Elle est vraiment tombée au plus mauvais moment cette cinglante défaite essuyée du côté du cap-vert. On aspirait à une consolation si minime soit elle. Et c'est l'un de nos meilleurs clubs qui trouve le moyen de se faire ratatiner par un illustre inconnu «champion» d'un pays où le football est loin d'être roi. La dernière CAN n'a pas fini de susciter déploration, indignation et moult commentaires. Pour certains, le remède est tout trouvé : il suffit de zapper tous ces joueurs évoluant en d'autres championnats que le nôtre, ainsi que tout entraîneur qui ne soit pas «cadre national» pour ne faire confiance qu'aux enfants du terroir et aux techniciens du cru. On a même poussé le culot jusqu' à expliquer ce «manque de combativité» relevé par ces mêmes érudits du football par un «désintéressement des couleurs nationales». La bourde, la bêtise qui aura battu tous les records de la stupidité est venue de ce personnage qui se disait scandalisé parce que l'un des joueurs de l'équipe nationale «ne serait pas musulman». Ainsi le rapport football et Jihad est-il des plus étroits ! La même faute de pouvoir reprocher à l'entraîneur, qui de toutes les façons devait partir, ses choix tactiques ou ses erreurs techniques, et puisque ne comprenant au football que dalle, «un National» capable de chialer pour l'équipe plutôt que quelqu'un qui reste de marbre, et qui se défoule sur son seul chewing-gum. Devrait-on leur rappeler que le mal réside ailleurs ? Et justement cette défaite des FAR au Cap-Vert nous a fait très mal. C'est là une équipe dotée de moyens qui feraient envie à plus d'une formation à 100% professionnelle. C'est là une équipe qui a pu se doter des meilleurs joueurs à l'échelon national et qui, en plus s'est adjugé les services de l'un des entraîneurs du pays. Mais que peut-il bien faire le meilleur des entraîneurs ni le plus entreprenant des dirigeants quand l'amateurisme dans son sens le plus basique bat son plein? On en a eu un triste aperçu au match «aller» déjà. Les joueurs des FAR avaient tout pour eux. Le public, bien sûr, et même l'arbitre dirions-nous, concernant du moins ce premier but marqué sur un penalty très discutable. Mais il avait surtout pour eux un adversaire inexistant. Et au lieu d'alourdir la facture de se prémunir au mieux contre les aléas du match «retour», ils ont multiplié les excès et les ratages. Il y a même ce «Bassel» de joueur, qui pour un but hasardeux a exagérément manifesté sa joie pour abandonner par la suite de manière prématurée ses camarades, ou encore ce récidiviste de Kassimi qui rechigne à s'assagir malgré toutes ces années passées. Mais après tout, un 3/0 est largement suffisant pour toute équipe normalement constituée. Et qu'on ne charge pas la surface synthétique sur laquelle s'est déroulé le match «retour». Il y a bien d'autres choses qui soient artificielles. Et le jour où chacun, à quelque niveau de responsabilité que ce soit, se regardera bien en face, et que l'on s'arrêtera de s'auto-encenser tout en montrant l'autre du doigt, c'est à ce moment que le vrai changement pointera à l'horizon.