Déontologie La chirurgie esthétique est le «parent pauvre» de la médecine chirurgicale. Mal aimé par ses confrères,le chirurgien est envié pour la «rondeur» de ses revenus et souvent critiqué pour son manque d'objectivité. Fahd Benslimane, professionnel de la chirurgie esthétique et réparatrice, nous parle de son métier. Loin de l'idée stéréotypée de monsieur ou madame tout le monde, la chirurgie esthétique n'a pas pour but de rendre les gens « beaux». Elle est destinée à aider les gens, qui se sentent «mal dans leur peau», à mieux s'accepter. A priori, l'idée que se ferait une femme qui désire rajeunir pour récupérer son mari, qui apparemment se sent bien dans les bras de sa maîtresse, est fausse. Une intervention dans ce sens est contre-nature et anti-éthique. Elle encouragerait la patiente à nourrir de faux espoirs. La chirurgie esthétique permet d'alléger la souffrance physique et psychologique du patient. Cette souffrance est souvent difficile à cerner par les non initiés. Le cas d'une dame trop ronde qui subit quotidiennement les remarques déplacées de son entourage. A force de vivre ce calvaire, cette dame a une forte envie de maigrir. Autre cas, celui d'une femme n'ayant presque pas de poitrine. Elle est confrontée au risque de perdre son identité de femme en l'absence de ce principal attribut de féminité. Le cas d'un jeune de 25 ans, chauve de surcroît. Ce handicap le fait sentir vieux et détruit sa confiance en soi. Plusieurs études ont prouvé qu'après l'implantation de cheveux à des personnes atteintes de calvitie, celles-ci se sentent immédiatement mieux et reprennent confiance en elles-mêmes que ce soit sur le plan professionnel ou affectif. Toutefois, en prenant en considération la sensibilité de son métier, le chirurgien doit agir dans un cadre éthique bien défini : ‡ Le patient doit prendre conscience de son défaut ‡ La décision de consulter un chirurgien esthétique ne doit pas être influencée par ce dernier ‡ Le chirurgien doit s'assurer que le patient est psychologiquement stable et n'agit pas suite à un choc émotionnel ‡ Le chirurgien aura à trouver, en commun accord avec le patient, une solution chirurgicale qui puisse satisfaire les deux parties. Ceci étant, pour réussir dans son métier, le chirurgien esthétique doit avoir plusieurs acquis et développer certaines qualités. La formation technique arrive en pole position. Considéré comme un métier très rentable, cette spécialité connaît un engouement très particulier. Il n'en demeure pas moins que c'est une discipline très compliquée. Pour exercer, le praticien doit maîtriser les composantes de l'ensemble du corps. D'ailleurs, les cas de complications dues à cette non-maîtrise ne manquent pas (perforations de veines, paralysie faciale…) La cause est que le praticien aborde la chirurgie uniquement sous l'angle esthétique et ignore le côté chirurgical ( au lieu de prendre une partie du corps dans son ensemble ( nerfs, muscles…), il ne prend en considération que le côté esthétique, d'où le risque d'endommager des artères, veines, muscles…). La communication est le second atout. A titre d'exemple, le cas d'une dame qui se présente pour éliminer une imperfection superflue (petite bosse sur le nez, rides autour des yeux…). Le praticien doit convaincre son patient de l'inutilité de l'intervention. Dans le cas contraire, il ira voir ailleurs. Autre qualité que doit développer le chirurgien esthétique : la franchise. La déontologie veut que le patient soit au courant de tous les risques qu'il encourt. C'est au patient de décider par la suite, en pesant le pour (gratification de se voir autrement) et le contre ( exclusion sociale pendant plusieurs semaines, coût élevé, risques de complication, cicatrices…), de la faisabilité de l'opération. Quant aux risques qu'encourt le chirurgien esthétique en cas de complication ( à peu près 1 % des cas), il est plutôt maîtrisé. Le parquet désigne un expert qui détermine les causes de la complication. Toutefois, le juge prend en considération le fait que toute opération chirurgicale comporte un risque et que c'est le patient qui a donné son accord pour l'exécution de l'opération. Ceci étant, pour mieux protéger les «arrières» du médecin, la pratique du consentement éclairé doit être instaurée. Il s'agit d'un document que signe le patient et qui stipule qu'il a pris connaissance de tous les risques que comporte l'intervention chirurgicale. Ceci étant dit, qui va protéger les «arrières» du patient ?