillie avec beaucoup de satisfaction et d'enthousiasme de la part des députés qui y ont vu une occasion de plus de normaliser les relations entre le Maroc et l'Espagne. En tout cas, c'est une décision royale que tous les députés de la commission ont applaudie.
• En ce qui concerne les relations maroco-espagnoles, quelles sont les données qui ont été présentées par le ministre des affaires étrangères ?
- Benaïssa a toujours prôné le dialogue serein et constructif avec les voisins du Maroc, qu'ils soient au Nord, à l'Est ou au Sud. Dans ce cadre, le ministre a confirmé sa détermination à œuvrer inlassablement pour que les relations maroco-espagnoles soient rétablies dans le sens qui préserverait les intérêts de chaque partie. De toutes les façons, avec nos voisins, la proximité géographique fait prévaloir tous ses droits. Et comme on dit, la géographie est têtue. Donc, à ce niveau, il nous a fait part de quelques interrogations qui subsistent. Et puisque, c'est un domaine qui reste relativement fermé, il faut que les négociations soient entourées de beaucoup de discrétion, le ministre ne déroge pas à la règle diplomatique.
• Où en sont les relations maroco-algériennes?
- Sur ce sujet, le ministre nous a fait un exposé assez général. Cela dit, Benaïssa s'est montré disposé à recevoir les membres de la commission pour discuter amplement du dossier. D'autant plus que les discussions des budgets ont presque monopolisé le temps. Mais là aussi, et même dans l'exposé général, les bonnes intentions du Maroc ont été soulignées.
• Avez-vous le sentiment que les députés peuvent aussi jouer un rôle sur le plan diplomatique ?
- C'est ce que je souhaite de tout cœur. D'ailleurs, nous avons déjà commencé à travailler dans ce sens en recevant un certain nombre de représentants accrédités dans notre pays. Nous allons essayer de dynamiser cette démarche, d'autant plus que les députés, qui sont les représentants de la nation, sont appelés à prendre en charge directement certains dossiers et les défendre dans les instances internationales ou avec les partenaires étrangers. Les députés peuvent faire prévaloir plus de liberté de manœuvre qu'un ministre. Il est clair que le rapprochement entre les parlementaires peut faire changer beaucoup de choses. Dans ce cadre, nous avons élaboré un certain nombre de projets que nous finaliserons au fur et à mesure. Mais, il est évident, que les députés marocains doivent s'investir davantage dans ce domaine à l'instar des députés des grandes nations démocratiques.


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