L'histoire remonte à un an presque dans un douar de la région d'El Hajeb. Un couple, marié depuis juste deux ans, reçoit la naissance d'un bébé comme une catastrophe. La mère prend un couteau et ouvre le petit ventre du bébé… Karima ne dépassait pas la vingtaine. Dynamique et attirante, elle noue une relation avec un jeune, un peu plus âgé qu'elle, mais ils s'entendaient à merveille au point que, d'une relation extraconjugale, Karima tombe enceinte. La grossesse progresse, le ventre apparaît et elle ne pouvait plus rien cacher, du moins à sa mère. De bouche-à-oreille, les habitants du douar ont su et n'ont pas tardé à lui coller toutes les étiquettes. Pourtant, la petite famille, dans son grand malheur, continue de protéger Karima tant bien que mal, jusqu'à l'accouchement. La jeune-mère célibataire n'a pas coupé court à ses relations avec son ami qu'elle suppliait à chaque rencontre de reconnaître l'enfant et de venir vivre avec elle chez ses parents. C'était chose faite : un acte de mariage a été conclu, l'enfant a été reconnu et Karima a eu un mari, comme toutes les mères du douar. Se rendant compte qu'elle vivait à l'étroit chez ses parents, elle a supplié des membres de sa famille qui l'ont autorisée à élire domicile chez eux dans un local assez isolé de leur lieu d'habitation. Le gîte est ainsi assuré, mais restait le couvert. Le mari, souffrant d'insuffisances rénales, était souvent alité. Karima, sans formation ni instruction aucune, devait faire face au monde des petites besognes. Elle est prise comme femme de ménage dans une société de services qui la payait moins que le SMIG. Malgré cela, elle arrivait à faire vivre le mari et l'enfant avec le peu qu'elle gagnait. Mais l'attrait de la vie quotidienne et la cherté des produits alimentaires de première nécessité constituaient un faible chez Karima qui a fini par tomber dans les filets des gentillesses et des largesses offertes par son supérieur direct, surtout qu'elle plaisait avec son assiduité, son sérieux dans le travail et par sa beauté remarquable. Le mari, même dans sa maladie, a remarqué les changements chez Karima : retards à rejoindre le domicile conjugal, maquillage, amélioration du revenu qui se traduisait par de nouveaux vêtements et une certaine exagération dans les dépenses. Il la suivait et lui tendait des pièges, mais en vain. Voyant que ses tentatives étaient vouées à l'échec, il essayait même de lui soutirer des aveux sous la torture. Karima gardait son sang froid en attendant que les choses se calment puis revoyait son amant. Mais sentant le danger l'approcher, elle a fui le domicile conjugal, le temps d'une semaine chez ses parents, pour revenir par la suite, convaincue cette fois-ci de l'ignorer et de poursuivre son aventure amoureuse. Le ton ne pouvait que monter de jour en jour face à la rage du mari qui était sûr que sa femme le trompait et la froideur de Karima qui ne ratait aucune occasion pour l'humilier, lui le chômeur, le malade, le mesquin qui tend la main à sa femme pour quelques sous… Ce jour-là, le mari isole sa femme dans la seule chambre qu'ils avaient, prend un gourdin et tente de lui fracasser la tête. La croyant morte, il a pris la fuite. Se réveillant de son étouffement, elle s'est emparée d'un couteau et a ouvert le ventre de son enfant qui ne dépassait pas encore les deux ans pour se venger de cette relation qui empestait sa vie, dit-elle au cours de ses interrogatoires. Karima a été condamnée, après instruction du dossier et son jugement par la Cour d'appel, à 25 ans d'emprisonnement ferme pour homicide volontaire (infanticide) et le mari à 2 ans de prison ferme pour coups et blessures.