Depuis 25 ans, c'est la première fois que le Crédit agricole du Maroc (CAM) noue avec les bénéfices. Au premier semestre 2006, il dégage un résultat net positif de 97 millions de dhs. Cet exploit est à mettre à l'actif de la nouvelle stratégie mise en place par la nouvelle direction. Le CAM sera prêt pour la bourse dès 2008. Le premier semestre de l'année a répondu aux attentes du Crédit Agricole du Maroc (CAM). C'est le cas, par exemple, des performances réalisées au niveau des dépôts. La banque a vu ses ressources clientèles croître de + 7 % par rapport à la même période que l'année 2005 pour atteindre en juin de l'année en cours 28.581 millions de dirhams. À la fin du mois d'août dernier, ce montant a atteint 29,5 milliards de dirhams. "À mi-chemin de notre plan stratégique cap 2008, le Crédit Agricole du Maroc est en phase avec ses objectifs de croissance et des résultats", souligne Tarik Sijilmassi, président du directoire du crédit Agricole du Maroc. Cet accroissement des ressources s'explique par une transformation du mode de financement de la banque. La politique mise en avant depuis 1999-2000 consiste à rembourser par anticipation. "Nous avons remboursé en 2004 plus de 1 milliard de dirhams à la Banque Mondiale. Il ne reste plus qu'une ligne de crédit de 1,2 milliard de dirhams à éponger", poursuit le patron du Crédit Agricole du Maroc. Et d'ajouter : "notre banque n'est plus exposée à un problème de risque de change". Cette nouvelle politique qu'adopte la banque du monde agricole a permis aussi de faire disparaître les bons CNCA. C'est 1 % qui est prélevé sur les ressources des autres banques payables à 4,5 % ; ce qui est cher. Cet effort a permis de passer de 4,25 % à 3 %, occasionnant ainsi un gain de 1 point du taux d'intérêt. Cela a permis de dégager 45 millions de dirhams de résultat supplémentaire. "Ce sont des mesures qui se traduisent par des économies substantielles. On a demandé aux pouvoirs publics que les bons CNCA ne soient plus inscrits pour que les ressources de la banque soient exclusivement clientèles", a indiqué Tarik Sijilmassi. En matière de crédit, la stratégie du Crédit Agricole du Maroc se fait par le respect du privilège du moindre coût. "La politique du crédit cher, c'est ce qui amène les mauvais clients qui ne peuvent pas se financer ailleurs", souligne Tarik Sijilmassi. Ainsi, le CAM a décidé de réviser à la baisse des taux d'intérêts appliqués aux crédits à l'agriculture. Cette baisse rentre en application au début de la campagne agricole 2006-2007. Le taux d'intérêt hors TVA des crédits de fonctionnement (court terme) est à 5 %. Celui, hors TVA, appliqué aux crédits d'investissement moyen terme, inférieur ou égal à 7 ans, est de 5,5 %. Cette mesure concerne exclusivement les crédits à l'agriculture et l'élevage. En sont exclus les crédits à l'agriculture dont la durée dépasse 7 ans, toutes les catégories de crédits commerciaux et les projets agro-industriels. La diminution du coût des ressources a l'avantage de créer des conditions saines du côté emplois. Ainsi, l'encours des crédits sains à la clientèle s'est élevé à 19,8 milliards de dirhams, en augmentation de 900 millions de dirhams par rapport à fin 2005. Quant aux créances en souffrance, elles ont été réduites de 335 millions de dirhams. À cet égard, la banque du monde agricole a arrêté trois points essentiels. D'abord, il faut cesser de produire des créances en souffrance. Ensuite, les normes de provisionnement doivent être respectées. Enfin, la banque doit être consciente de ses erreurs du passé. C'est notamment le cas des cumuls d'agios sur des dizaines d'années à des taux prohibitifs de 14 à 15 % avec 2 % de pénalité de retard de paiement. Tout cet effort, l'amélioration du RBE de 323 millions de dhs, l'assainissement des créances en souffrance, a permis au Crédit Agricole du Maroc de dégager pour la première fois de son histoire un résultat net positif de 97 millions de dirhams au 30 juin 2006. Ceci dit, le lancement du CAP 2008 social du CAM traduit une volonté affirmée de promouvoir les ressources humaines de la banque. "L'ambition de cette réflexion est d'élever le sens de la responsabilité, reconnaître l'effort de chacun, récompenser le mérite et mobiliser toutes les énergies", souligne le patron du CAM.