Une personne sur cinq dans la population générale souffre de l'allergie. Notre organisme est protégé du milieu extérieur par la peau et les muqueuses respiratoires et digestives (l'intérieur de la bouche ou l'anus par exemple. La peau et les muqueuses sont des interfaces ou barrières qui vont faire exprimer les allergies de façon appropriée et différente d'une personne à l'autre. L'allergie peut être exprimée par notre organisme par 3 voies : cutanée, respiratoire et digestive. La peau : La barrière cutanée ou notre peau mesure 2mètres carrés, pour un adulte de 70 kg. Elle dispose de plusieurs moyens de protection par sa flore microbienne qui va dégrader et détruire les substances agressives chimiques ou autres qui viennent à son contact. Mais attention, notre peau doit être ménagée par une utilisation optimale et prudente des produits antiseptiques et détergents. Les secrétions sébacées qui donnent à la peau son aspect luisant et une sensation légèrement grasse (secrétions produites par les glandes pilo-sébacées) constituent également un film protecteur qui va détruire les particules en suspension dans l'air qui viendraient au contact de la peau et seraient éliminées grâce au phénomène de renouvellement de la peau. Des cellules spéciales (cellules immunitaires appelées cellules de Langherans)sont présentes dans la peau et représentent 2 à 4% des cellules cutanées. Elles sont primordiales pour l'allergie cutanée car ce sont elles qui vont, comme un messager, présenter les antigènes ou substances agressives à d'autres cellules spécialisées, qui vont produire les anticorps. Par la peau : nous touchons une plante, nous mettons un tissu synthétique ou colorié, nous nous lavons avec un savon irritant ou nous mettons un parfum etc.. des réactions locales peuvent survenir et traduire une allergie. Les muqueuses : les muqueuses respiratoires et digestives par leurs sécrétion exercent un rôle important dans la protection contre l'allergie alimentaire, respiratoire ou oculaire… Par la voie respiratoire nous inhalons le pollen des fleurs (le printemps est une période élective par la fréquence des poussées allergiques), nous sommes victime de la pollution atmosphérique, nous respirons les poussières de maison qui contiennent des acariens et des moisissures etc.. Par la voie digestive,nous pouvons être allergiques aux crustacés et fruits de mer (crevettes) aux colorants alimentaires, à d'autres produits comme les arachides ou encore à des produits chimiques dont les médicaments comme l'aspirine, la pénicilline ou les sulfamides… Comment se manifeste l'allergie ? La réaction peut être polymorphe: démangeaisons, irritation gastrique, toux ou petite gêne respiratoire. Mais quand il, s'agit de réaction vraiment allergique ce sera : un eczéma,un urticaire, un œdème ou enflure au niveau des lèvres, des paupières ou de la gorge, ou une réaction plus grave,se traduisant par une difficulté à avaler (dysphagie), des douleurs abdominales avec une diarrhée et des vomissements, une rhinite avec éternuements, écoulement nasal et nez bouché à cause de la congestion qui en découle. Au niveau des yeux c'est une conjonctivite avec irritation, démangeaisons et larmoiements avec des yeux rouges. Au niveau pulmonaire c'est un asthme avec difficulté respiratoire, toux, essoufflement et sifflement. Ces troubles, qui ne sont pas nécessairement présents en même temps, peuvent parfois être fatals, si un traitement immédiat n'est pas entrepris. C'est le cas de l'anaphylaxie : réaction aiguë d'hypersensibilité due à l'exposition à un agent allergisant. La réaction peut se traduire par un urticaire à progression rapide, une détresse respiratoire, un effondrement de pression vasculaire, suivis d'un état de ensuite choc, et de mort. Quel est le mécanisme de l'allergie et quelles sont les bases de l'immunologie, cette science de l'immunité ? Tout d'abord l'immunité est l'ensemble des mécanismes biologiques qui permettent à notre organisme de reconnaître et d'accepter ce qui lui est propre et qui rentre dans sa constitution et de reconnaître et rejeter ce qui lui est étranger (substances étrangères et agents infectieux qui l'agressent). Les réactions allergiques sont de deux types : des allergies immédiates et des allergies retardées. L'hypersensibilité immédiate est la plus fréquente. Elle se fait en deux temps. Lors d'un premier contact avec l'allergène ou antigène ou substance chimique qui nous agresse (pollen, poil, acarien…) notre organisme réagit en produisant des anticorps particuliers qui sont des protéines. Marqués par ce contact ils vont reconnaître le même antigène à chaque fois qu'ils le rencontrent. En d'autres termes, au contact suivant avec le même allergène l'anticorps supporté par des cellules spéciales va faire libérer des facteurs inflammatoires comme l'histamine. C'est le cas au niveau de la muqueuse nasale où un nouveau contact provoque écoulement nasal, picotements, éternuements, larmoiements et une perte momentanée de l'odorat. L'hypersensibilité retardée : contrairement à l'allergie immédiate, l'hypersensibilité retardée ne fait pas intervenir d'anticorps. Elle correspond à la dermite ou l'eczéma de contact. Ici également le mécanisme se fait en 2 temps. Lors d'une première exposition, l'allergène traverse la peau et se fixe sur les cellules immunitaires spéciales (cellules de Langherans citées plus haut). Ces cellules qui repèrent l'allergène, migrent alors vers les ganglions lymphatiques où elles "présentent" l'allergène à d' autres cellules (lymphocytes T CD4+). Lors du deuxième contact avec l'allergène, les cellules de Langerhans migrent vers les lymphocytes désormais activés. Les lymphocytes affluent vers la zone d'allergie et y créent des lésions de la peau, qui ne sont visibles que 48 à 72 heures après le contact avec l'allergène. On parle ainsi d'allergie retardée. Que faut–il faire ? Le rôle des interfaces de contact étant capital, les mesures d'hygiène sont à la base de la prévention des allergies : il faut éviter des applications intempestives des produits de lavage, ne pas appliquer de détergents ni sur la peau ni sur les muqueuses, ne pas abuser des antiseptiques ni appliquer n'importe quelle pommade sans prescription médicale, car seul votre médecin traitant possède la clef pour une bonne approche analytique des symptômes, un bon diagnostic et une bonne prise en charge de votre allergie.