Avec le démantèlement du monopole public de l'ONT et la suppression des situations de rente accordée par le système d'agréments devenus caduc, la libéralisation du transport routier de marchandises livre, plus que 4 ans après l'entrée en vigueur de la Loi portant réforme du secteur, un bilan globalement positif. Mais, résume Karim Ghellab, invité de marque de la Chambre britannique de Commerce, «si un énorme travail a été fait, la réforme est loin d'être achevée. Il reste encore beaucoup à faire». Si le Maroc est apte au changement, c'est bien grâce au bouleversement des vieilles habitudes, des structures mentales conservatrices et des avantages rentiers, qui ont été mis à rude épreuve par une réforme sectorielle qualifiée d'audacieuse, menée avec beaucoup de détermination et de persévérance, par un ministre istiqlalien non moins courageux et «jusqu'auboutiste». C'est que la sortie du technopolitique du gouvernement Jettou, le mercredi 27 juin à Casablanca, sur invitation de nos partenaires britanniques de la Chambre professionnelle en charge du Commerce, très attendue au demeurant, a provoqué son onde de choc en réussissant à séduire et convaincre les plus sceptiques des opérateurs nationaux et étrangers. Dossier maîtrisé au pied levé, réponses systématiques à toutes les questions, vision globale de la réforme des transports dans ses synergies avec les autres évolutions sectorielles, à l'instar du transport maritime des services portuaires et de la chaîne logistique, sans l'ombre d'un doute, Karim Ghellab a su mettre tout son monde d'accord, Fédérations professionnelles, à l'instar de l'AMITH et FNTR, représentant le secteur routier en question, qui ont trouvé réponse à toutes leurs interrogations. Sans oublier, naturellement, nos partenaires britanniques, pourtant «avares» en éloges et impénétrables aux flatteries protocolaires, qui ont délivré un satisfecit non dépourvu d'estime et d'admiration, à l'adresse d'un des plus compétents ministres que l'histoire du Maroc indépendant, n'ait jamais produit jusqu'ici. Et c'est le président de la Chambre britannique du Commerce, qui ouvrit ce registre, sachant bien que de nombreux sous-traitants marocains sont liés à des sociétés anglaises, particulièrement dans la branche Textile-Cuir et que les échanges entre les deux pays, boostés avec l'avènement de l'accord multifibres, endurent un parcours complexe en termes de transport et de logistique. Et c'est son président, Barry March, dans une langue parfaite de Shakespeare, qui insista sur tout l'intérêt de ce débat sur un secteur revêtant pour l'économie extérieure de la Grande-Bretagne avec le Maroc, une dimension stratégique. Attitude admirative En écho, le «chérubin» du gouvernement rassura rapidement ses partenaires et les opérateurs exportateurs britanniques, en expliquant que «démarches communes devront être engagées au niveau des Commissions mixtes, dans le cadre de la coopération bilatérale, pour lever certaines difficultés essentiellement liées aux contraintes imposées par les procédures d'autorisation préalables, auxquelles doivent se conformer les transports anglais à destination du Maroc». Dans la foulée, Jean-Luc Rizzo de l'Agence Clé Etudes et éditeur de la Revue de la Chambre britannique, satisfait de constater que le ministre Ghellab est devenu «un habitué de la Chambre», a tenu à saluer, avec force, «un jeune ministre compétent, dynamique, intègre», en ajoutant que «nous apprécions énormément les qualités, les aptitudes, le courage et le sens de l'intérêt général», dont fait montre le titulaire du département de l'Equipement et du Transport. Non sans se marquer une attitude admirative à l'égard d'un ministre «dont les réformes dérangent», en remettant en cause des positions rentières. Entrant en lice à son tour, le conférencier animateur de la journée, après avoir retracé le contexte général caractérisé par l'extension et la modernisation des grands chantiers d'infrastructures, a mis l'accent sur la mise en œuvre d'une dynamique de libéralisation des Transports, tous modes confondus, dans le Royaume. «Le Royaume a enclenché une vision globale de la réforme du secteur des Transports avec, au premier plan, le transport routier fret», dont la part de marché est substantielle en acheminant 75% des flux de marchandises. En ajoutant, aussitôt, que «cette vision de réforme tend, également, à tirer le maximum de profit dans le cadre du libre-échange en vigueur, dont les accords ont été noués par le Maroc avec l'Europe, les Etats-Unis, la Turquie et certains pays arabes. Cette dynamique vise à assurer les meilleures conditions de délai, de sécurité, de coûts et de transport au mouvement transfrontalier des flux de marchandises. Les acquis de la refonte du fret routier sont multiples. D'abord, le démantèlement du monopole d'Etat accaparé par l'ex-ONT. Ensuite, la suppression des avantages «indus» car, précisa le ministre, «nous avons réussi à supprimer les agréments dans le domaine du transport routier de marchandises». Au bilan de l'application de la loi entrée en vigueur en mars 2003, plus de 7280 nouvelles sociétés de transport ont été créées, générant entre 12 000 et 13 000 emplois, sur un parc totalisant plus de 20 000 entreprises actives dans le frêt routier. Et 40% des dirigeants des nouvelles entités créées, sont des cadres supérieurs et des professionnels hautement qualifiés. L'état des lieux montre, aussi, que 30 830 camions opèrent pour le compte d'autrui tandis que 28 700 autres roulent pour «compte propre». Ghellab a mis, aussi, l'accent, sur l'émergence de nouveaux métiers dont 91 commissionnaires et 16 loueurs. Les objectifs du contrat-programme 2003-2006 avec les partenaires professionnels ont été atteints. Code de la route Consensus et lutte contre la corruption Pour mettre un terme aux rumeurs faisant état d'un renchérissement des tarifs de traversée maritimes pour les autocars, le ministre de l'Equipement et du Transport persiste et signe : «après vérification, je puis vous garantir qu'il n'y a aucune majoration des tarifs de traversée maritime». Et en réaction aux rumeurs de grève probable sur le projet du code de la route, Karim Ghellab s'est montré tranchant et confiant : «les négociations avec les professionnels et les syndicats ont abouti à un consensus définitif sur la mouture finale du nouveau texte de loi et tout risque de grève est à écarter». Réagissant à la problématique de la corruption sur les routes, suite aux nombreuses plaintes des conducteurs, le ministre a expliqué, que «Le nouveau code de la route, est un des instruments les plus efficaces pour réduire la corruption. Et la modernisation des équipements mis en place en garantit les résultats», en illustrant ces propos par le recours aux balances automatiques pour le contrôle des surcharges, en signalant que sept stations fixes sont en voie d'implantation dans les principaux points du réseau routier national. L'autre exemple anti-corruption cité par le ministre, intéresse l'utilisation des radars qui jouent un rôle dissuasif et les recours des plaignants aux tribunaux dans un Etat de droit en pleine émergence. Au sujet du transport maritime, il a été précisé que juillet 2007, sera le dernier mois pour finaliser le démantèlement devant déboucher sur la normalisation de l'ouverture de nouvelles lignes maritimes.