Plans d'eau : Evènement majeur de la place, cet axe d'eau devient le prolongement de l'avenue Tarik Ibnou Ziad. Ce geste est un hymne à la mer, il anime la place par ses jets d'eau dessinant à son bout un long bassin à débordement effaçant les limites entre terre et eau. Pour en profiter les usagers pourront se reposer sur les longs parapets, promenades en terrasse plantées de lavande, plante symbolique de la ville dont le nom dérive de l'arabe Al Khozeima. L'écran végétal : Côté avenue Abdelkrim El Khattabi élargi afin d'absorber le flux de circulation, un boisé de chêne vert (arbres nobles de la flore méditerranéenne) nous dirige vers la Bachaouia. Ce cône vert absorbe les nuisances de la grande artère, en créant un espace ombragé agréable à déambuler. Le souk: Du côté de la banque du Maroc adossée à la nouvelle voie, se dessine un souk de structure légère dont la vocation est de promouvoir l'artisanat local et d'offrir quelques commerces de restauration afin d'animer la place. La scène : Sur le niveau le plus élevé de la place et dans le prolongement du souk, s'érige du calepinage la scène. Son emplacement offre un large champ visuel et optimise l'utilisation d'un grand espace continu. Le belvédère : Dans un souci d'ouverture totale au site, l'absence de garde corps marque la particularité de la place. L'usager peut contempler la mer de très loin. Un système de terrasses et rampes successives bordées de bancs accompagnent le visiteur dans sa descente vers la mer. Le belvédère s'ouvre sur un amphithéâtre épousant la topographie du site donnant accès à des terrasses de commerces et restaurants inscrits dans la falaise. Le jardin de la Bachaouia : Dans le prolongement du boisé de chêne vert, le jardin de la Bachaouia est une composition s'équilibrant dans une symétrie rendant le caractère institutionnel du bâtiment. Dans une réinterprétation d'un héritage andalou, une large allée, bordée de cyprès et traversée par des saguias, mène à l'entrée du futur musée de la ville. Calepinage : Le calepinage de pierre a été étudié de manière à accentuer le cône de vision vers la mer. Décliné sur quatre angles de la banque du Maroc à la résidence royale, la pierre est disposée transversalement dans une matrice agençant 10 tailles de pierre différentes produisant un effet aléatoire. La pierre choisie est une pierre de la région dont la couleur et la texture font écho aux rochers du site. La scène, les bancs, les poubelles, les grilles d'arbres, les avaloirs et les bornes seront traités comme éléments entièrement inscrits dans le calepinage. Les voies véhiculaires seront traitées avec une pierre plus foncée taillée en pavés de 20 cm par 20 cm dans la continuité de la place. La mise en place de bornes en bordure des voies contiendra le flux de véhicules hors de la place. Eclairage : Trois types d'éclairages ont été préconisés pour la place. Un éclairage d'ambiance à partir du sol par des spots éclairants les arbres et les parterres de plantes, l'éclairage des jets d'eau et du bassin, ainsi qu'un balisage au sol crée par un système de LEDs incrustés dans les joints du calepinage. Un éclairage pour les événements, assuré par la disposition de hauts mats à projecteurs. Un éclairage de sécurité pour les voiries soulignant par un alignement de lampadaires le terre-plein de l'avenue Abdelkrim El Khattabi et la rue adossée à la banque du Maroc. Al Hoceima, quelques aspects de l'Histoire Selon Abderrahim Droussi dans son ouvrage « Phénomène urbain dans le Rif central pré-colonial et naissance de la ville d'Al Hoceima », il est clair qu'après une existence de quelques siècles des deux villes historiques Nekor et Badis (du VIIIème au XV»me siècle), le Rif central est demeuré, jusqu'au début du xxème siècle, vide de toute ville ou implantation urbaine. Toutefois, l'avènement de la colonisation espagnole a donné