Rachid Ghoulam est un adepte du Cheikh Yassine, qui est lui un adepte d'un mode de vision extraordinaire. On en a déjà parlé et je ne devrais pas en rajouter. Seulement voilà : Ghoulam est un Mounchid, une sorte de chanteur fort spirituel qu'il est devenu l'aède de la Jamâa ! Fichtre : le bonhomme est accusé d'adultère ! Apparemment, la brigade des mœurs à El Jadida ne s'est pas laissée attendrir par les roucoulements du Mounchid et puisqu'elle est fidèle, elle, à la «maison», Ghoulam a été déféré devant le tribunal, et a même été condamné à un mois de prison ferme. Clémente, la justice? En fait, la femme, celle de Ghoulam, lui a pardonné et donc, le juge devait en tenir compte ! Pourvu que l'accusé fasse de même. Pour l'instant, c'est le Cheikh Yassine qui cède à ses passions verbales: dans une lettre dont seul le Guide en connaît le secret, il qualifie son rossignol de Ghoulam de «Moujahid de Nagham». Littéralement : Un Moujahid du chant ! Pauvre Pavarotti ! Jean Paul II a quitté ce monde sans le béatifier et le gratifier d'un «Croisé de la voix» ! Il aurait dû réfléchir à une escapade amoureuse extraconjugale pour mériter la bénédiction du Pape : espérons qu'il aura plus de chance avec l'actuel souverain pontife ! Le Pape Benoît XVI aurait-il le culot de le désigner Chevalier de l'Opéra ? De toute manière, voilà une invention à mettre sur le compte du Cheikh Yassine, qui plus est, a toujours excellé dans ce genre d'exercice. Un beau tableau, en somme, auquel il faut ajouter ce qualificatif de «Sein» guerrier ! Tiens, cela me rappelle un autre guerrier : le chevalier de Saint George ! Qu'est-ce qu'ils ont en commun ? Vous connaissez les talents de Ghoulam, lisez donc un concentré de ceux de Saint George : «escrimeur, danseur, séducteur, et surtout violoniste, et compositeur, le chevalier accueillait des centaines de spectateurs plusieurs soirs par semaine». Alors vous n'y êtes pas encore ? Moi, si : les dizaines de fidèles de la Jamâa en train de dodeliner devant les chants de Ghoulam! Vous en voulez encore sur Saint George ? En voilà encore : «ses opéras connaissent un indéniable succès populaire à la Comédie italienne, ses qualités de chef sont telles que ses orchestres sont alors considérés comme les meilleurs d'Europe». De là à le nommer Moujahid du Chant, il y a un pas, qu'il nous a fallu attendre deux siècles pour que le cheikh le fasse ! Ce que les Marocains sont patients ! Une question pour finir : c'est pour quand un guerrier sain d'esprit ?