Les troubles de l'apprentissage scolaire prennent diverses formes chez l'enfant, de la dyslexie à l'aphasie. Au-delà de l'approche classique, la psychanalyse offre un apport de taille à la résolution du problème. Elle cherche l'origine du trouble au niveau de l'inconscient et donne au langage sa vraie signifiance. Dans le cadre des cycles de conférences organisées par l'ecole supérieure de psychologie, le professeur Souad Hamdane a animé une conférence dont débat le 4 décembre dernier tournait autour de la problématique «des troubles de l'apprentissage scolaire». Selon Souad Hamdane, professeur en pédiatrie et psychanalyste à Casablanca, toutes les difficultés que peut rencontrer un enfant dans le processus d'apprentissage rentre dans le cadre de cette problématique. On peut citer comme exemple, les troubles instrumentaux, les troubles du comportement etc… L'approche du professeur Souad Hamdane veut aller au-delà du simple diagnostique du trouble organique. Pour la psychanalyste, le trouble de l'apprentissage n'est qu'un signal qui cache bien d'autre problèmes plus symboliques et inconscients. En effet, le premier apprentissage que fait l'enfant est celui de la langue, d'où l'intérêt qu'apporte la théorie de Lacan qui a travaillé sur le langage. La spécialiste de l'enfant défend une approche plus ouverte qui ne se limite pas à la correction du symptôme dans le cas de l'aphasie, mais une approche qui amène l'enfant à vivre avec sa différence et surmonter le problème de la maîtrise du langage qui reste une opération contraignante pour l'enfant. L'intérêt de l'approche psychanalytique est qu'elle ne se limite pas au symptôme des troubles de l'apprentissage, mais va au-delà pour détecter l'origine du trouble qui se situe au niveau de l'inconscient. Selon Assia Akesbi, psychologue et directrice de l'ecole supérieure de psychologie, même le trouble organique a une origine psychique, parfois le symptôme apparent n'est que le signal du problème latent qui se trouve au niveau de l'inconscient. Un problème encore plus grave Les troubles de l'apprentissage prennent diverses formes selon la spécificité sociale du milieu. Il va de l'enfant qui ne peut pas se séparer de sa maman à l'adolescent en révolte contre l'école et toute forme d'encadrement éducatif. La «phobie scolaire» ou «refus scolaire» prend de plus en plus d'autres formes avec l'évolution de la société. Selon une étude menée en France, le refus scolaire tourne autour de 2 % des enfants scolarisés en primaire et au collège. Les pics de fréquence se situent entre 5 et 7 ans, vers 11 ans (entrée au collège) et à partir de 14 ans. La survenue tardive du trouble est un facteur aggravant de même que sa prise en charge tardive. Le refus scolaire est souvent lié à des enfants qui ont souffert de troubles de l'apprentissage passés inaperçus faute de suivie psychopédagogique. La scolarité de ces enfants est marquée souvent par l'échec scolaire. Les préjugés sociaux dans notre société ne favorisent guère une solution, souvent ils sont taxés de cancres ou de vilains enfants bons pour apprendre un métier chez un mécano. Ce problème est encore plus compliqué vu que les parents ne sont pas bien armés pour détecter le trouble. Le dépistage du problème reste avant tout l'affaire des différents professionnels de l'éducation. Les médecins généralistes ont aussi un rôle de premier plan, puisque les enfants leur sont souvent adressés en première intention, mais faut-il qu'ils soient bien formés pour ca. Selon les spécialistes au Maroc, la phobie scolaire reste liée à des facteurs externes comme le changement d'établissement, incidents et harcèlement qui peuvent être des facteurs déclencheurs. Les manifestations des troubles du comportement comme le refus des ordres, vandalisme, agressions dans le milieu scolaire poussent souvent à d'absentéisme scolaire. Ce phénomène est fréquent davantage chez les adolescents, il est la première cause de l'échec scolaire au Maroc. l'apprentissage scolaire Les origines de l'echec Les Troubles spécifiques de l'apprentissage scolaire proviennent de plusieurs origines sensorielle, motrice ou mentale, d'un traumatisme ou d'un trouble du développement. Il y a d'autres facteurs d'origines culturelle, sociale, économique, pédagogique ou psychologique. Il existe un consensus pour réserver les termes de dysphasie (Trouble spécifique du langage oral), dyslexie (Trouble spécifique du langage écrit), dysorthographie et dyscalculie à la désignation de troubles primaires dont l'origine apparaît indépendante de l'environnement socioculturel et qui représente environ un quart des enfants en échec scolaire. Certaines difficultés d'apprentissage peuvent s'inscrire dans une psychopathologie avérée. La souffrance psychique chez les enfants atteints de troubles des apprentissages est souvent la conséquence, et non la cause, de leur échec scolaire.