naissance, dés 1926, à la ville d'Al Hoceïma et d'autres centres comme Targuist et Issaguene, dont le choix de leurs sites fut dicté très souvent par des raisons militaires et/ou stratégiques. Lors de sa création, Al Hoceïma s'est dotée d'un plan d'extension (en 1929) et a connu par la suite, une croissance démographique et spatiale considérable. Cela l'a qualifiée de devenir le centre et le siège d'administration, de contrôle et de commandement durant la période coloniale ainsi qu'après l'indépendance, jusqu'à nos jours. La pénétration romaine au Maroc se réduisait en gros aux plaines et collines inscrites dans un triangle, ayant pour base la ligne Salé ... Volubilis et pour sommet Tanger. La zone montagneuse du Rif et du Pays Jbala n'a pas connu, de ce fait, la colonisation romaine, sauf sur le littoral méditerranéen. A l'exception de la ville de Nekor, dont le site géographique demeure jusqu'à présent, un point de discussion entre les chercheurs, et Badis qui se situait sur la Méditerranée à l'ouest de la ville actuelle d'Al Hoceima à environ 40 km, on ne trouve aucune ville dans le Rif Central jusqu'au début du xxème siècle avec l'apparition de la ville d'Al Hoceima, malgré la tentative des français pendant le xvème siècle de créer un comptoir commercial et un centre urbain dans le site d'Ajdir. Villes pré-coloniales du rif central Le Rif Central, vivant traditionnellement en autarcie, entre dans l'histoire du Maroc vers le début du VIIIème siècle, avec la fondation par «SALEH», l'un des premiers conquérants musulmans dans le site d'Ajdir la ville de Nekor. Cette ville a connu un grand essor économique, elle fut l'un des points de rupture de change de la route de l'or, les métaux précieux y transitaient pour être ensuite acheminés vers l'Espagne. En outre, les écrits de l'époque font état de l'existence dans la plaine environnante de la ville de Nekor, d'une agriculture florissante, l'irrigation généralisée permettait la production de grandes variétés de fruits et légumes. D'après la monographie de la province d'Al Hoceïma, le partage du Royaume d'Idriss II entre ses héritiers attribuera le pays du Rif et la ville de Nekor à son fils Omar. Tandis que d'après Ibn Khaldoun32, la ville de Nekor fut fondée par Said Ben Idriss, fils d'Idrissi qui avait organisé son développement et ce n'est qu'à son époque que la ville de Nekor va devenir, pour la première fois, la capitale de l'Etat de Nekor au lieu de Boudkon qui se situait sur le littoral méditerranéen dans le territoire de la tribu de Tamsaman et qui est la capitale de ses prédécesseurs. Passé sous la coupe des califes de Cordoue, Nekor devient une principauté et malgré les attaques qu'a subies la ville de Nekor et la capitale politique du Royaume par les Européens venus de la mer, la ville n'a été détruite que par l'arrivée des Almoravides en 1084 sous l'autorité de Youssef Ben Tachfine. Quant au site géographique de la ville, J-F TROIN écrivait qu' «à une dizaine de kilomètres au sud-est de la ville actuelle, le site d' ljdir vint s'installer en l'an 709 dans la principauté indépendante de Nekor où se réfugièrent les derniers Idrissides qui en firent une capitale. La cité appartient à la fin du 8ème siècle, aux califes de Cordoue, puis fut détruite par Youssef Ben Tachfine vers 1084 ». Aux XIIème et XIIIème siècles, le centre de Badis, situé sur la côte méditerranéenne entre Tétouan et l'ancienne principauté de Nekor, prend la relève de celle-ci. Le grand essor de ce centre correspondait au règne des Almohades, c'est la période où les échanges commerciaux s'intensifiaient avec certains pays d'Europe. À la fin du XVme siècle, l'hégémonie maritime de l'Espagne s'étendra à Mélilla (1496) et Badis (1501). Source historique « PHENOMÈNE URBAIN DANS LE RIF CENTRAL PRE COLONIAL ET NAISSANCE DE LA VILLE D'AL HOCEÏMA » d'Abderrahim DROUSSI