À peine élu au poste de secrétaire général de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI), Ekmeleddin Ihsanoglu a lancé un vaste plan de réformes au sein de cette organisation. En début de semaine, il a effectué sa première visite officielle au Maroc, un pays qui compte trois importants organes subsidiaires de l'OCI. Pour la première fois depuis son élection à la tête de la prestigieuse Organisation de la Conférence Islamique (OCI), en janvier 2005, le professeur Ekmeleddin Ihsanoglu (Turquie) a effectué une visite officielle au Maroc de deux jours, les 26 et 27 juin. A cette occasion, le secrétaire général de l'OCI a rencontré le Premier ministre, Driss Jettou, le président de la Chambre des Représentants, Abdelouahed Radi ainsi que le ministre délégué aux Affaires étrangères, Taïeb Fassi-Fihri. «J'ai soulevé avec les responsables marocains plusieurs questions relatives non seulement à la gestion de l'OCI, mais également les grands évènements que connaît le monde islamique, notamment au Proche-Orient». Effectivement, l'un des chantiers majeurs lancés par Ekmeleddin Ihsanoglu est celui de la réforme complète de l'OCI. Cette réforme de l'Organisation de la Conférence Islamique consiste à la restructurer, envisager d'en changer le nom, d'en réviser la charte. A cet effet, il faut rappeler que le nom de l'OCI lui a été donné à la suite de l'organisation au Maroc d'une conférence appelée par les monarques défunts du Maroc et d'Arabie Saoudite, Hassan II et Faïçal. Ce fut en 1969. Trois ans plus tard l'OCI est née. «C'était dans un contexte de guerre froide, où deux blocs se confrontaient. Aujourd'hui, les choses ont changé. Nous sommes en pleine mondialisation», a déclaré Akmeleddin Ihsanoglu, lors d'une conférence de presse organisée à Casablanca, le 27 juin, au siège du Centre Islamique pour le Développement du Commerce (CIDC). La réforme de l'OCI permettra également de créer un organe de sages composé d'anciens secrétaires généraux de l'Organisation et autres hauts responsables des organes subsidiaires de l'Organisation. Ceci devra permettre au Secrétaire général de s'acquitter de sa charge et lui donner les ressources et la marge de manœuvre nécessaires à l'accomplissement de sa mission. Ihsanoglu prévoit ainsi de renforcer l'ensemble des organes spécialisés et institutions affiliées de l'OCI et de recommander éventuellement la dissolution de ceux dont l'inefficacité est avérée. «Nous sommes la deuxième plus grande organisation interétatique après l'ONU, avec 57 Etats membres, ceci doit nous mener à travailler comme tel», a souligné Ihsanoglu. C'est pour cette raison que la réforme de l'OCI envisage de mettre en place un mécanisme de suivi des résolutions en créant un organe exécutif composé des Troïkas (asiatiques, africaines et arabes) de la Conférence islamique au Sommet et de la Conférence Islamique des ministres des Affaires Etrangères, du pays siège (Arabie Saoudite) et du Secrétariat général de l'OCI , en veillant à inviter les Etats membres concernés aux délibérations desdites réunions. Par ailleurs, le SG de l'OCI souhaite renforcer et promouvoir le rôle du Fonds de Solidarité Islamique et de le soumettre à la Conférence des ministres des Affaires Etrangères. A ce titre, un travail d'envergure sera fourni pour redorer l'image de marque de l'Islam dans le monde et combattre l'islamophobie. Lors de sa visite au Maroc, le SG de l'OCI a rencontré les responsables et le personnel de trois organes de l'Organisation. L'ISESCO, dirigé par le docteur Abdulaziz Altwaïjri (Arabie Saoudite), Beït Mal Al Qods (émanation du Comité Al Qods) dont le nouveau directeur général est Abdelkabir M'daghri Alaoui (Maroc) et, enfin, le CIDC dirigé par Allal Rachdi (Maroc). Les deux premiers ont leur siège à Rabat. A noter que l'OCI a lancé en 2005, un programme d'action décennal pour faire face aux défis auxquels la Oummah islamique se trouve confrontée au XXIème siècle. A titre d'exemple, ce plan prévoit de porter le niveau des échanges entre Etats islamiques à 20% du volume global pendant la durée du plan.